La Fin Des régimes Totalitaires
Dissertation : La Fin Des régimes Totalitaires. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar chachamt • 11 Mars 2014 • 2 837 Mots (12 Pages) • 950 Vues
La fin des régimes totalitaires
Le monde est confronté à un effroyable bilan au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et à la découverte des images traumatisantes des camps de la mort. Il faut régler le sort des vaincus, et en particulier de l'Allemagne nazie, pour en finir définitivement avec un régime totalitaire qui a dépassé les limites de l'inhumanité avec le génocide de Juifs d'Europe et les horreurs des camps de concentration. La dénazification de l'Allemagne est décidée par le camp des vainqueurs dès juillet 1945 lors de la conférence de Potsdam. De 1945 à 1948 les quatre puissances occupant l'Allemagne s'attacheront à épurer l'appareil d'État allemand, mais également la société, de tous ses éléments nazis. Mais la responsabilité du peuple allemand n'est pas si évidente à faire accepter à une population traumatisée par une longue guerre, humiliée et souffrant de terribles privations. Il n'en va pas de même pour le totalitarisme soviétique qui sort au contraire renforcé de la guerre et auréolé de son statut de vainqueur. Il faudra attendre la mort de Staline en 1953 pour que s'ouvre enfin une ère de réformes et que les crimes du stalinisme soient dénoncés. Pourtant, la déstalinisation ne met pas fin à la dictature en URSS et les Russes devront attendre la faillite totale du système et l'échec des réformes tentées par Gorbatchev pour en finir avec la période soviétique. Comment les totalitarismes disparaissent-ils en Allemagne et en URSS ? Quelles sont les étapes qui conduisent à l’éradication du nazisme allemand, puis à l’effondrement du stalinisme soviétique ? De quelles façons l’Allemagne, puis l’URSS sortent-elles de leurs régimes totalitaires ?
I- La dénazification de l'Allemagne et le procès de Nuremberg
A-Dénazifier l'Allemagne pour en finir avec le IIIe Reich
En 1945, selon les termes de la conférence de Potsdam, l'Allemagne vaincue est divisée en quatre zones d'occupation : les zones étasunienne, britannique et française à l'ouest et la zone soviétique à l'est. Le pays est dirigé par un Conseil de contrôle allié (quadripartite) composé des commandants en chef des quatre armées d'occupation et prenant ses décisions à l'unanimité. Les Alliés veulent extirper définitivement toute trace du nazisme dans la société et les institutions allemandes. Pour cela, ils ont décidé de se lancer dans une vaste politique de dénazification et de rééducation des Allemands, déclarés coresponsables des crimes du nazisme. Cette position très dure vis-à-vis de la population allemande s'explique dans le contexte de la fin de la guerre et de la découverte des camps d'extermination et de leurs milliers de cadavres. À cette époque, certains n'hésitent pas à affirmer que le peuple allemand est à part, qu'il portait en lui les bases du nazisme. Nous savons aujourd'hui que cette idée est totalement fausse : le processus qui a entraîné les Allemands dans la spirale du totalitarisme nazi aurait probablement pu se reproduire ailleurs dans un contexte similaire. Dans tous les cas, c'est en 1945 un pays détruit matériellement et psychologiquement.
La population, qui survit plus qu'elle ne vit, est soumise par les occupants à une intense propagande ayant pour objectif de lui faire accepter sa culpabilité. Or il est difficile pour beaucoup d'Allemands d'accepter de regarder en face la vraie nature du régime hitlérien. Cela revient finalement à prendre conscience que beaucoup, sans se l'avouer, s'étaient déjà doutés de ce qui se passait avant même la fin de la guerre (mais se l'avouer pendant la guerre les aurait obligés à faire un choix entre agir, et risquer sa vie, ou ne rien dire, et être complices des crimes). Beaucoup d'Allemands reconnaissent cependant leur faiblesse et leur lâcheté pendant la guerre et tentent de faire évoluer les esprits.
Les Alliés eux veulent trouver des coupables, des responsables. Ils décident de juger toutes les personnes suspectées d'avoir participé, même à petit niveau, à l'application de la politique nazie, et pas seulement les responsables les plus importants. Mais ils sont vite noyés devant l'abondance des cas à traiter : 13 millions de dossiers pour la seule zone américaine. La plupart des Allemands qui auraient pu aider les Alliés à poursuivre les principaux responsables se sentent injustement accusés et ont tendance à ne pas aider la justice des occupants. Beaucoup ont de plus à supporter la perte de certains de leurs proches en même temps que les difficultés de la vie et ne sont pas encore prêts à réfléchir aux responsabilités de l'Allemagne nazie. De nombreux hauts responsables nazis réussissent ainsi à passer entre les mailles du filet et fuient à l'étranger avec parfois une fausse identité (certains seront retrouvés bien des années plus tard en particulier par les services secrets Israéliens).
En revanche, les médias, l'administration sont épurés et des milliers de fonctionnaires sont renvoyés ou rétrogradés (surtout dans le secteur américain). Dans la zone soviétique, plus de 40 000 personnes sont déportées dans les goulags. Les biens des responsables nazis (mais aussi de familles de la bourgeoisie) sont saisis. Les terres ainsi récupérées sont divisées et données à des paysans pauvres : dans la zone soviétique, la dénazification accompagne la mise en place d'un régime proche de l'URSS et permet souvent d'écarter l'élite soupçonnée d'être anticommuniste.
À l'Ouest, les Alliés réforment également l'enseignement et rétablissent la liberté d'expression pour rééduquer les Allemands. La population allemande a de nouveau accès à toutes les informations venues de l'étranger et à la culture, sans vraiment de censure (même si les Alliés utilisent la propagande). Les opposants au nazisme qui ont survécu sont autorisés à former des partis politiques et des syndicats. Le pouvoir des Länder est rétabli est des élections ont lieu. En 1949, la République fédérale allemande est créée (RFA). Il faudra attendre les années 1950 pour que les Allemands de l'Ouest s'interrogent vraiment sur le passé nazi de l'Allemagne.
À l'Est, dans la zone soviétique, des partis politiques et des syndicats sont également autorisés, mais ils sont intégrés dans un « bloc antifasciste » contrôlé par l'URSS et le SED (Parti socialiste unifié d'Allemagne créé en 1946). L'enseignement est également réformé mais en vue de répandre une
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