Dissertation : Entre Vichy et la France libre : l’empire colonial français.
Dissertation : Dissertation : Entre Vichy et la France libre : l’empire colonial français.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Adel Roots • 20 Février 2017 • Dissertation • 4 248 Mots (17 Pages) • 1 709 Vues
Dissertation : Entre Vichy et la France libre : l’empire colonial français.
« Oui, nous avons subi une grande défaite. Un système militaire mauvais, les fautes commises dans la conduite des opérations, l'esprit d'abandon du Gouvernement pendant ces derniers combats, nous ont fait perdre la bataille de France. Mais il nous reste un vaste Empire, une flotte intacte, beaucoup d'or. »
Tels sont les mots du Général de Gaulle lors de son second appel du 22 juin 1940 à la radio de Londres. Des mots qui font mention, de manière claire, à la défaite militaire de la France dans cette Seconde Guerre mondiale et à la signature de l’armistice qui a eu lieu le jour même. Un armistice entre la France et l’Allemagne nazie qui marque l’arrêt de la Campagne de France et le début d’une période d’asservissement – pour reprendre les termes du général de Gaulle lors de l’appel- et de domination allemande sur la métropole Française, sur son administration, ses ressources, sur la partie nord du pays et même sur son gouvernement forcé de s’installer à Vichy, loin de Paris alors capitale du pays.
Le Général de Gaulle s’est déjà illustré dès le 18 juin 1940 à la radio BBC de Londres où il dénonçait déjà la discussion favorable entre les gouvernements Français et Allemands à l’arrêt de la guerre les opposant, et donc à la défaite de la France. Il appelle dès ce moment à la résistance et à la poursuite des combats. Son discours du 22 juin 1940 qui suit l’annonce de l’armistice vient énoncer autre chose que simplement la défaite, comme on a pu le dire. Tout en confirmant cette annonce de reprise des combats, il va dicter les bases sur lesquelles se pose cette résistance : le concours et l’aide des pays alliés, l’appui sur les « français libres » qui sont appelés à rejoindre Londres, mais aussi et surtout le caractère dilaté mais vaste et plein de ressources du territoire français à cette époque. Forte de plus de cent millions d’habitants et jouissant d’une superficie de presque treize millions de kilomètres carrés, la France ne se limite pas à la métropole et le Général de Gaulle pense que l’avenir de la guerre se joue dans ces colonies parfois lointaines de plusieurs milliers de kilomètres de Paris et que leur ralliement est indispensable à la réalisation de la résistance, à la reprise des combat, et à la sortie de l’étau Allemand. Mais comment rallier alors des territoires qui sont, en 1940, à quelques exceptions près et nous le verrons, toutes sous le giron de l’administration vichyste ?
Si nous avons parlé de la France libre comme d’un agrégat des forces de résistance face à l’occupant allemand autour de la personne du général de Gaulle, de Vichy comme étant le terme caractérisant le régime mis en place par le Maréchal Pétain de 1940 à 1944, de l’Empire colonial français alors deuxième plus vaste et important empire colonial au monde derrière l’Angleterre, il est important d’éclairer le terme « entre » de notre sujet. Aussi bien la France libre que Vichy vont chercher à s’appuyer sur l’Empire colonial pour réaliser leurs objectifs. En effet, l’idée de la discussion sera donc de montrer que l’Empire colonial français est un lieu de combat aussi bien militaire, diplomatique, qu’administratif et idéologique entre la France libre et de ses alliés face à Vichy et les siens, et qu’il constitue un des principaux nœuds de la résolution du conflit mondial. Pour cela, il sera capital de voir quelles sont les forces en places dès le 22 juin 1940 dans les différentes colonies et expliciter pourquoi et comment elles fonctionnent comme tel, à savoir être dans le giron de Vichy ou de la France libre, et de comprendre comment on arrive finalement à un glissement systémique en 1944 amenant la fin du régime de Vichy et donc la prise de contrôle et d’influence totale de la France libre sur ces territoires. Il sera aussi intéressant de voir et d’expliquer le rôle très important de ces territoires dans la résolution du conflit. Ainsi, l’idée principale sera de voir à quels jeux de balance est exposé l’empire colonial durant la période du début de Vichy et de la fin de ce régime en 1944 avec la victoire des forces libres du général de Gaulle.
I/ L’empire colonial sous administration vichyste
A la mise en place du régime de Vichy en 1940, à l’exception de quelques comptoirs dans le pacifique et en machin, tout l’empire colonial passe sous domination vichyste. Le régime de Vichy apparait le régime en place, légitime, quand les premiers balbutiements de la France libre ne pèsent pas assez dans la balance pour que toutes les colonies se rallient à elle. Comme une suite logique qui va chercher à imposer sa toute nouvelle idéologie. Quels outils ont permis la diffusion de la nouvelle idéologie en place qui implique des lois et des politiques très personnifiées à cette époque sur des territoires souvent éloignés de plusieurs milliers de kilomètres de la métropole ?
A/ Des outils favorables à la diffusion de l’influence vichyste dans les colonies.
Le premier facteur favorable à la domination de Vichy dans les colonies est le ralliement des administrateurs coloniaux à Pétain. C’est le cas par exemple au Maroc avec le général Noguès ou en Afrique-Occidentale française (AOF) avec le général Boisson.
Le général Noguès est, en 1939, le commandant en chef des opérations en Afrique du Nord. Il affirme alors son ralliement au maréchal Pétain à la suite de l’armistice tout en ignorant les propositions du général De Gaulle qui lui propose de le rejoindre pour continuer le combat. Dans un télégraphe à la date du 24 juin 1940 envoyé à Pierre Boisson, Noguès explique les raisons de son allégeance à Vichy : les termes de l’armistice du 22 juin ne concernent en aucun cas une quelconque occupation de leurs territoires dont ils sont souverains, et le gouvernement vichyste ne touchant lui non plus aucunement au nombre des effectifs présents sur ces territoires, étant toujours souverain de son empire colonial. N’étant pas directement touché par la domination allemande, Noguès fait le choix de ne pas entrer en résistance au risque de perdre son poste qui reste alors fixe sous le giron vichyste. L’Afrique-Occidentale Française, l’Afrique Equatoriale Française ainsi que des territoires du Togo et du Cameroun sont, dès le 27 juin 1940, regroupés dans un seul bloc africain sous la direction de Pierre Boisson qui devient alors haut-commissaire à l’Afrique française. Pierre Romagnino nous explique alors, à la manière du gouverneur
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