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Le phoundax de Raidestos

Commentaire de texte : Le phoundax de Raidestos. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  4 Février 2018  •  Commentaire de texte  •  4 000 Mots (16 Pages)  •  949 Vues

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Le phoundax de Raidestos, vers 1075

Histoire économique

   Le document soumit à notre analyse est un extrait d’une source intitulé Histoire, dont on doit la conception à Michel ATTALEIATES. C’est une œuvre qui offre une description à la fois politique, économique, social et militaire de l’Empire Byzantin, ainsi que son évolution, d’environ 1034 à environ 1078. C’est une œuvre réaliste et crédible, étant donné que l’auteur fut « témoin » des évènements abordés, dans laquelle Michel ATTALEIATES aborde les faits qui ont marqué son époque, en donnant une analyse historique détaillé de chaque évènement. De ce fait, elle témoigne parfaitement du déclin de l’empire. Michel ATTALEIATES jette un regard particulièrement dure sur le règne de l’empereur Michel VII Doukas (1071-1078), et dresse un portrait peu flatteur de son logothète (un « ministre ») eunuque Nicéphore Bucellarien, dit Nikèphoritzès ou encore Nicéphoritzès. Le document soumis à notre analyse est traduit du grec par Christophe GIROS dans l’ouvrage Economie et société, textes et documents (Paris, 2007).

   Michel ATTALEIATES était un haut fonctionnaire (juriste), historien et écrivain Byzantin du XIe siècle, dont certains diront qu’il est né à Attaleia – correspondant actuellement à la ville d’Antalya - en Pamphylie vers 1022, tandis que d’autre diront qu’il est né à Constantinople, où il poursuivi ses études de droit entre 1030 et 1040. Il exerça ses services sous les empereurs Michel VII Doukas et Romain IV Diogène. En effet, il occupa les fonctions de sénateur et juge, en étant notamment Juge du Voile, mais aussi de l’Hippodrome. Ces accumulations de titres lui permirent de s’enrichir de manière considérable dans l’achat de biens. Ainsi, il s’est distingué pour avoir dédier une grande partie de ses revenus à une fondation charitable et monastique, comme par exemple celle d’un monastère à Constantinople. C’était également un propriétaire foncier. Michel ATTALEIATES est également connu pour la rédaction de l’œuvre l’Histoire, dans laquelle il consacre une explication détaillée du déclin militaire de Byzance. Il mourut dans les dernières années du XIe siècle, à priori en 1080, peu après le début de l’ère coménienne.

   Son œuvre était dédiée à l’empereur Nicéphore Botaneiatès, dont il ne pu faire la dédicace à temps. D’autre part, c’est une œuvre qui était peut-être aussi destiné à un autre public, un public ancré dans la foi chrétienne.

   Rédaction qui s’étend sur le temps long, d’environ 1034 à environ 1078. Aucun lieu de rédaction n’est précisé mais nous pouvons imaginer que cette œuvre fut en grande partie rédiger à Constantinople.

   Rédigé donc au XIe siècle, à une époque où l’Empire Byzantin rencontre de nombreux problèmes, qu’ils soient d’ordre économique, politique ou sociale. On assiste à l’avènement de Michel VII Doukas, qui après avoir ordonné la mort du déchu Romain IV Diogène, notamment défait face aux Seljoukides (tribu turcique), devient empereur de Byzance à partir d’octobre 1071. L’empire Byzantin doit également faire face de nombreuses pertes territoriales, mais aussi, gérer une crise financière qui survient à suite à la dévaluation du nomisma, la monnaie d’or frappée de l’époque au sein de ce dernier. Parallèlement, l’empereur Michel VII tente d’affirmer le pouvoir impérial, et nommera donc notamment Niképhoritzès logothète du drome. La politique menée, tout comme les mesures prises par ce dernier seront à l’origine d’une importante crise sociale et économique au sein de l’Empire Byzantin à la fin du XIe siècle.

   Ainsi, dans cet extrait, Michel ATTALEIATES, nous dépeint les troubles socio-économiques dont est victime l’Empire Byzantin, à l’heure où Niképhoritzès dit Nicéphore le logothète instaure un phoundax à Raidestos, instrument de monopolisation d’une denrée agricole de première nécessité : le blé. C’est à travers une description du personnage du logothète, mais aussi des différentes conséquences découlant de ce monopole qu’ATTALEIATES tente de nous explique ce moment important du règne de Michel VII Doukas.

Nous essaierons donc de mettre en lumière les différents problèmes qui entourent la création de ce phoundax à Raidestos.

Dans un premier temps nous ferons la description du portait de Nicéphore le logothète, puis nous aborderons le projet du phoundax, et enfin, nous évoquerons les conséquences de cette nouvelle organisation.

Ce texte de Michel ATTALEIATES rend compte de la mise en place d’un phoundax à Raidestos. L’auteur nous informe donc logiquement de l’identité de l’instigateur de ce dernier.

   Tout d’abord, Michel ATTALEIATES réalise la description péjorative de Nicéphore le logothète.

 En effet, l’auteur dresse le portrait d’un homme aux ambitions démesurées.

Nicéphore le logothète, aussi connu sous le nom de Niképhoritzès, intègre la cour impériale de manière assez précoce. Il commença l’exercice de ses fonctions à la cour sous l’égide de l’empereur Constantin IX, et cela du forcément aiguiser son appétit pour les hautes sphères impériales, et donc tentant d’y accéder par tous les moyens. Ainsi, on peut voir aux lignes 10 à 12 : [qu’« … il éloignait de l’affection de l’empereur la mère de ce dernier, ses frères et sœurs, et ses autres parents, sous prétexte qu’ils aspiraient à l’empire et ne voulait pas son bien. »]. En effet, pour assouvir ses désirs de pouvoirs et de « gloire universelle » (l.10), Nicéphore n’hésite pas à exercer une influence néfaste sur l’empereur, sans doute au moyen de mauvais conseils, ayant pour effet de détourner Michel VII Doukas de sa famille et lui faisant certainement prendre des décisions controversées à leur encontre. C’est donc un homme qui est décrit comme manipulateur n’ayant aucun scrupule pas à affirmer qu’il est le seul à son service, tandis que les membres de sa famille ne se préoccupe pas de lui te convoite la direction de l’empire. Déjà par le passé, du temps du règne de l’empereur Constantin X Doukas, où il était son secrétaire, Niképhoritzès n’hésite pas à faire preuve de ruse. Il est éloigné de la cour et devint gouverneur (duc) d’Antioche. Il calomnia notamment l’impératrice Eudocie Makrembolitissa d’adultère, un crime très grave – ce qui lui value, à la mort de l’empereur, une période d’emprisonnement à laquelle Romain IV Diogène mit fin, à prix d’argent (« libération sous caution) – et contribua plus tard, une fois Michel devenu empereur, à l’envoie d’Eudocie dans un couvent. De même, après la mort de Romain IV Diogène, Niképhoritzès tente également d’écarter le césar Jean Doukas en le rejetant dans l’opposition accompagné de Psellos, montrant donc que son ambition est sans limite, et surtout malsaine. Néanmoins, il se voit tout de même nommé logothète du drome du drome, position de grand pouvoir. Ainsi, on apprend aux lignes 12 à 14 : [qu’« Il atteignit ainsi une position de grand pouvoir auprès de l’empereur, et dirigeait de fait toutes les affaires de l’empire, indiquant à l’empereur ce qu’il fallait faire… »].C’est donc sa nature de manipulateur qui lui permit de matérialiser son ambition : il est devenu un homme de pouvoir aux cotés de l’empereur, faisant partie intégrante tu processus décisionnel, se voyant confier la direction des affaires courantes de l’empire, et donc d’avoir quelque part une certaine mainmise, un « contrôle officieux » sur l’empire. Auparavant, et ce depuis le VIIIe siècle, le logothète du drome, assisté par un protonotaire, se voyait charger du maintien du réseau routier en état, de l’acheminement des courriers impériaux, de la surveillance des différents fonctionnaires provinciaux et animait les réseaux d’espions. Il était également établi qu’il devait prendre en charge la venue des ambassades étrangères : c’est-à-dire qu’il recevait ces ambassades, et devait gérer toutes les questions concernant leur hébergement et leur sécurité. A la fois considéré comme une sorte de ministre des affaires étrangères, mais également comme chef des services secrets, le logothète demeurait donc un proche important de l’empereur. A travers cet extrait, nous pouvons être convaincu que Niképhoritzès détenait des pouvoirs, et remplissait des tâches qui allait bien au-delà de la simple fonction de logothète du drome, puisqu’ « il avait reçu [des mains de Michel VII] les plus hautes responsabilités] (l.8), lui, le « favori » de l’empereur. Il était logothète du drome, premier ministre de l’empereur.

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