Christine de Pizan, prier et méditer avec la passion du Christ
Commentaire de texte : Christine de Pizan, prier et méditer avec la passion du Christ. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Alexia Van Nijnatten • 17 Mai 2019 • Commentaire de texte • 4 419 Mots (18 Pages) • 938 Vues
Van nijnatten Alexia
Commentaire : Prier et méditer avec Les heures de la passion, Christine de Pizan
Les écrits de Christine de Pizan refont surface dans les années 1980 grâce à l’essor des études féministes. Considérée comme l’une des premières féministes de l’histoire : 98% des femmes de son époque étaient analphabètes elle et la première intellectuelle française à vivre de sa plume. Le texte étudié est tiré de son ouvrage Les heures de la contemplacion sur la Passion de Nostre Seigneur Jhesucrist. Il s’adresse principalement aux femmes, notamment aux dominicaines du couvant de Poissy. Il s’agit d’un livre d’heures unique : les différentes prières correspondaient aux épisodes de la Passion du Christ. Ce texte à la fois religieux et didactique nous éclaire sur la société de son temps. Les livres d’heures étaient destinés à la lectio divina qui consistait en un travail de lecture méditative, qui prenait souvent la forme de prière. Les heures de la contemplation peuvent être replacées au sein de la production religieuse de Christine, composée de trois autres ouvrages Les Oraisons de (1402 à 1403), Les Sept psaumes allégorisés en 1409 ainsi que l’Epistre de la prison de vie humaine (1418). Ces trois ouvrages témoignent de l’intérêt de l’auteur nourrit pour la Passion du Christ. Christine de Pizan est née en 1364 à Venise et morte en 1430 à Poissy. Elle arrive à Paris à l’âge de 4 ans car son père est appelé à la cours du roi pour devenir l’astrologue et le médecin de Charles V. Elle à donc grandit au sein du milieu aristocratique français et en partagent les normes et les valeurs. Elle est considérée comme l’une des premières intellectuelles du monde occidentale. Elle s’est illustrée en premier lieu dans le domaine de la poésie courtoise puis s’est construire une réelle autorité dans les domaines de la Politique, de la Philosophie et de l’histoire. De son vivant elle à connu une grande renommée et a occupé une place majeur dans les débats intellectuels de son époque. Elle s’engage en 1401 dans la première querelle humaniste française autour d’un débat sur le Roman de la Rose de Jean de Meun. Christine de Pizan s’est vivement opposé au fait que ce livre soit étudié par les dames de la cours. Elle considérait que ce livre n’était pas conforme à la morale et qu’il contenait des propos mensonger sur la nature féminine considérant que celle si était enclin à la luxure et doté d’une sexualité débridé. A partir de son engament contre certains auteurs humanistes misogynes (Jean de Montreuil) Christine va essentiellement se consacrer à l’écriture de traité de politique et à l’acquisition de toutes formes de sagesse.
Le texte n’est pas daté car l’auteur voulait marquer « le détachement du siècle » de cette œuvre de dévotion. La religiosité de l’auteur s’inscrit dans le contexte dramatique de la guerre de cent ans (1337-1453). Le texte a probablement était rédigé entre 1418 et 1430, 1418 est la date a laquelle les Bourguignons entrent dans Paris et reprennent la ville aux Armagnacs. Suite au massacre du parti Armagnac, Christine de Pizan se réfugie à l’Abbaye de Poissy, au nord de Paris, où elle réside jusqu’à la fin de sa vie et y mène une vie contemplative. Durant la première moitié du XVème siècle la folie du roi Charles VI laisse le royaume dans un chaos politique marqué par la lutte entre les partis Armagnacs et Bourguignons, ces derniers s’allient avec la monarchie anglaise en guerre contre la France depuis 1337. Ce texte intervient donc dans un contexte politique et social marqué par les conséquences de la défaite d’Azincourt. En effet, le 21 mai 140 est signé le Traité de Troyes qui met fin à la guerre entre les deux monarchies et fait du roi d’Angleterre, Henri V, l’hérité de la couronne de France. Cette situation est appelé la « double monarchie » et symbolise le paroxysme de la déchéance du royaume de France dans les années 1400. Au-delà du contexte politique de la guerre de cent ans des changements s’opère également dans le domaine spirituel et intellectuel. L’humanisme est importé d’Italie au début du XV siècle. Les humanistes sont critiques à l’égard de la scolastique : la forme prime sur le fond, pratique intellectuel très compliqué, on ne comprend pas le latin, spiritualité d’une élite. A cette époque les pratiques de la pastorale se développent au détriment de la scolastique, Christine de Pizan s’inscrit dans cet infléchissement. Des pratiques populaires se développe pour célébrer la passion du Christ : mise en scène théâtrale de l’Evènement sur els places publiques. Par ailleurs, on observe chez les laïcs les plus instruits des pratiques religieuses centrées sur une spiritualité plus intime. Le texte étudié nous permet de rendre compte de ce développement de la pratique pastorale à la fin du Moyen Age. Le texte se découpe de la manière suivant. Dans le premier paragraphe Christine de Pizan évoque le supplice de la croix subit par le Christ. A travers cet évènement l’auteur médite sur les valeurs défendu par celui-ci telles que le pardon, la miséricorde et la clémence. Dans le deuxième paragraphe elle évoque la manière dont la Vierge Marie assiste impuissante au châtiment de son fils. L’auteur formule le malheur de cette dernière. Elle à conscience que son enfant se sacrifie pour accomplir sa mission qui est le salut des hommes mais elle souffre de la voir dans une telle position et ne comprend pas le fait qu’il doit mourir avant elle. Dans le troisième paragraphe sont évoqués l’attitude du Christ à l’égard de sa mère et ces disciples et la souffrance qu’il ressent face aux châtiments. Dans le quatrième paragraphe la manière dont le christ sacrifie son corps tout entier pour obtenir le pardon des hommes au près de dieu. Enfin, dans le dernier paragraphe l’auteur tire un enseignement de la scène de la passion du Christ. Elle présente Jésus comme le sauveur des hommes et comme l’être suprême que tout chrétien doit honorer et imiter s’il veut avoir une place au paradis.
Problématique: A travers ce texte d’inspire biblique de quelle manière Christine de Pizan s’inscrit dans la tradition chrétienne de son temps et s’en distance sur certains aspects ?
- La dévotion et la passion du Christ : des caractéristiques de la spiritualité de l’époque
- La crucifixion du Christ : la doctrine de l’incarnation
L’auteur tout au long du texte décrit le sacrifice de la croix subit par Jésus pour le salut des hommes. On observe dans sa narration de la crucifixion du Christ la prégnance d’une culture théologique et liturgique. Elle commence son texte ainsi « il était presque midi lorsque tu fus attaché sur la croix, mon très doux Rédempteur ». En effet, l’idée que Jésus accepta sa mise à mort pour obtenir le pardon des hommes au près de dieux était très présente dans l’imaginaire collectif de l’époque. L’Eglise rependait l’idée que l’homme était une créature pécheresse par essence. Il devait se remémorer les évènements de la passion du Christ. La passion correspond a l’entrée de Jésus à Jérusalem par la porte dorée jusqu’à sa crucifixion. Cette dévotion permettait de tendre vers le Christ et ainsi obtenir le Salut de son âme et sa place au Paradis. Dans le texte Christine de Pizan est entièrement fidèle aux Evangiles sur les notions dogmatiques. Elle mentionne à de nombreuses reprises la déité du Christ soit l’incarnation de Dieu en la personne de Jésus ainsi que le Saint Sacrifice. Elle énonce ces trois concepts fondamentaux à la doctrine chrétienne au travers de cette phrase : « Cette sainte âme que tu as offerte à ton père pour moi, pauvre créature misérable et pécheresse ». Plus loin elle insiste sur la sacralité du Christ en s’adressant directement à lui elle affirme « Ô pure humanité précieuse, Sainte chaire sacrée, que de douleur tu sentais à cette heure, quand elle fut si grande que tu étais poussés à dire que Dieu t’avais abandonné ! Ce qui étais impossible car toi-même tu étais Dieu, et seras Dieu et homme dans les siècles des siècles » (l.28-30). Suite à des débats au V siècle la théologie patristique justifiait la mise à mort du fils de Dieu par la doctrine de l’incarnation : explication dogmatique du saint sacrifice. Cette doctrine implique la reconnaissance de la double nature du Christ. Cette double nature est évoque tout au long du texte par l’auteur. Ensuite, au sein du quatrième paragraphe elle exprime de quelle manière Jésus à sacrifié son corps tout entier pour accomplir la prophétie. Elle le formule ainsi, « s’est ainsi mon seigneur qu’il t’a plus de souffrir pour nous en tout tes 5 sens » puis plus loin «Pour qu’il ne reste rien sur toi qui ne soit employé pour notre salut »: les yeux par la moquerie des juifs qui considéraient Jésus comme un imposteur, les oreilles par leurs blasphèmes car ils le qualifiaient d’hérétique, la bouche « abreuvée de fiel », le nez par « la puanteur du Lieu du Clavaire ». Ici, l’auteur site le nom du lieu où le Christ est crucifié, Golgotha aussi appelé Mont du Calvaire, une colline située à l’extérieur de Jérusalem et où les romains crucifiaient les condamnés à morts. Ce châtiment était réservé aux esclaves ou aux non citoyens, ce qui était le cas des juifs vivant à Jérusalem. Jésus à été crucifié sous ordres du préfet Ponce Pilate sous la demande des juifs de Jérusalem. Elle poursuit l’énumération des sens meurtris du Christ : les mains et les pieds par les clous et le cœur par la douleur de voir ses disciples le pleurer et de savoir que ceux qui le persécutent condamne leur âmes. L’auteur revit les tortures infligées au Christ comme si elles les avaient personnellement vécues et comme si elle ressentait sa souffrance. Elle l’admire religieusement pour son sacrifice. Cette religiosité était propre au milieu aristocratique du XV siècle. La description de la crucifixion de Jésus est fidèle à l’évangile et à la manière dont les autorités religieuses de l’époque se représentent l’évènement cependant les heures de prière de l’auteur sont uniques selon les évangiles jésus à été crucifié à trois heures tandis que Christine situe la crucifixion vers midi. Sa pratique religieuse bien que propre à son temps est profondément intime et méditative c’est ce que nous allons voir dans une seconde sous partie.
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