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La Politique Européenne En Méditerranée

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Par   •  2 Juillet 2014  •  Analyse sectorielle  •  7 011 Mots (29 Pages)  •  650 Vues

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La Politique Européenne en Méditerranée : « Plus que le libre-échange et moins que l’adhésion » - Qu’en est il aujourd’hui ? Un rappel des enjeux et des limites de la coopération

par Emmanuel DUPUY et Karim SADER

Les voisins méditerranéens de l’Union Européenne furent parmi les premiers à établir avec elle des relations économiques et commerciales pérennes. Ces pays constituent des partenaires importants pour l’Union. Ils en sont non seulement des partenaires commerciaux de premier rang, mais, en plus, des liens historiques et culturels particuliers lient certains d’entre eux avec les États membres.

Vis-à-vis des pays du sud de la Méditerranée, qui, par leur proximité géographique, les affinités historiques et culturelles, les flux migratoires existants et potentiels, représentent des partenaires de première importance, l’Union a traditionnellement choisi de mener une politique d’intégration régionale appelée « approche globale méditerranéenne ».

En même temps, une certaine concurrence semble se faire jour entre espaces régionaux, nouveaux acteurs.

La multiplication des espaces de discussion (Processus de Barcelone, Dialogue méditerranéen, Dialogue 5+5, Dialogue de l’OSCE, Plan bleu pour l’environnement et Plan d’action pour la Méditerranée) semble, en effet, aller de pair avec un intérêt géopolitique, sécuritaire et énergétique croissant tant de la part de Washington que de Moscou (la Déclaration de partenariat stratégique signée entre les présidents Bouteflika et Poutine en avril 2001 s’est ainsi accompagnée de l’effacement de la dette algérienne à hauteur de 5 milliards d’euros, la vente d’une cinquantaine de Mig-29, la participation de deux navires de la Flotte russe de la mer Noire à l’opération Active Endeavour en Méditerranée ainsi que la participation plus que symbolique de Gazprom dans la Sonatrach, témoigne d’une stratégie énergétique et des ambitions stratégiques très déterminées) et désormais de l’acteur chinois, solidement ancré au Maghreb.

L’UE, qui a compris de longue date la nécessité d’œuvrer pour une politique de bon voisinage et de coopération multilatérale efficace, doit s’y intéresser davantage encore, en particulier dans le contexte des célébrations du cinquantième anniversaire des Traités de Rome de mars dernier.

Quelles sont les grandes lignes de la politique européenne au sein de la zone méditerranéenne ? Quels en sont les principaux enjeux ainsi que les moyens mis en œuvre pour la coopération ? Pourquoi la Méditerranée est un enjeu majeur pour l’avenir de l’UE ? Quelles évolutions institutionnelles innovantes pour l’espace méditerranéen ? Comment relancer la coopération Nord-Sud et Sud-Sud ? Qu’est-ce qui justifie cet intérêt stratégique tant du point de vue de l’OTAN que de la PESC et de la PESD ?

Autant de questions auxquelles nous nous proposons de répondre dans cet article.

Pour cela, nous dresserons dans une première partie un tableau de la situation des pays du pourtour méditerranéen, les besoins qui font défaut à la région et la réponse apportée par l’UE à travers le partenariat euro-méditerranéen. Puis, nous présenterons dans un deuxième temps, les moyens mis en œuvre par l’UE parallèlement aux aides des Etats-Nations, pour les différents partenariats établis en matière de Sécurité et de

Emmanuel DUPUY est Président de l’Institut Prospective et Sécurité de l’Europe (IPSE) et responsable du Pôle Relations Internationales du Cabinet d’Ingénierie Stratégique pour la Sécurité (CI2S).
Karim SADER est chargé de mission à l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationales – IHEDN, sur les questions relatives au Proche et Moyen-Orient.

Défense, la zone méditerranéenne constituant pour l’Europe un véritable test de crédibilité pour la mise au point d’une Politique de Défense commune. En dernier lieu, une partie critique du bilan largement contesté du partenariat Euromed tentera de mettre la lumière sur les insuffisances ainsi que les obstacles qui restent à surmonter en matière de coopération entre les deux rives.

I- L’espace méditerranéen, un ensemble de problèmes communs auxquels l’Europe souhaite remédier.

Il est à ce jour difficile de donner une définition précise de l’ensemble méditerranéen. Face à cela la Commission européenne a tranché en désignant comme pays méditerranéen les riverains et les îles, plus la Jordanie.
De fait, la Méditerranée se définit plus facilement par le constat d’un ensemble de problèmes communs (démographie, islamisme, terrorisme, crise économique) que par l’espace géographique qu’elle est censée décrire.

Dans cet environnement, l’Union Européenne s’est imposée comme un acteur majeur à l’égard des initiatives régionales et sous régionales. En effet, l’UE appréhende son environnement immédiat, à l’Est et au Sud, par le biais de l’élargissement et, là où l’élargissement n’est pas praticable, par le partenariat, en l’occurrence dans le cas de la Méditerranée, le partenariat Euromed dont nous rappellerons les grandes lignes.

En effet, l’objectif de l’Union européenne est de développer les relations les plus paisibles et prospères possibles dans une zone géographique dont elle est riveraine. Elle a besoin d’y sauvegarder la paix ; d’y développer des intérêts économiques croisés ; et de régler le problème des migrations. Pour agir, elle dispose de deux outils, la PESD par son volet méditerranéen et le processus de Barcelone initié en novembre 1995 sous l’impulsion de la France, en privilégiant une logique de partenariat et non de coopération.

- Le Partenariat Euromed :

En novembre 1995, une conférence réunissant à Barcelone les quinze Etats membres de l’Union de l’époque et les onze « pays tiers méditerranéens » ou PTM (Algérie, Autorité palestinienne, Chypre, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Malte, Maroc, Syrie, Tunisie), lançait le « Partenariat euro-méditerranéen » qui se donnait pour objectifs d’instaurer la stabilité dans une région en proie au sous développement, aux conflits armés ainsi qu’aux carences démocratiques. Il est intéressant de relever au passage la volonté européenne de faire prévaloir les valeurs de Paix et de Démocratie, piliers de la construction européenne au lendemain de la deuxième guerre mondiale, à travers des mécanismes de coopérations au plan économique et social, qui caractérisent la pensée fonctionnaliste qui inspira les pères fondateurs de l’Europe. Reste à voir cependant

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