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L'historien Et Les mémoires De La Seconde Guerre Mondiale

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Par   •  30 Octobre 2014  •  1 084 Mots (5 Pages)  •  1 074 Vues

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Lors des cérémonies du 53e anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv, le 16 juillet 1995, le nouveau

président de la République, Jacques Chirac, prononce un discours qui fait date. Fraîchement élu, il

veut de toute évidence commencer son septennat par un coup d’éclat et marquer une rupture vis-à-

vis de son prédécesseur, François Mitterrand, dont le mandat avait été troublé par les révélations

sur sa présence à Vichy durant la guerre.

Dans ce contexte, Jacques Chirac choisit donc de procéder, en tant que chef de l’État, à une reconnaissance

en bonne et due forme de l’implication de l’appareil étatique français dans la déportation

de juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Si cette reconnaissance n’apporte rien de nouveau sur

le fond, car les faits sont établis depuis bien longtemps par les historiens, elle constitue une rupture

sur la forme, puisque c’est la première fois qu’un représentant de l’État assume ce douloureux

passé. Pourquoi Jacques Chirac a-t-il pris la décision d’opérer ce revirement du discours étatique ?

Quelles en ont été les conséquences ?

Pour répondre à ces questions, nous reviendrons d’abord sur le long déni entretenu par l’État à

propos de son action durant la Seconde Guerre mondiale. Puis nous verrons comment, peu à peu,

il en est venu à la reconnaître. On verra cependant qu’il n’omet jamais d’insister avant tout sur le

rôle, plus glorieux, de ceux qui firent le choix de résister.

I. Une longue occultation

La collaboration active des autorités du régime de Vichy avec l’Allemagne nazie est longtemps

restée taboue. En effet, dès le lendemain de la guerre, gaullistes et communistes, qui constituent

alors les deux principales forces politiques du pays, s’entendent pour promouvoir une autre version

de l’Histoire, plus héroïque et consensuelle. C’est ainsi que naît le mythe résistancialiste qui

veut que l’immense majorité des Français ait résisté à l’occupant. On ne nie certes pas que des

Français aient collaboré avec les nazis, mais on les présente comme une minorité insignifiante.

Surtout, ceux-ci n’auraient engagé qu’eux-mêmes et en aucun cas l’État n’aurait joué un rôle. Cette

réticence à reconnaître la collaboration de l’État français avec le régime nazi s’explique aisément.

Jacques Chirac note à propos de ces événements qu’il « est difficile de les évoquer, parce que l’on

ne sait pas toujours trouver les mots justes pour rappeler l’horreur, pour dire le chagrin de celles

et ceux qui ont vécu la tragédie ». C’est donc avant tout par gêne, honte, remords, que ce passé

aurait été occulté. Plus fondamentalement, toujours d’après Jacques Chirac, la volonté d’oubli de

ces « heures noires » résulte du fait qu’elles « souillent à jamais notre histoire » et « sont une injure

à notre passé et à nos traditions ». Autrement dit, la Collaboration, en rupture avec la tradition

française issue de 1789, vient brouiller l’image de la France vis-à-vis des Français eux-mêmes et

du reste du monde, et on préférera chercher à l’effacer plutôt qu’à l’assumer. C’est précisément

contre cette attitude de déni que Jacques Chirac va se positionner en ce jour de juillet 1995.

Histoire Le corrigé

II. Une lente reconnaissance

Cependant, la reconnaissance de la responsabilité de l’État français dans la déportation de juifs ne

repose pas seulement sur l’arbitraire personnel de Jacques Chirac. Elle résulte d’un long travail de

connaissance puis de reconnaissance entamé hors des sphères de l’État, pour finir par

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