Les agricultures familiales au Brésil
Étude de cas : Les agricultures familiales au Brésil. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar kidho4K • 9 Janvier 2023 • Étude de cas • 4 127 Mots (17 Pages) • 217 Vues
Amérique Latine :
Sujet : Les agricultures familiales au Brésil.
Le gouvernement de Lula a considérablement amplifié et diversifié le Programme d’Appui à l’Agriculture Familiale (PRONAF), créé par le gouvernement Fernando Henrique Cardoso en 1995. Le PRONAF et le PDSTR sont représentatifs de ce que tendent à devenir les politiques publiques pour répondre aux défis d’un futur, toujours plus incertain. Ils sont l’exemple de programme Co-définis dans la continuité (quatre gouvernements successifs), où le dialogue a permis au pragmatisme, à la décentralisation et à l’apprentissage de s’imposer dans une pratique de l’adaptation. Le développement des agricultures familiales au Brésil ces dernières décennies peut surprendre car tout au long de son Histoire, ce pays a privilégié l’agriculture « d’entreprise » : latifundia et les entreprises agricoles. Les dernières élections présidentielles ont permis à Lula d’accéder de nouveau à la fonction de Président du Brésil et de pouvoir continuer à favoriser les agricultures familiales. L’agriculture familiale est un système agraire reposant sur des exploitations de petites dimensions travaillées chacune par une famille consommant une partie de sa production. Les trois quarts des exploitations familiales dans le monde font moins d'un hectare. L'expression tend à remplacer d'autres termes équivalents sans être exactement synonymes : agriculture paysanne (pour insister sur la dimension sociétale majoritaire de ce système dans certaines régions du monde encore largement rurales) ou agriculture vivrière (pour insister sur l'autoconsommation). Ces agricultures concernent plus de la moitié des actifs des pays du Sud et 40% des actifs à l’échelle mondiale. Ces agricultures familiales sont encore présentes au Nord, elle reste majoritaire mais elles ne sont cependant pas toujours recensées dans la statistique agricole qui ne comptabilise pas les exploitations dites « professionnelles ». Les principaux critères d’une agriculture familiale sont que seuls les membres de la famille travaillent à plein temps : ils ne sont pas liés par des rapports de salaire, mais par des liens domestiques. Le travail crée des liens forts entre la famille et l’exploitation. De plus, une partie de la production est consommée par la famille elle-même : les agricultures familiales alimentent, certes, les marchés, mais l'autoconsommation est aussi un produit de ce travail et enfin le capital est familial : il est indissociable du patrimoine familial. Le Brésil est un pays d’Amérique du Sud, il est le cinquième pays du monde en termes de superficie, ce pays est un géant démographique, il est le 7ème pays le plus peuplé en 2022 avec 215 millions d’habitants. Il est bordé vers l’Est par l’Océan Atlantique et possède l’un des fleuves les plus long du monde, l’Amazone (6992 km et fleuve le plus long du monde). Le Brésil est une république fédérale et libérale, le Brésil présente de forts contrastes géographiques et sociologiques. Alors qu'une grande partie du territoire est couverte par la forêt amazonienne pratiquement vide d'êtres humains à cause de contraintes naturelles notamment le climat avec l’humidité, la côte sud-est abrite les mégapoles de São Paulo et Rio de Janeiro et l'une des plus grandes « régions urbaines » autour de la ville de Belo Horizonte. Les inégalités économiques sont parmi les plus élevées du monde. Le Brésil fait partie des grandes puissances émergentes aux côtés de la Chine, de l'Inde et de la Russie. Le Brésil possède des caractéristiques communes avec la plupart des autres pays d'Amérique du Sud : c'est un pays en majorité catholique, la densité humaine moyenne est assez faible et la population est fortement urbanisée (à 84 %). Ce pays commence à prendre une place de plus en plus importante dans l’économie mondiale, le Brésil est devenue la 8ème puissance mondiale, la mondialisation et le développement brésilien a permis à de nombreuses personnes de sortir de la pauvreté. De plus, ce pays possède beaucoup de richesses comme des minerais tels que le fer ce qui leur permet d’être le 2ème exportateur mondiale de ce produit. De plus, le développement de l’agriculture permet au Brésil de devenir la 4ème puissance agricole mondiale, il possède des cultures riches et variées (café, orange, canne à sucre). Ce sujet possède plusieurs enjeux notamment un intérêt économique avec le développement de l’agriculture dans l’économie brésilienne qui connaît un boom économique depuis 2002, un enjeu social et alimentaire avec le fait que les agricultures familiales permettent aux brésiliens d’être autosuffisant et de pouvoir se nourrir (le Brésil est un pays qui possède de nombreuses inégalités en termes de pauvreté). L’agriculture familiale permet aussi de favoriser le commerce mondiale, le Brésil peut exporter et importer de nombreux produits, ce pays développe ses relations internationales afin de fructifier son économie. Il serait intéressant de se demander « Dans quelles mesures les agricultures familiales brésiliennes sont-elles devenues un véritable enjeu du développement du Brésil ? Et comment les politiques brésiliennes tendent-elles à favoriser ces agricultures ? » Dans un premier temps, nous observerons les différents types d’agricultures familiales présentes au Brésil. Ensuite, dans un deuxième temps, nous analyserons les multiples politiques d’appuis et de mise en œuvre brésiliennes dans les agricultures familiales afin de créer une véritable identité agricole et enfin nous terminerons par le fait que ces agricultures sont vectrices d’enjeux sociaux, alimentaires, économiques, commerciales, humanitaires.
Pour débuter cette première partie, nous allons analyser que l’agriculture familiale est agriculture qui a été longtemps marginalisée dans l’histoire brésilienne, cependant elle est devenue de plus en plus importante et soutenue au fil du temps. Dès le début de la colonisation, les agricultures familiales sont marginalisées, ignorées voire inexistante aux yeux des acteurs publics. Le terme « agriculture familiale » est lui-même non-présent des discours politiques de l’époque. Il apparaît véritablement dans la sphère politique et académique à partir des années 1990. Les exploitations agricoles de petites surfaces étaient qualifiées d’agriculture dépendante vis-à-vis des oligarchies agraires en place. Ces petites exploitations sont désignées par minifundio, métayers, ouvriers agricoles, petits producteurs ou encore paysans. Dans le Sud du Brésil, nous pouvons parler de « colonos », ce terme fait référence aux lopins de terre qu’on attribuait aux colons européens à son arrivée au Brésil « la colonia ». Cette marginalisation remonte aux temps de la colonisation, cette dernière s’est faite du littoral sur la base d’une attribution de larges bandes de terre que l’on nomme « les sesmarias ». Ces terres étaient proposées à des familles de nobles portugaises ou à des militaires méritants. Autour de cette élite agraire se développe une agriculture commerciale qui tend à aller vers les exportations. Certains brésiliens pouvaient occuper simplement les terres de la Couronne sans autorisation, les brésiliens appellent cette méthode « la posse » que l’on peut traduire par « propriété de fait, sans titre ». Cette technique d’appropriation des terres publiques est fortement ancrée dans l’histoire du Brésil, a tel point qu’elle est encore présente dans certaines régions brésiliennes qui sont en proie à l’Amazonie, nous pouvons les appeler « grilagem » qui signifie « usurpation de terres ». Jusqu’au XIXème siècle, les latifundia se créent à proximité des sesmarias. Ces derniers ne sont pas pour autant hors la loi car la posse peut devenir une propriété officielle par des écritures notariales lors des transactions et des successions. Les latifundias coloniales (agricultures familiales) étaient soumises au mode de production esclavagiste. L’asservissement des Indiens, puis ceux des africains permettaient aux colons de pouvoir récolter les différentes cultures pour pouvoir les livrer au commerce international. Il existait plusieurs types de latifundias, nous pouvions trouver des champs de canne à sucre, des cultures de café, de tabac ou de coton mais aussi des latifundias spécialisées dans l’élevage qui pouvaient fournir des animaux de travail afin de transporter ou de livrer des marchandises. Pour comprendre le modèle esclavagiste brésilien, il faut prendre en compte deux éléments essentielles, le premier fait référence à la force de travail. En effet, les esclaves africains sont soumis à une importation de force, ces esclaves sont vendues à un prix onéreux, les colons souhaitaient en tirer un rendement maximum par un contrôle de leur vie et de leurs travaux très strictes. Les difficiles conditions de vie aboutirent à une commission de paysans (quilombos) dont certaines sont encore présentes à l’heure actuelle. Le deuxième élément est l’usage de la terre, selon certaines estimations que la valeur des esclaves est dix fois plus coûteuses que celles des terres. En 1850, la fin de la traite négrière est proclamée grâce à un traité avec l’Angleterre, c’est en 1888 que le Brésil arrêtera définitivement le commerce et l’importation des esclaves. En 1850, la loi de la terre est votée au Brésil, elle vise au maintien de la main d’œuvre à un faible coût et des systèmes de dépendances des agricultures familiales vis-à-vis des oligarchies agraires. Cette loi permet le développement agricole et économique du Brésil fondé sur l’exploitations de ressources telles que le bois ou le minerai mais aussi un développement d’un commerce de canne à sucre, coton et cuir à un faible coût. Les agricultures familiales se développent de plus en plus dans le courant du XXème siècle, le Brésil voie une expansion considérable de ses terres cultivées dans son secteur agricole, situé plus particulièrement dans la partie centre-ouest en Amazonie, avec de nombreuses exploitations agricoles qui voient le jour. De nombreuses familles paysannes sont obligés de migrer à cause du manque de terres disponibles pour s’installer, ils décident de s’installer au niveau des frontières brésiliennes. Les agricultures familiales se développent et voir apparaître des infrastructures, des routes et une baisse du prix des terres, les plus pauvres devenant des ouvriers agricoles des plus riches. Les agricultures familiales ont quand même besoin d’un soutien du gouvernement et de la mise en place de politiques d’appuis afin de consolider et de les intégrer dans l’économie brésilienne.
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