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L'historien Et Les mémoires De La Seconde Guerre Mondiale

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Par   •  10 Décembre 2014  •  1 323 Mots (6 Pages)  •  1 357 Vues

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L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France

La Seconde Guerre mondiale a constitué un temps d'épreuves pour la France : défaite de 1940, occupation allemande, régime de Vichy et collaboration avec l'Allemagne, participation à la politique génocidaire des nazis. C'est aussi une période où des Français ont combattu pour les valeurs de liberté et de démocratie : le général de Gaulle et tous les combattants français au côté des Alliés et dans la Résistance. La mémoire de cette époque troublée est complexe. Le travail des historiens consiste donc à mieux comprendre comment s'organisent ces mémoires, tant individuelles que collectives.

Comment les historiens ont-ils contribué à la mémoire de la Seconde Guerre mondiale en France ?

1. Le temps des mémoires officielles (de 1945 aux années 1970)

Du lendemain de la guerre jusqu'aux années 1970, la mémoire de la Seconde Guerre mondiale est liée au pouvoir et aux engagements politiques. La plupart des historiens, qui ne disposent pas encore de toutes les sources historiques, appuient ces thèses

La France combattante : une lecture gaulliste de la guerre

• Une période refoulée

En 1945, la plupart des Français souhaite oublier les difficultés liées à l'Occupation. Après la période d'épuration (10 000 morts), la question de la mémoire et des responsabilités est rapidement remplacée par l'urgence de la reconstruction. Des lois d'amnistie sont votées dès 1947. En 1953, l'une d'entre elles vise les Alsaciens enrôlés de force dans l'armée allemande (les « malgré-nous ») qui ont participé au massacre de 642 civils à Oradour-sur-Glane en 1944.

• Une lecture officielle

Le général de Gaulle, qui est au pouvoir jusqu'en 1946 puis à nouveau à partir de 1958, et dont l'influence reste prépondérante, donne une lecture de la guerre qui est admise par la plupart des partis de la droite et du centre. Selon cette lecture, le régime de Vichy est une parenthèse dans l'histoire de la République. La France libre a combattu du côté des Alliés et contribué, avec la Résistance intérieure, à la libération du pays.

• Des lieux de mémoire officiels

Des lieux de mémoire sont constitués. Au mont Valérien, un imposant mémorial est édifié en 1960 pour commémorer les otages qui y furent fusillés.

La mémoire communiste : une lecture partisane

• La construction d'une mémoire communiste

Contre cette mémoire gaulliste, une autre mémoire se constitue, celle du Parti communiste français. Ce dernier s'autoproclame « parti des 75 000 fusillés », chiffre manifestement faux, mais alors invérifiable par les historiens (qui ont conclu ensuite à un total de 10 000 fusillés, communistes ou non). Des héros communistes résistants sont valorisés.

• Une mémoire instrumentalisée

Le PCF cherche à faire oublier qu'il n'entre en Résistance que lorsqu'Hitler attaque l'URSS en 1941 et à attirer à lui davantage de voix.

L'occultation des déchirures

• Les difficultés à comprendre et reconnaître le génocide

Face à ces mémoires officielles, les anciens déportés ne sont pas pris en compte comme victimes d'une politique de génocide. La déportation est vue comme un tout, certes abominable, mais dans lequel la volonté d'extermination de certains groupes d'hommes (juifs, tziganes, homosexuels) n'apparaît pas spécifiquement. Le premier film sur le sujet, Nuit et Brouillard, réalisé en 1955, s'inscrit dans cette logique, même s'il a l'immense mérite de diffuser auprès du grand public l'univers concentrationnaire. Par ailleurs, le rôle des autorités françaises dans la déportation est censuré dans le film.

• Des lectures orientées du régime de Vichy

Dès le début des années 1950, certains intellectuels tentent de minimiser le rôle du régime de Vichy et de réhabiliter le maréchal Pétain, condamné dès 1945. C'est le cas de Robert Aron, avec Histoire de Vichyen 1954, qui développe l'idée que Pétain a fait ce qu'il a pu pour adoucir le sort des Français. Pour d'autres, il aurait été « le bouclier » du pays et De Gaulle, son « épée », pour montrer que tous deux ont pu défendre, à leur façon, le pays.

2. Nouvelles mémoires, nouvelles lectures historiques depuis les années 1970

Le nouveau contexte de liberté qui suit mai 1968 et l'affirmation d'une nouvelle génération de chercheurs changent le rapport entre historiens et Seconde Guerre mondiale.

L'affirmation de la mémoire de la Shoah

• Recherche historique et prise de conscience

Depuis le début des années 1960, l'idée que la Shoah est un événement spécifique, dont ont été victimes les juifs, s'affirme. Des historiens commencent à travailler

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