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Le Paternalisme

Mémoire : Le Paternalisme. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  25 Mars 2015  •  2 643 Mots (11 Pages)  •  1 018 Vues

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L’époque contemporaine est marquée très distinctement par le XIXe siècle, siècle de la grande industrie mais aussi siècle de toutes les crises sociales, lesquelles vont pousser les théoriciens des doctrines sociales à repenser l’ordre industriel et plus généralement l’ordre de la société. Dans le courant du siècle, le patronat va adopter les théories capitalistes et établir, sur les bases des anciennes structures des domaines ruraux, des ateliers artisanaux et des manufactures industrielles, le paternalisme. Il repose sur l’idée première de la force patriarcale, inspirée par sa lointaine origine romaine, le pater familias qui régnait en maître sur sa famille et sa maison, mais dans une optique clairement définie : le bien commun. C’est dans cette optique qu’il faut opérer la lecture de ce « mouvement » paternaliste qui gagne les entreprises, d’abord les petites structures avant de connaître, au fil de l’évolution industrielle et des profits opérés par l’activité, des succès certains dans les plus importantes structures. Cependant, le paternalisme va connaître nombre de revers, le père va subir la crise de l’adolescence du prolétariat en formation, comme nous le verrons, le paternalisme va alors se durcir. Les crises ouvrières vont accompagner le mouvement de réflexion qui va aboutir sur la proposition d’utopies sociales, portées par les grandes doctrines qui cherchent la reconnaissance du monde ouvrier et l’harmonie des rapports. Le XIXe siècle est aussi marqué par l’émergence de la politique en économie, partant de ce constat on comprend mieux la place que va prendre le capitalisme et plus spécifiquement le libéralisme, à la fois en économie mais aussi en politique ; le paternalisme a connu le même succès dans les deux voies de développement et nous verrons comment la mort de l’un entraîne la mort de l’autre. Il est intéressant de porter notre regard sur le capitalisme qui se présente comme un idéal économique de croissance et comment à travers le libéralisme il va s’exprimer en idéal politique, partant de là, le paternalisme qui n’a pas réellement éprouvé une réalisation complète reste à l’état embryonnaire de développement, dès lors peut-on parler d’utopie ? On connaît les utopies énoncées par le socialisme mais le capitalisme peut être considéré comme l’auteur d’une utopie sociale et dans cette mesure le paternalisme se présente comme son digne projet social. Afin d’éclaircir la question, il sera essentiel de présenter en parallèle les deux phases du développement du paternalisme, l’aspect bienfaiteur, puis sa transformation vers un modèle conflictuel avant de connaître une mort certaine sur les ruines du paternalisme politique et devant la naissance de l’Etat providence.

I. Le Paternalisme, une Utopie Capitaliste ?

A. Le Patronage ou le mythe du patron bienfaiteur

A partir des années 1860, l’usine se développe sur les bases de la structure de l’atelier, le patron se pose en bienfaiteur, tel le père veillant sur sa progéniture et légitimant son autorité en la comparant à celle du maître de maison sur sa demeure, à Noisiel, la famille Menier change ainsi de production, quittant l’atelier pharmaceutique pour l’usine et la chocolaterie, qui deviendra bientôt la vitrine du paternalisme jusque dans les expositions universelles. Le dispositif paternaliste qui se met en place est destiné à fixer la main-d’œuvre et à la reproduire. Le patronage se développe selon trois axes, légitimant le contrôle exercé par les patrons sur les ouvriers : la générosité chrétienne, on la retrouve chez les Harmel, dynastie de la bourgeoisie industrielle du textile en pleine ascension dans la région de Reims dans la première moitié du XIXe siècle, Léon Harmel sera même l’un des fondateurs du Catholicisme social. Le deuxième axe, porte sur les inquiétudes nées de la crise sociale de 1848, certains patrons semblent chercher l’abolition des luttes de classes, sans remettre en cause l’ordre social ni le mode de production, il s’agit en réalité d’une volonté de défense du capitalisme en évitant la répression des mouvements sociaux connus avec le Printemps des Peuples. Ainsi, le paternalisme utopique veut concilier les classes et pousser à leur collaboration dans une optique de profit et d’amélioration des conditions matérielles et morales de vie des ouvriers. Enfin, le paternalisme naît d’un souci gestionnaire, pour accroître leurs profits, les patrons cherchent à fixer leur main-d’œuvre, la reproduire et l’écarter de la volonté de lutte, aussi, les patrons vont-ils développer un projet social de contrôle, accepté par les ouvriers qui sortent majoritairement d’une structure semblable, celle du monde rural.

B. Le projet social du paternalisme

Le projet social cherche la réorganisation de l’espace du travail en quête de « l’usine providence », en 1895, E. Cheysson résume parfaitement ce projet dans Le rôle et le devoir du capital : « Nous demandons [au patron] de vivre au milieu de ses ouvriers, d’avoir des contacts personnels avec eux, d’éviter dans son train de vie l’ostentation et le luxe dont le contraste avec l’existence modeste de son personnel serait une cause certaine de désaffectation ; et surtout d’éprouver un adoucissement ou un remède à chacune des crises qui menacent sa famille industrielle. Quant au chômage qui provient de la mobilité volontaire de l’ouvrier et des autres crises ouvrières, […] le patron leur oppose toute une série d’institutions qui suivent l’ouvrier du berceau jusqu’à la tombe, l’attachent à l’usine et solidarisent son intérêt avec celle de l’industrie elle-même. » Les patrons vont donc développer de véritables cités ouvrières afin d’articuler toute la vie de l’ouvrier autour de son usine, de la naissance à la mort. Le logement doit contribuer à structurer la cellule familiale, loin des dérives de la grande ville, l'urbanisme de la ville-usine réhabilite la famille, la tempérance, la morale, que récompensent même des concours comme celui des cités ouvrières de Mulhouse. Pour reprendre l’exemple de Noisiel, la famille Menier va faire construire toute une cité ouvrière jouxtant l’usine de la chocolaterie qui dispose déjà d’un moulin et d’un port. La cité rassemble 200 habitations, toutes identiques, chacune dispose d’un bûcher, d’un hangar, d’un espace détente et d’un jardin de 400 m². Les ouvriers sont volontairement écartés de la propriété pour les fixer au lieu et évité la vente aux étrangers de l’usine. La cité se dote de rues éclairées au gaz,

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