Le Panthéon
Analyse sectorielle : Le Panthéon. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar typer06 • 25 Novembre 2013 • Analyse sectorielle • 2 228 Mots (9 Pages) • 724 Vues
Le Panthéon
Le mot panthéon désigne au choix deux types de lieux : l'un antique, l'autre étant le monument où reposent les grands hommes d'une nation. C'est cette dernière définition qu'il convient évidemment d'associer au Panthéon de Paris, surplombant la colline Sainte-Geneviève, au cœur du 5e arrondissement. En 1744, Louis XV fait le vœu de construire une église dédiée à Sainte-Geneviève. En 1755, l’architecte Soufflot est désigné, et la construction commence en 1758. C'est un monument dont les différentes destinations successives, sa décoration, les inscriptions et les symboles qui y figurent, permettent de parcourir la construction de la nation française. On peut alors se demander comment s’opère la construction et l’appropriation d’un patrimoine dans l’imaginaire collectif. Pour cela nous verrons d’abord que le panthéon est un monument patrimonial construit, puis nous développerons le fait que c’est un patrimoine vécu et enfin nous terminerons par voir comment ce patrimoine se met en scène.
I/ Un patrimoine construit
A/ Le panthéon, lieu de culte
Ce monument est à l’origine un lieu de culte catholique qui a été bâtis sous Clovis en 508. Celui-ci fit construire une abbaye destinée à abriter sa sépulture et celle de son épouse Clotilde ainsi que Geneviève, la protectrice de Paris. Ce tombeau devint immédiatement l'objet d'un pèlerinage, puisque des reliques de la sainte patronne de Paris y furent entreposées. Les peintures décorant les murs rapportent la vie de cette femme, réconfortant et guidant les Parisiens, lors du siège de la ville par Attila. Cette dimension religieuse est renforcée par le déroulement de la vie de deux autres personnalités revêtant une grande importance pour la France monarchique, Saint Louis et Jeanne d’Arc. L’importance de ce lieu de culte et l’intérêt qu’il lui est porté est visible au XVIIIe siècle, lorsque le roi Louis XV, atteint d’une grave maladie, fit vœux qu’en cas de guérison il remplacerait l’église sainte Geneviève tombant en ruine. Retrouvant miraculeusement la santé le roi a tenu parole et une nouvelle église fût alors construite entre 1764 et 1790 pour remplacer celle de l’abbaye. Les plans en furent confiés à Jacques Germain Soufflot, à l'époque architecte du roi et intendant des bâtiments, protégé du Marquis de Marigny. On décida d'en établir les plans sous forme de croix grecque dont l'avant se composait d'un péristyle soutenu par 22 colonnes corinthiennes. On décida d'établir au centre de la croix un dôme identique à celui de Saint Pierre de Rome. Le projet fût présenté au roi en décembre 1757 et accepté. Pour financer les travaux on modifia les règles de la loterie.
B/ Le panthéon, de l’église au tombeau
A la mort d'Honoré Riquetti Mirabeau, le 2 avril 1791, on se mit à songer à imiter l'Angleterre qui réunissait les tombes des grands hommes dans Westminster, comme d'ailleurs on le faisait à Saint-Etienne-du-Mont. Après un discours de Mr Pastoret au Directoire le 3 avril proposant la nouvelle église Sainte-Geneviève, on envoya le même jour une délégation à l'assemblée constituante.
La proposition concernant Mirabeau, les héros futurs, ainsi que Descartes, Voltaire et Rousseau fut adoptée par acclamation le jour même.
Sous le rapport de Le Chapelier, l'assemblée vota le décret d'application dès le 4 avril 1791 qui prévoit dans son article premier que « le nouvel édifice de Sainte-Geneviève sera destiné à recevoir les cendres des grands hommes, à dater de l'époque de la liberté française » et que sera gravé à son fronton « Aux grands hommes la patrie reconnaissante".
L’édifice, détourné de sa fonction première, est désormais destiné à recevoir les cendres des grands hommes à dater de l’époque de la liberté, c'est-à-dire 1789. Le choix de ces hommes est laissé au corps législatif. L’article deux du règlement stipule qu’aucun membre de ce corps ne peut faire une demande d’intronisation pour lui ou l’un de ses confrères. Le choix des personnes intronisées au Panthéon varie en fonction des projets politiques des régimes successifs. La Ière République la décerne pour ceux ayant sacrifié leur vie à la défense de la patrie. Napoléon Ier souhaite conforter son régime en l’inscrivant dans la continuité de la révolution. Il intronise les grands fonctionnaires de l’Etat, qu’ils soient civils, militaires ou religieux. La IIIe République, se définissant comme la république du sacrifice et du talent diversifie l’origine des personnes enterrées. Le Panthéon sert à marquer en permanence la reconnaissance de la nation pour tout citoyen ayant mérité de la patrie, par sa vie, son œuvre ou sa mort. Ainsi outre des militaires, des écrivains (Hugo, Zola, Dumas), des scientifiques (Pierre et Marie Curie), des hommes politiques (Jaurès, Carnot) et des intellectuels (Louis Braille) y sont enterrés. Plus récemment, l’intronisation de Jean Monnet sous la présidence de François Mitterrand, symbolise l’implication de la France comme moteur de la construction européenne.
C/ Restitution du culte au Panthéon
Le Panthéon, inachevé pendant la révolution, était resté avec sa grande grue en place et se délabrait à chaque hiver; le 27 mars 1796, le fils Soufflot repris la direction des travaux suivi de Rondelet à partir du 3 mai 1801.
Napoléon conçut le projet de rendre le Panthéon au culte sous le nom de Sainte Geneviève sans lui ôter son caractère de vocation à perpétuer le souvenir des grands hommes.
Napoléon Ier visita l'édifice le 13 février 1806 et alloua une somme de 600 000 francs pour des travaux de consolidation du dôme. Le décret impérial du 20 février 1806 en décida ainsi:
L'Eglise de Sainte-Geneviève sera terminée et rendue au culte, conformément à l'intention de ses fondateurs, sous l'invocation de Sainte Geneviève, patronne de Paris. Elle conservera la destination qui lui avait été donnée par la Constituante, et sera consacrée à la sépulture des grands dignitaires, des grands officiers de l'Empire et de la Couronne, des sénateurs, des grands officiers de la Légion d'honneur, et, en vertu de nos décrets spéciaux, des citoyens qui, dans la carrière des armes ou dans celle de l'administration et des lettres, auront rendu d'éminents services à la patrie.
Leurs
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