Revolution Industrielle
Mémoire : Revolution Industrielle. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar assoumou • 6 Décembre 2013 • 9 563 Mots (39 Pages) • 1 981 Vues
Révolution industrielle
Définition
La « révolution industrielle » se caractérise par le passage d'une société à dominante agricole et artisanale à une société commerciale et industrielle dont l'idéologie est technicienne et rationaliste3.
Les « révolutions industrielles » (au pluriel) désignent les différentes vagues d'industrialisation qui se succèdent dans les différents pays à l'époque moderne, car la révolution industrielle émerge en réalité de façon décalée dans le temps et dans l'espace selon les pays.
Les premiers espaces à s'être industrialisés sont la Grande-Bretagne à la fin du XVIIIe siècle, puis la France au début du XIXe siècle : ce sont les pays de la première vague.
L'Allemagne et les États-Unis s'industrialisent à partir du milieu du XIXe, le Japon à partir de 1868 puis la Russie à la fin du XIXe : ils forment les pays de la deuxième vague.
Les transformations économiques, politiques et sociales sont telles que certains, comme Max Pietsch4 et David Landes5, veulent y voir une rupture avec le passé.
D'autres pointent plutôt la convergence d'éléments que le contexte historique favorise et diffuse au XIXe siècle. Karl Polanyi, dans La Grande Transformation (1944), expose notamment l'idée d'un siècle marqué par :
1. un équilibre politique international : absence de grandes guerres entre 1815 et 19146 ;
2. un équilibre monétaire : système de l'étalon-or et absence d'inflation ;
3. un équilibre économique : acceptation de l'économie de marché.
Sans méconnaitre l'impact colossal des transformations portées par la révolution industrielle, (voir par exemple l'expression « Rerum Novarum » employée par le Pape Léon XIII dans son encyclique éponyme: Un ensemble de «choses nouvelles» forment un mouvement économique et social inédit et déconcertant qui pose la question sociale), certains éléments assurent une certaine continuité entre les périodes pré-industrielles et industrielles. Walt Whitman Rostow est l'un des premiers à rendre compte7. Franklin Mendels parle d'une situation de « proto-industrialisation » dans de nombreuses régions d'Europe8 et p. Léon note l'existence de « nébuleuses industrielles » antérieures au XIXe. De même, Bernard Rosier et Pierre Dockès9 montrent que l'avènement du factory system fait suite à l'expérience antérieure du manufactory system et Alexander Gerschenkron note que la révolution industrielle est surtout le résultat d'obstacles économiques, politiques et sociaux qu'opposaient les sociétés traditionnelles et surmontés par chaque État. Enfin, Fernand Braudel note : « Il n'y a jamais entre passé -même lointain- et présent de discontinuité absolue, ou si l'on préfère de non contamination. Les expériences du passé ne cessent de se prolonger dans la vie présente ». Ainsi, de nombreux auteurs situent le début de la révolution industrielle à la fin du Moyen Âge ou au début de la Renaissance. Paul Mantoux parle de l'existence d'un capitalisme industriel dès le milieu du XVIe siècle, mais la révolution industrielle en soi date, selon lui, du XVIIIe siècle10.
Avant la révolution industrielle
De la fin du Moyen Âge au XVIIIe siècle, la société est largement féodale et presque exclusivement agricole. À l'exception de certaines régions, comme les Flandres, l'agriculture est encore peu productive et marquée par l'archaïsme féodal. La pratique de l'assolement triennal reste la règle et les champs sont exploités de façon collective, l'absence de clôtures permettant le mouvement du bétail d'un terrain à l'autre. L'Europe connait plusieurs phases de croissance démographique et de prospérité économique qui sont toujours entrecoupées par des crises profondes : épidémies, guerres et disettes. La mortalité infantile est élevée, l'alimentation est essentiellement à base de céréales11. L'hygiène reste désastreuse : les carences sont attestées par des déformations et autres marqueurs d'innombrables maladies relevées sur les squelettes de l'époque.
Toutefois, les premières associations capitalistes apparaissent dès la Renaissance en Hollande et dans le Nord de l'Italie. Les techniques enregistrent d'importants progrès : navigation, imprimerie, horlogerie et méthodes financières. Les foires qui se développent dans certaines régions d'Europe attestent de l'existence d'échanges se situant dans une économie de marché plus élargie. Ces volumes demeurent cependant modestes dans le total des échanges pratiqués par les populations.
L'usine, au sens moderne, est inexistante. Les manufactures établies par le pouvoir royal, en France notamment, (voir l'exemple de Villeneuvette) restent une activité d'exception. Cependant, certaines formes d'organisations basées sur une sous-traitance à domicile (putting-out system) – comme l'établissage dans l'industrie horlogère – annoncent la révolution industrielle ; les marchands commencent à fournir les paysans en matières premières, parfois en outils, en vue de récupérer ensuite un produit transformé qu'ils revendront en ville . Les paysans en tirent un complément de revenu. Ce mode de vie n'est donc plus tout à fait le servage mais n'est pas encore le salariat. C'est un mélange inédit d'agriculture et d'artisanat : l'économie moderne est en germe. Ainsi l'avènement des indiennes de coton dont la fabrication implique la mise en œuvre de processus techniques complexes provoquent le développement d'une proto-industrie dans plusieurs régions d'Europe au XVIIIe siècle.
D'après les calculs d'Angus Maddison, l'Europe occidentale connait, de 1500 à 1800, une croissance démographique de 0,14 %, soit un taux faible mais déjà supérieur à ceux des autres régions du monde (0,02 %). C'est donc dès le XVIIIe siècle que l'Europe commence à creuser l'écart économique avec le reste du monde. Cette avance reste limitée12 et si l'Europe occidentale n'est pas plus riche que le reste du monde, elle commence déjà à le dominer : les grandes compagnies de commerce profitent du renouveau des techniques maritimes, pour se rivaliser, prendre le contrôle des mers et des comptoirs d'escale ou d'approvisionnement. Ce commerce au long cours s'intéresse à l'origine surtout aux
...