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Dossier de presse sur la guerre d'algérie

Étude de cas : Dossier de presse sur la guerre d'algérie. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  28 Novembre 2021  •  Étude de cas  •  2 393 Mots (10 Pages)  •  412 Vues

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Eva FILLIERES[pic 1]

Louise MICHON


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  1. Au lendemain du drame, des discours pro-gouvernementaux dans la presse

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        Au lendemain de la manifestation qui a tourné au drame, la presse rend compte de la situation. On distingue alors plusieurs discours dans la presse comme dans ces extraits d’articles datant du 18 octobre 1961 du Parisien libéré et de l’Humanité (les auteurs des articles sont inconnus). Cependant, bien que les discours diffèrent, ils restent néanmoins proches de la version officielle annoncée par le gouvernement. En effet, la version du ministère de l'Intérieur, dirigé par Roger Frey est celle qui évoque des règlements de comptes entre Algériens qui auraient fait 3 morts et 64 blessés.  Le Parisien libéré (aujourd’hui Le Parisien), journal de droite, campe sur les affirmations du gouvernement qui se défend d’avoir « fait ce qu’il y avait à faire » face à une manifestation interdite et dénonce les français algériens de protester contre « les conseils de la préfecture ». Ici, le couvre-feu est défendu ; décrit comme une « mesure » n’ayant pour but « que de faciliter la lutte antiterroriste », le discours renforce alors l’idée que les manifestants sont les seuls fautifs des dérives de la manifestation. Les algériens sont dégradés au rang sauvage, « poussant des cris hostiles » et sont immédiatement montrés tels des coupables et certainement pas victimes : « meneurs et tueurs ».

Du côté de la gauche avec le journal l’Humanité notamment, un discours moins radical est tenu. Les faits sont évoqués, notamment la participation de la police, « les policiers et les CRS ont chargés et tirés », n’incriminant alors plus seulement les manifestants.

Le nombre de mort est également remis en cause subtilement « certainement plus élevé », laissant entendre une participation de l’État aux meurtres. Seulement, bien que les faits déclarés par le gouvernement semblent ici contestés implicitement, le journal ne peut s’éloigner de la version officielle et accuse le gouvernement d’une « censure gauloise ».

La presse collabore donc à construire une mémoire de cet événement qui arrangerait l’État, soit par conviction soit puisqu’elle est de toute façon limitée par la censure. La population assiste à une désinformation d’un massacre par la presse qui ne peut réellement décrire le drame comme tel dans un contexte de guerre si tendu, notamment car la France est elle aussi, victime d’attentats par le FLN.

  1. Le 17 octobre 1961, un drame oublié de la mémoire collective

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             En raison du fait que les violences perpétrées à l’encontre des Algériens 5 mois avant la fin de la guerre aient étés minimisés dès le lendemain, rendant alors difficile toute potentielle reconnaissance ou simplement connaissance du drame (puisque les chiffres annoncés par le gouvernement étaient faux, une réelle connaissance des faits par la population n’a pu avoir lieu), c’est surtout une méconnaissance de l’évènement qui va s’installer. En effet, les faits ayant eu lieu en octobre 1961 demeurent flous pour une grande partie de la population française encore aujourd’hui et depuis les années 60. Il s’avère alors important de s’interroger, à l’aide de cet extrait d’un article du journal Le Monde intitulé « 17 octobre 1961 : "Ce massacre a été occulté de la mémoire collective" » et rédigé par Soren Seelow, sur les raisons qui ont menées à une telle négligence de la mémoire d’un tel massacre.

La volonté de l’État français d’étouffer ce qu’il considère comme un accident est tout de suite abordée dans les causes de l’amnésie de la population, les autorités, sont « impliquées dans l'organisation de cette répression », et veulent alors en premier lieu faire tomber le drame dans l’oubli, « il a néanmoins voulu tirer le rideau sur cette affaire et fait en sorte que les Français passent à autre chose ». Pour occulter cette mémoire, la censure - évoquée d’ailleurs dans l’article de l’Humanité du 18 octobre 1961 étudié précédemment – est tout de suite mobilisée. Les journalistes sont alors dans l’impossibilité d’informer la population par divers moyens, notamment « l'empêchement des journalistes à se rendre sur les lieux de détention des Algériens ». De plus, l’outil judiciaire est lui aussi utilisé pour clore les instructions judicaires qui sont alors classées non-lieu.

« Une volonté d'oubli judiciaire, qui s'est combinée avec les décrets d'amnistie, qui couvraient les faits de maintien de l'ordre en France, une difficulté à accéder aux archives, l'épuration d'un certain nombre de fonds », jusqu’en 1970 tout moyen est utilisé par le gouvernement afin d’empêcher cet épisode d’entrer dans la mémoire collective. Ce refus de mémoire du gouvernement français est bien évidemment lié aux énormes tensions de la guerre d’Algérie ; puisque la France était victime d’attentats par le FLN au même moment, admettre qu’elle s’est vengée (par ce massacre du 17 octobre 1961) paraît très compliqué à l’époque.

Mais cette occultation de la mémoire est également liée à la confusion du 17 octobre avec la manifestation de Charonne, pour la paix en Algérie, qui avait été mieux gérée par la gauche française que celle d’octobre 1961, « a décidé la constitution d'une commission d'enquête après Charonne alors qu'elle ne l'avait pas fait au lendemain du 17 octobre ».

Enfin, il est intéressant de souligner que l’Algérie, devenue indépendante, a elle-même participé à l’oubli de ce massacre. En effet, l’Algérie devenue indépendante, le FLN instaure un gouvernement provisoire, le GPRA, avec lequel la France négociera les accords d’Évian, et qui sera renversé 3 ans plus tard par Houari Boumédiène qui prend les pleins pouvoirs. Le FLN alors opposé au nouveau gouvernement, « devenu un fief d'opposition au nouveau pouvoir en raison de son ouverture aux idéaux et aux valeurs de la gauche européenne, syndicale et politique », et ensuite considéré comme « les vaincus » en raison de leur défaite militaire, le nouveau gouvernement évitera de parler du 17 octobre 1961, une initiative qui avait été lancée par le FNL afin de ne pas faire, en quelque sorte, d’éloge à leur adversaire, « la nouvelle République algérienne évitèrent de lui faire de la publicité, en passant plus ou moins sous silence la répression du 17 octobre ».

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