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De l'empire français à la décolonisation

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Par   •  17 Mars 2013  •  3 048 Mots (13 Pages)  •  1 102 Vues

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Tragique épisode de l’histoire de la France contemporaine, la décolonisation est aussi le plus mal connu : il n’existe pas d’histoire officielle ni de version consensuelle, mais des histoires partielles et partiales qui s’affrontent autour d’enjeux de mémoire. A la lumière des recherches universitaires récentes et des documents d’archives, il est aujourd’hui possible de mener un travail scientifique. C’est l’objet de ce livre.

L’auteur commence par définir les notions de colonisation et de décolonisation afin de ressusciter les réalités multiples de concepts souvent ambigus. Puis il retrace la formation de l’empire colonial français depuis le XVIème siècle, avant d’étudier ses caractéristiques économiques et politiques lors de son apogée territorial entre 1919 et 1939. Vient ensuite la succession des conflits qui en moins d’un quart de siècle ont disloqué cet empire : les chocs des deux guerres mondiales, les tentatives pour constituer une Union française, la guerre d’Indochine, les troubles en Afrique du Nord et la guerre d’Algérie, l’évolution moins tumultueuse de l’Afrique noire.

Sur tous ces points, l’auteur restitue la trame des faits et éclaire le lecteur avec neutralité, en apportant des réponses précises aux nombreuses questions soulevées par le processus de décolonisation. De nombreux textes permettent de restituer, pour chaque période, les rapports de force et les prises de positions.

Chapitre 1 : « colonisation », « décolonisation » : des concepts à définir

1°) A la recherche de la colonisation :

• Le mot « colonisation » a des sens très variés, il est devenu banal dans notre langage et il est difficile de le définir.

• Des anciens aux modernes : c’est à la base un mot antique venant du latin. Il désignait alors un groupe d’individus envoyé sur un territoire désert ou conquis afin de le peupler mais aussi toutes les instances qui étaient mises en place sur ces espaces. Dans ce temps la notion de colonie impliquait également un certain statut juridique qui incluait notamment une autonomie municipale. A partir du XIV° siècle ce terme fut repris par les nations européennes d’abord pour traduire des textes anciens puis à partir du XVII° siècle pour désigner les territoires conquis à l’étranger. Par exemple le verbe « coloniser » est entré dans la langue française en 1790. Mais une idée nouvelle de la colonisation a surgi au cours du XVIII° siècle, on continuait à faire la différence entre la population et les instances mises en place mais à cela s’ajoutait une réelle soumission économique et politique à l’Etat colonisateur. En effet, on considérait que les colonies ne devaient exister que dans le but de servir la colonie. Mais le sens de ce terme varie encore avec les premières indépendances, à partir de ce moment-là les pays nouvellement indépendants ne peuvent être considérés comme des colonies que dans la définition grecque du terme : on ne considère que la relation filiale entre la colonie et la métropole. Cependant cette nouvelle vision des colonies n’est pas acceptée par les pays européens. Les colonies sont dès alors définies comme des territoires placés sous la domination de métropoles qui peuvent perdre leur statut de colonie en s’opposant au pouvoir de la métropole et devenaient alors des Etats indépendants.

• Un mot écartelé entre concepts (XIX° siècle) : on oppose les « vraies colonies » aux « simples colonies ». Les « vraies colonies » sont définies par Adam Smith comme des territoires occupés par des immigrés qui s’y implante afin de développer les ressources présentes et ce sans espoir de retour dans leurs pays d’origine. Les colonies n’avaient alors besoin que de population immigré et de capitaux pour pourvoir à son développement et à celui de sa métropole, et ce en se dirigeant toute seule. Ceci est caractéristique des colonies britanniques puisque les britanniques ont décidé d’y développer le « self-government ». A cette notion on oppose celle de « simple colonie » c’est-à-dire des territoires contrôlés, administrés par la métropole selon son bon vouloir et selon ses intérêts. Dans cette optique les meilleures colonies étaient celles qui ne pouvaient pas se passer de leur métropole car elles ne pouvaient pas se passer des produits importés depuis la métropole et parce que la population « blanche », minoritaire sur place avait besoin de la protection de la métropole. Dans cette notion là le peuplement n’est pas essentiel. De fait la notion de colonisation est contradictoire en elle-même. De cette contradiction sont nées plusieurs définitions : la colonie de peuplement (un territoire mis en valeur par les populations immigrées), la colonie d’exploitation ou d’encadrement (territoire mis en valeur par les indigènes encadrés par une minorité d’Européens), ou bien les colonies mixtes comme en Afrique du Nord.

• Un sens chasse l’autre (XX° siècle) : la notion de colonisation n’a pas éclatée. La « vraie colonisation » a, après un court temps, cessé d’être perçue comme d’une véritable colonisation. En effet, dès la fin de la seconde guerre mondiale les « vraies colonies » commencent à prendre meurs indépendances et n’ont plus rien permettant de les appeler ainsi. Les colonies vont en fait devenir véritablement des territoires de dépendances à la métropole. Mais le mot colonie devient, avec la Charte Atlantique, un mot tabou remplacé par « territoire non-autonome ». En France dès 1946 l’Empire colonial devient l’union française et les colonies deviennent des départements ou territoires d’outre-mer. Ceci montre bien la négation de la nature des colonies, elles sont à cette époque très mal vue par les deux Grands. Désormais la colonisation est perçue comme « l’annexion et l’exploitation d’un peuple par un autre », on voit clairement le développement de l’anticolonialisme.

2°) « Colonialisme » et « anticolonialisme » :

Ce sont des termes récents, leurs formations résultent d’attitudes vis-à-vis de la colonisation et de ses méthodes. La colonisation dans le but de dominer et d’asservir un peuple est considérée comme du colonialisme. Cependant le colonialisme comprend-il toutes les formes de colonisation ou n’en est-il qu’une en particulier ?

a) une notion apparemment cohérente : le colonialisme

• Le colonialisme est un terme récent qui apparait d’abord en anglais après 1850, il désigne alors toutes les caractéristiques propres à une colonie. Cependant ce sens va évoluer et après 1880

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