L'affaire du «fichier juif» et l'accès aux archives de la 2e guerre mondiale
Analyse sectorielle : L'affaire du «fichier juif» et l'accès aux archives de la 2e guerre mondiale. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar sonia_dubois • 16 Février 2015 • Analyse sectorielle • 1 441 Mots (6 Pages) • 798 Vues
L'affaire du « fichier juif »
et l'accès aux archives
de la 2e guerre mondiale
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Ce qu'on appelle l'affaire du « fichier juif » a été déclenchée par Serge KLARSFELD en 1991.
Elle a été exposée en 1993 dans l'ouvrage d'Annette KAHN, Le Fichier ( 1 ) ouvrage qui défendait la thèse suivante :
- le fichier découvert par Serge Klarsfeld dans les archives du secrétariat d'Etat aux Anciens Combattants en septembre 1991, est bien le fichier dit de la Préfecture de Police ;
- c'est-à-dire le fichier constitué à partir des déclarations des Juifs français et étrangers domiciliés dans le département de la Seine, auxquels une ordonnance allemande du 27 septembre 1940 avait fait obligation de se présenter dans les commissariats de police pour se faire recenser entre le 3 et le 19 octobre 1940 ;
- ce fichier, délibérément occulté, a été miraculeusement retrouvé par Serge KLARSFELD.
Cette affaire contribua à relancer les polémiques sur l'accès aux archives de la période de Vichy qui s'exprimèrent en 1994 dans l'ouvrage de Sonia COMBE, Archives interdites - Les peurs françaises face à l'histoire contemporaine ( 2 ).
Chercheur à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine ( BDIC ), Sonia COMBE y dénonçait « le totalitarisme et l'arbitraire des archivistes ».
Elle y contestait la loi de 1979 dont ne bénéficient que ceux qu'elle appelle les « historiens officiels », seuls habilités, selon elle, à consulter les fonds d'archives considérés comme sensibles.
Elle y revendiquait le droit à la libre consultation des archives, considéré comme un droit de l'homme.
En 1996, l'affaire du « fichier juif » rebondissait avec la publication du rapport de la Commission d'historiens réunie à la demande du Premier ministre, sous la présidence
de René RÉMOND ( 3 ).
Ce rapport établit que les fichiers retrouvés par Serge KLARSFELD en 1991 ne constituent pas le fichier de la Préfecture de Police lié au recensement d'octobre 1940 et que ce dernier a bien été détruit dans sa quasi-totalité en 1948-1949.
Les fichiers conservés dans les archives du secrétariat d'État à la Défense chargé des anciens combattants étaient utilisés pour répondre aux demandes de renseignements en provenance de proches sur le sort de Juifs disparus et reconnaître le droit à réparation des victimes.
Ces fichiers étaient composés :
- d'une part, d'un double du fichier de Drancy tenu par les internés et caché par eux, fichier où figurent les noms des personnes déportées ;
- d'autre part, du fichier des camps de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers remis au Ministère des Anciens Combattants par des assistantes sociales de ces deux camps ;
- enfin des fichiers de juifs arrêtés, fichier « individuel » et fichier « familial », au contenu hétérogène et comportant parfois des renseignements pouvant être issus du fichier de la Préfecture de Police de 1940.
En ce qui concerne la destination de ces fichiers, Serge KLARSFELD souhaitait qu'ils soient déposés au Centre de documentation juive contemporaine ( CDJC ) où les conditions d'accès aux archives sont très libérales, tandis que la commission des historiens présidée par René Rémond recommandait à la quasi-unanimité qu'ils soient déposés aux Archives nationales et que leur consultation soit soumise à la loi de 1979 régissant l'accès aux archives publiques en France.
Cette loi qui a rendu communicables sans délai tous les documents administratifs non nominatifs et qui a ramené de 50 à 30 ans le délai de communication des autres documents se voulait libérale.
Mais en même temps elle a instauré des délais spéciaux de 60 à 150 ans pour les documents relatifs à la vie privée des personnes, à la sûreté de l'État ou à la Défense nationale, documents dont la consultation avant ces délais est soumise à dérogation exceptionnelle et motivée par les directeurs d'archives avec l'accord des administrations versantes.
Les fichiers retrouvés par Serge KLARSFELD appartiennent bien sûr à cette catégorie.
Jean KAHN, président du Conseil représentatif
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