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Je suis pressé avec le contraint: un spectacle inquiétant

Commentaire d'arrêt : Je suis pressé avec le contraint: un spectacle inquiétant. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  15 Mai 2014  •  Commentaire d'arrêt  •  553 Mots (3 Pages)  •  622 Vues

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2- Le ferrement des forçats : un spectacle sinistre

Tout commence dans l’allégresse (la joie), comme dans une comédie, avec la joie des «spectateurs» qui se manifeste par le bruit. Ce champ lexical du bruit est d’ailleurs très développé:

§2: «bruit... on entendait... grincer... carillonner les trousseaux de clefs entre-choqués... des voix s’appeler et se répondre... rire...chanter...»

§3:«muet...ce tumulte...j’écoutais.»

§9: «vous entendrez»

§15: «avec un bruit de ferraille»

§16: «Comme si ce bruit réveillait tout le bruit de la prison... silencieux... éclatèrent en cris de joie, en chansons, en menaces, en imprécations mêlées d’éclats de rire poignants à entendre.... toutes les voix hurlèrent»...etc.

§19: «acclamations... applaudissements»

Puis, un élément vient rompre cette gaîté des spectateurs, pour mettre un terme à cette comédie burlesque, et la transformer en tragédie: c’est la pluie, le déluge qui s’abat soudain sur les corps nus des forçats.

Les forçats étaient déjà comparés, avant ce bouleversement, à des «démons», derrière leurs barreaux: «On eût dit des âmes en peine aux soupiraux du purgatoire qui donnent sur l’enfer.». Mais avec la pluie, cette descente aux enfers se concrétise, et le ferrement des forçats, effectué par les forgerons de la chiourme (figure symbolique des enfers) qui assène des coups de marteaux prêts à leur faire «sauter le crâne» (=squelettes), au milieu de la boue, paraît encore plus odieux et tragique.

La fête à laquelle se livrent alors les forçats enchaînés, qui forment une ronde convulsive, en chantant et poussant des cris sinistres ressemble à un «sabbat» (assemblée nocturnes bruyantes de sorciers et de sorcières au Moyen Age. / Danse, agitation frénétique).

Ce qui a donc commencé comme une fête s'est terminé en drame.

3- Le jeu de miroir : (La Grève est sœur de Toulon)

Pendant tout le déroulement de cette tragédie, le condamné reste en position d’observateur, à l’écart, et constate que «les prisonniers, [sont des] spectateurs de la cérémonie en attendant leur jour d’être acteurs.» Il ne songe pas alors que lui aussi jouera à son tour un rôle d’acteur, le jour de son exécution sur la place de Grève.

Alors qu’il venait d’éprouver «Un profond sentiment de pitié» pour les condamnés, mais aussi pour lui même, au moment où les prisonniers l’interpellent: «- Le condamné! Le condamné!», il prend conscience que cette euphorie tragique n’était que la répétition générale du moment où il serait à son tour enchaîné pour aller se faire «rogner».

«La Grève est sœur de Toulon» signifie que le spectacle de la guillotine, acclamé par les spectateurs sur la place de Grève, à Paris, ressemble beaucoup à celui du ferrement des forçats, prêts à partir pour le bagne de Toulon. Le condamné subira les mêmes humiliations dans cette cour de Bicêtre et deviendra à son tour un spectacle pour les autres.

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