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L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre Mondiale

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Par   •  29 Décembre 2018  •  Cours  •  2 791 Mots (12 Pages)  •  796 Vues

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L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France.

Introduction :        Histoire et Mémoire  (manuel p.20-21)

Document support :        Fiche distribuée.

Histoire : science humaine qui travaille à partir de sources croisées faisant l'objet d'un travail critique. L'Histoire est un rapport le plus objectif possible au passé. Elle est portée par les Historiens.

Mémoire : Souvenir d'un événement passé, avec ce que cela comporte d'oublis, de confusions, d'ajouts, d'emphase, d'affectif etc. La mémoire est un rapport subjectif au passé. La mémoire peut être individuelle ou collective. Elle est portée par les témoins de l'époque, les associations, les médias, les politiques, l'Etat.

L'Histoire utilise la mémoire comme source orale. La mémoire peut stimuler l'Histoire, notamment pour les questions « sensibles » (Shoah). L'Histoire peut parfois interférer avec les mémoires individuelles et collectives et même les contredire (ex pour qualification génocide).

L'Histoire des Mémoires : montre l'évolution des représentations qu'un groupe se fait de son passé.

Devoir de mémoire : expression apparue dans les 90's, à propos de la 2eGM, idée d'un obligation morale de se souvenir d'un événement traumatique afin de rendre hommage aux victimes (= « plus jamais ça »). « Devoir » contesté par les historiens car souvent soumis à des pressions médiatiques et politiques. Politiques considèrent qu'une vision commune du passé, patrimonialisée, aide à consolider la société, d'où des cérémonies de la mémoire : commémorations, construction de mémoriaux, plaques, cérémonies (=politiques de la mémoire). L'école peut également être le relais des différentes politiques mémorielles, cf 2007 lecture obligatoire de la lettre de Guy Moquet.

Le devoir de mémoire participe d'une nouvelle tendance, la logique victimaire de la mémoire : c'est en tant que victimes de l'histoire que certains groupes porteurs de mémoire veulent être reconnus (Juifs déportés). Dès lors on assiste à une concurrence entre les mémoires, certains groupes estimant que leur sort n'est pas reconnu à la hauteur de celui des autres (ex génocide). Certains groupes se sentent lésés par le manque de reconnaissance officielle (Harkis, Tziganes). Les programmes d'Histoire sont régulièrement attaqués en fonction de la place qu'ils accordent, ou pas, à la mémoire de différents groupes. La loi se mêle également de plus en plus de l'Histoire, au nom de l'Histoire (cf Lois mémorielles, in poly). De nombreux historiens réclament la non intervention du Parlement dans l'écriture de l'Histoire, au nom de la liberté de recherche qui pourrait être entravée par une histoire officielle.

En Italie, face à la fronde des historiens (Giovanni Levi, Carlo Ginzburg), le gouvernement Prodi a fini par renoncer à introduire dans le code pénal le délit de négationnisme de la Shoah : le texte adopté en conseil des ministres se contente de prévoir des peines de prison pour « quiconque diffuserait de quelque manière des idées fondées sur la supériorité ou la haine raciales ou ethniques, ou encore inciterait à commettre ou commettrait des actes de discrimination ». https://chrhc.revues.org/595

I        Une mémoire complexe (1945-60's)

Problématique :        Comment les mémoires du conflit deviennent-elles un enjeu politique ?

A – L'hégémonie du résistancialisme ou le mythe d'une France unanimement résistante.

Résistancialisme, mythe d'une France unanimement résistante (concept défini par l’historien Henri Rousso).

Au sortir de la guerre et- jusque dans les années 60, la France est le plus souvent présentée comme quasi unanimement résistante. Les politiques, le cinéma, tout concourt à diffuser cette image d’un pays uni dans la Résistance contre l’ennemi allemand.

Pourquoi ?

A la Libération le gral de Gaulle  déclare le régime de Vichy (fin officielle du régime 20 août 1944) fut toujours et demeure « illégitime, nul et non avenu » et doit faire face à deux urgences :

Priorité 1 : Convaincre Roosevelt de renoncer à mettre la France sous tutelle militaire de l'AMGOT (Allied Military Government of Occupied Territories). Ordonnance du 9 août 1944 du GPRF « la forme du gouvernement de la France est et demeure la République. En droit, celle-ci n'a jamais cessé d'exister ». Il refuse dès lors de proclamer le rétablissement de la République et assume de plein droit les responsabilités du nouveau gouvernement. Il s’agit de ne pas se voir confisquer la souveraineté et de faire admettre la France au rang des pays vainqueurs : la participation aux faits de résistance est très nettement mise en avant dans ce but.

Priorité 2 : Rétablir l'unité nationale. Pour cela il faut faire oublier la défaite de 1940 et les compromissions de la Collaboration. Après une rapide épuration (d'abord sauvage – lampistes – puis officielle avec procès des principaux responsables.  L'épuration sauvage menée par les résistants de la dernière heure a fait près de 10000 victimes. L'épuration légale juge 125000 Français dont 75% sont condamnés, 1536 exécutions, dont Pierre Laval le 15 octobre 1945, le maréchal Pétain gracié par De Gaulle, 44000 peines de prison ou de travaux forcés et 50000 peines d’indignité nationale), il faut tourner rapidement la page : l'épuration par le haut doit permettre de «mettre fin à l’affrontement entre deux fractions de la nation à l’heure d’une reconstruction qui nécessite toutes les énergies», De Gaulle. Ce choix est confirmé par un sondage de juin 1944 dans lequel 28% des Français sont pour la répression et 60% pour un retour au calme. L'Épuration reste dans les mémoires comme un moment particulièrement douloureux, qu'elle soit jugée excessive ou insuffisante. On préfère donc oublier la Collaboration au profit de la Résistance pour éviter un climat de guerre civile.

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