Colbert et le mercantilisme français
Documents Gratuits : Colbert et le mercantilisme français. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Illuminati58 • 24 Février 2015 • 1 687 Mots (7 Pages) • 3 836 Vues
Le texte dont nous disposons est un extrait de la vision de Marc-Antoine Giustiniani sur la politique économique de Colbert. Marc-Antoine Giustiniani fut l’ambassadeur de la République de Venise au Royaume de France de 1665 à 1668 pendant la Guerre de Dévolution (1667-1668). Par sa position il assiste directement aux activités économiques de la France dictées par Colbert et aux procédés du colbertisme. Jean Baptiste Colbert (1619-1683) est un des principaux ministres du règne de Louis XIV où il occupe la fonction de contrôleur général des finances de 1665 à sa mort en 1683 ainsi que celle de secrétaire d’Etat de la Marine. Cette vision de Giustiniani dans ce rapport intervient au moment où la France connait un essor économique en opposition à d’autres puissances européennes telles que Venise et l’Espagne. En effet, Colbert adapte la doctrine du mercantilisme qui est une pensée économique visant à l’accumulation des richesses sur le territoire, par la mise en place d’une véritable politique économique basée sur la modernisation de l’économie française par le biais de l’industrie. On peut donc se demander comment ce texte démontre l’originalité du mercantilisme français ? Pour répondre à cette problématique il faudra dans une première partie étudier la démarche mercantiliste puis dans une deuxième partie la place prédominante de l’Etat enfin dans une troisième partie le rôle du commerce.
I) Une démarche mercantiliste
Le mercantilisme français est qualifié généralement « d’industrialiste » et « étatiste » car Colbert notamment tente de développer l’industrie française par le biais de l’Etat.
A) La recherche de l’or : symbole de richesse
Le mercantilisme, il faut le rappeler, est une doctrine économique théorisée en Angleterre, prônant le développement économique au moyen du commerce ayant pour finalité l’accumulation de richesses des états calculée par le stock de métaux précieux qui déterminent également leur puissance et leur grandeur. C’est à ce titre que Colbert s’emploie à percevoir des autres états les ressources nécessaires pour affirmer la puissance du Royaume de France, c’est ce qu’affirme Giustiniani « Son but est de rendre le pays entier supérieur à tout autre en opulence » (l.1).
B) La place de l’industrie
Si les autres états mercantilistes s’enrichissent par le biais d’achat de denrées là où elles sont bon marché pour les revendre là où elles sont recherchées, il faut noter que l’originalité en France, est qu’à l’initiative de Colbert, elles sont produites sur place au moyen d’une main d’œuvre nombreuse « il ne néglige en rien pour acclimater en France les meilleures industries de chaque pays » (l.5). L’activité économique se concentre donc dans les manufactures d’Etat (Gobelins, Beauvais, la Savonnerie) ou privées (Saint-Gobain) que Colbert instaure partout en France et non dans le commerce lui-même. L’objectif étant d’exporter vers les autres puissances les produits manufacturés.
C) Des mesures protectionnistes
Toujours selon les préceptes mercantilistes, Colbert œuvre à la défense des richesses de l’Etat par la mise en place de barrières protectionnistes prohibitives. Celles-ci consistent à taxer les importations tout en facilitant les exportations « Autant il est charmé de voir passer l’or des autres dans le royaume, autant il est jaloux et soigneux de l’empêcher d’en sortir et à cet effet les ordres les plus sévères sont donnés partout » (l.39). La pratique du protectionnisme cherche à préserver le marché de la concurrence étrangère afin d’éviter des manques à gagner d’or « il empêche par diverses mesures les autres Etats d’introduire leurs produits » (l.6).
II) La place prédominante de l’Etat
Ce que Giustiniani relève sur ce rapport est la grande implication de l’Etat dans l’activité économique française sous la houlette de Colbert par rapport aux autres pays d’Europe où l’activité économique est prise en charge par une classe sociale.
A) L’interventionnisme
Après 1660 l’intervention de l’Etat est plus fréquente. Ainsi la politique économique est une initiative de l’Etat et non pas d’une oligarchie marchande comme à Venise et en Angleterre. L’idée étant que la nation entière doit bénéficier d’une politique voulue et dirigée par le Gouvernement. Cependant la principale particularité du mercantilisme français est la mise en place d’un système voulu et appliqué par un homme seul : Colbert. On note que Giustiniani dans sa description de la politique économique y fait sans cesse référence « Son but » (l.1), « l’entière satisfaction des désirs de Colbert » (l.36), « Son Excellence » (l.51). La France de Colbert voit une application à l’extrême du principe interventionniste promu par le mercantilisme.
B) Un contrôle strict imposé à l’économie
L’objectif de Colbert est de rendre la France autosuffisante et productive « n’ayant besoin de rien et dispensateur de toutes choses aux autres Etats » (l.3) afin de remédier aux entraves de l’écoulement des produits français sur le marché intérieur. A cette fin il engage une politique économique belliqueuse vis-à-vis des autres pays. Ce qu’il amène à faire venir sur le territoire national des industriels étrangers « Angleterre » (l.9), « Hollande » (13), « Allemagne » (l.16), « Venise » (l.20) pour capter leur savoir faire
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