L'empire colonial français
Dissertation : L'empire colonial français. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar poliop • 3 Octobre 2012 • Dissertation • 682 Mots (3 Pages) • 1 356 Vues
colonisés, par le détour de la marginalisation des langues et des cultures de l'autochtone. Tout ce qui n'est pas français est rejeté dans les marges d'une culture ravalée au rang de folklore, « minorisation » que les pouvoirs d'après les indépendances ne sauront pas affronter, se souciant essentiellement de remplacer le français par l'arabe classique.
Si la percée des œuvres est plus précoce en Algérie qu'au Maroc ou en Tunisie, c'est que la politique d'assimilation y a été plus systématique et plus longue. La langue d'expression des écrivains n'est alors ni une langue maternelle (orale) ni la langue écrite d'avant la conquête - l'arabe classique -, mais la langue du colonisateur apprise à l'école, instrument de cette « culture de nécessité » dont parle l'essayiste algérien Mostefa Lacheraf dans Algérie, nation et société (1965).
Dans les premiers écrits, le français littéraire des Maghrébins, appris au cours d'une formation bilingue dans les medersas, se caractérise par une hypercorrection où la préciosité du style laisse affleurer maladresses et formules ampoulées. Ces écrivains, fortement ancrés dans la langue et la culture arabo-musulmanes, ont des modèles esthétiques surtout réalistes, avec une légère teinte exotique. Le souci dominant est d'ordre informatif plus qu'esthétique. Ils prennent la plume pour témoigner de leur existence et de celle de leur communauté, de leur différence qu'ils estompent en formulant un discours plus ou moins sincère d'adhésion à la mission civilisatrice de la France.
Pour la génération suivante, dans la décennie qui suit 1945, le rapport à la langue française évolue. Encore peu nombreux, les écrivains ne sont malgré tout pas les défricheurs. La scolarisation s'enracinant, l'instrument linguistique est de mieux en mieux maîtrisé, les recherches esthétiques se font plus sensibles et le texte devient œuvre de création et non plus simple témoignage. Cette génération est celle des classiques maghrébins.
La troisième génération, celle de la postindépendance algérienne, et celles qui la suivront, acquièrent progressivement, de 1962 à nos jours, un rapport à la langue moins honteux, plus ludique et plus prospecteur comparable à celui que nouèrent certains écrivains de la génération précédente comme Mohammed Dib, Kateb Yacine, Driss Chraïbi ou Albert Memmi. Refusant les balises d'une culture étroite et sélective, ils investissent la langue apprise de références inhabituelles dans sa sphère dominante de fonctionnement, détournent le champ symbolique de ses effets attendus. L'équilibre à trouver entre les sources diverses n'est pas chose aisée, car la mémoire de la violence coloniale est inscrite, malgré tout, dans l'usage de la langue française, ainsi que la perte de l'idiome de l'origine.
Trois types de réponses peuvent être perçus :
- Refuser de continuer à écrire en français, soit en arrêtant d'écrire (c'est le cas limite de l'Algérien Malek Haddad), soit en écrivant en arabe classique (comme l'a fait Rachid Boudjedra), soit en partant de la langue populaire (les expériences sont surtout réalisées ici dans le domaine théâtral et très récemment dans quelques récits
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