Henri V
Cours : Henri V. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lorraine1403 • 28 Mars 2021 • Cours • 6 011 Mots (25 Pages) • 375 Vues
Henri V
Introduction
Henri V est né en 1386 et a régné de 1413 à sa mort en 1422. Les anglais considèrent Henri V comme l’un des grands rois de son histoire.
Le fameux portrait d’Henri V, exposé dans la National Portrait Gallery à Londres, peint à la fin du XVIe et début du XVIIe siècle par un anonyme est contemporain de William Shakespeare et de sa pièce parlant de ce même roi. On peut voir que, même 200 ans après sa mort, Henri V reste un personnage très emblématique dans la peinture et dans les œuvres culturelles en Angleterre.
Pourtant, il n’a régné que neuf ans, mais il reste dans l’histoire d’Angleterre pour sa victoire à la bataille d’Azincourt en 1415 et comme celui qui a obtenu de Charles VI la signature du traité de Troyes en 1420.
Paradoxalement, en France, Henri V est presque un inconnu alors qu’il est très populaire en Angleterre. Cette popularité anglaise s’explique notamment par la pièce que William Shakespeare lui accorde en 1599. Cette pièce donne une image très particulière d’Henri V comme grand vainqueur de la France et parle surtout de la partie de la guerre contre la France où les anglais enchaînent les succès militaires durant la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons jusqu’au traité de Troyes.
La plupart des a priori sur Henri V se fait à partir de l’époque de cette pièce, et continue à évoluer dans la culture anglaise et populaire, ainsi que dans l’univers théâtrale et cinématographique. Le dernier film en date étant “The King” par David Michaud, diffusé par Netflix en 2019, adaptation de la pièce de Shakespeare qui fait fit de la réalité.
Les anglais aujourd’hui se figurent un Henri V fidèle à la pièce de Shakespeare, Henri V historique et Henri V Shakespearien sont les deux mêmes personnages.
I - Un roi shakespearien
a) 1599 : Naissance d’Henri V
1599, date de la rédaction de la pièce de théâtre, est la date de naissance d' Henri V tel que les anglais le perçoivent aujourd’hui. Cette pièce s’inscrit dans une tétralogie avec “Richard II”, “Henri IV” en deux parties, pour finir avec “Henri V” qui vient clore cette série.
Lors de la rédaction de la pièce, nous sommes à la fin du XVIe siècle et il y a un intérêt nouveau pour le Moyen-Age en Angleterre, alors qu’il est dénigré dans tout le reste de l’Europe. Ces années-là correspondent à la fin du règne d’Elizabeth Ière qui régna de 1558 à 1603, et cette période est marquée par une crise politique entre les différents clans au sein du gouvernement anglais. Le règne de la Reine touche à sa fin, et chacun cherche à avancer ses pions. De plus s'ajoutent à ça deux mauvaises récoltes successives, les irlandais catholiques qui se révoltent contre les anglais protestants, et l’Espagne qui a tenté d’envahir l’Angleterre avec son invincible armada en 1588. La Reine connaît donc une grosse baisse de popularité, mais les anglais on réussit à triompher de tous ces problèmes, notamment en coulant l’invincible armada espagnole.
La pièce est donc à lire comme un texte patriotique qui glorifie l’Angleterre, sa vaillance et son courage. Henri V est comme la préfiguration d’Elizabeth Ière, et reçoit toute cette exaltation patriotique au travers du contexte. On ne peut pas comprendre l’engouement autour de ce personnage sans ce contexte.
Shakespeare va utiliser trois sources principales, plus ou moins fiables, pour rédiger sa pièce avec une certaine cohérence historique:
- La chronique d’Edward Hall, rédigée en 1542 et intitulé “Union des deux nobles et illustres familles Lancaster et York”. C’est une chronique pas vraiment fiable, mais pose ce que sera le Henri V de Shakespeare.
- Les chroniques de Hollin Shel, rédigée en 1577, s'inspirent elles aussi de la chronique d'Edward Hall. Shakespeare va vraiment prendre beaucoup d'éléments de ces chroniques, et fait une sélection très importante de ce qui va lui servir de squelette.
- Un pièce de théâtre anonyme, publiée en 1598, “Les célèbres victoire d’Henri V”
Shakespeare va reprendre de ces chroniques plusieurs éléments plutôt faux:
- C’est le clergé qui a incité Henri V à faire la guerre à la France.
- L’invalidité de la loi salique pour justifier les revendications anglaises.
- La présence du Dauphin Louis à Azincourt, non présent en réalité.
Shakespeare va également laisser des éléments importants de côté, comme la folie de Charles VI. Alors que Charles VI ne pouvait en réalité pas gérer le royaume à cause de ses absences, Shakespeare en fait un adversaire résolu et disponible. Il est plus prestigieux d’avoir réussi à faire plier un Roi vaillant qu’un Roi à moitié fou.
Il va également ne pas reprendre la critique du Roi lors du massacre des prisonniers de la bataille d’Azincourt, ni les dispositions tactiques et stratégiques pour gagner la bataille.
Il présente la victoire d’Azincourt comme une victoire voulue par Dieu et inopinée au lieu d’expliciter le génie tactique des Anglais.
La dernière source de Shakespeare met l’accent sur les transformations d’un prince dissolu en roi ami de l’Eglise, grand guerrier et fin politique.
Shakespeare utilise donc ici des sources tardives et peu fiables en de nombreux points, et opère des sélections afin de valoriser le personnage d’Henri V et ses victoires. Le but est de célébrer un grand personnage, un héros national.
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