Réginon De Prüm : Chroniques
Dissertation : Réginon De Prüm : Chroniques. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar juriste75 • 17 Février 2014 • 1 625 Mots (7 Pages) • 2 729 Vues
L'auteur de ce document est Réginon de Prüm, ecclésiastique de la fin du IXème siècle. Il est né sur les bords du Rhin à Altrip avant de faire son éducation à l'abbaye de Prüm dont il deviendra abbé en 892 (d'où son nom). Il en est expulsé en 899 par les comtes Gérard et Matfrid et se réfugie à l'abbaye de Saint-Martin de Trèves qu'il réforme puis à Saint-Maximin, où il meurt en 915. Il est particulièrement versé dans les domaines du droit canonique et dans la musique, et rédigera des ouvrages sur ces deux sujets, mais ce qui nous intéresse le plus est son Chronicon, dont est extrait ces passages. Ouvrage en deux livres, il est dédié à l'évêque Adalbéron d'Augsbourg, qui est tuteur de Louis l'Enfant (qui est roi de Lotharingie et plus tard de Germanie, fils d'un personnage qu'on rencontre dans le document) donc peut-être pour aider à l'éducation du jeune prince. L’œuvre traite de l'histoire du monde depuis l'incarnation du Christ jusqu'à son époque, ce qui est assez courant à cette période. Son style est simple, sans trop de difficultés, parfois empruntés aux auteurs antiques, la chronologie parfois peu sûre. Il traite notamment de ce qui lui est contemporain, surtout après 892. Malheureusement les parties concernant les dernières années de son récit ont été mutilées, peut-être par Réginon lui-même. Néanmoins il est une source incontournable pour les histoiens du Moyen-Âge. L'époque qu'il décrit, celle où il vit, est la fin du IXème, début Xème siècle, est une période de troubles. C'est la fin de l'Empire carolingiens, après les partages successoraux successifs et ses recompositions depuis le premier partage de 843. C'est encore le temps des raids normands, sarrasins et hongrois. C'est aussi le temps où le pouvoir royal commence à s'éclipser devant la montée en puissance de l'aristocratie. Dans cet extrait même Réginon parle de l’événement majeur de la fin des années 880 : la déposition de l'empereur Charles le Gros durant l'automne 887, suivit de sa mort en janvier 888, et de l'éclatement de l'Empire en une pluralité de royaumes qui se dotent chacun d'un roi, dans lesquelles l'aristocratie joue un rôle majeur.
En quoi cet extrait du Chroniques de Réginon de Prüm montre que l’année 888 apporte une nouvelle conception du pouvoir royale ?
Pour cela nous verrons successivement le règne difficile d’un empereur désigné par les circonstances puis dans un second temps, le retour d’un système électif.
I . Le régne difficile d’un empereur désigné par les circonstances
A. Un empire unifié et restauré par le « dernier » carolingien
« N’avait-il pas recueilli en peu de temps, sans conflit ni opposition, tous les royaumes francs que ses prédecesseurs n’avaient conquis qu’au prix de grands effort ? ». Réginon fait référence que dès l'année 884, la quasi-totalité de l'empire de Charlemagne se retrouve réunifié entre les mains de Charles le Gros, fils de Louis le Germanique. Il l'explique par l'action de la Providence divine parce que « toutes ses entreprises avaient heureusement tournées ». En effet cette unification n'est pas le fruit d'une politique volontaire de Charles III, mais résulte des successions, suite à des morts soudaines et prématurées des membres de la dynastie carolingienne. Ainsi, au début des années 880, il y avait encore cinq rois pour se partager l'Empire. Les petits-fils de Charles le Chauves, Louis III et Carloman, se sont divisés la Francie occidentalis, l'un régnant en Neustrie, l'autre en Aquitaine. Le royaume de Germanie est quant à lui partagé entre les fils de Louis le Germanique : Carloman, roi de Bavière, Charles, roi d'Alémanie, et Louis le Jeune. En 880, Carloman de Bavière meurt, et n'a pas d'héritier en dehors d'Arnulf, qu'il a eu avec une concubine. Louis le Jeune va récupérer l'essentiel de ses titres, tandis que Charles le Gros est reconnu roi d'Italie, avant d'être couronné empereur d'Occident en 881. En 882, Louis le Jeune et de Louis III décède, permettant à Charles et Carloman de réunifier les deux Francies. Enfin, en 884, Carloman meurt et son demi-frère, Charles le Simple, âgé de 5 ans, est alors trop jeune pour régner. Les Grands du royaume se tournent vers l'unique carolingien encore en vie, Charles le Gros qui réunifia l’Empire carolingien jusqu’à sa déposition en 887.
B La faiblesse de l’empereur Charles le Gros
L'empereur meurt, le 12 janvier 888 au monastère de Reichenau. Le discours se fait alors élogieux, au point d'en être une apologie : « Il avait été un prince très chrétien, craignant Dieu, très respectueux des prescriptions ecclésiastique, généreux dans ses aumônes, plongé sans cesse dans la prière et le chant des psaumes. » ; « il la supporta avec beaucoup de patience ». Réginon dépeint quasiment la fin de la vie de l'empereur comme
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