Extrait de l'article Au yémen, La Vie Au Compte Gouttes de Gilles Paris
Mémoire : Extrait de l'article Au yémen, La Vie Au Compte Gouttes de Gilles Paris. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dilanalien • 8 Mai 2015 • 688 Mots (3 Pages) • 1 153 Vues
Il tourne le robinet du tuyau d'arrosage […] , puis met en marche la pompe électrique qui pallie les défaillances d'un réseau d'adduction à l'agonie. Dans un gargouillis, le tuyau crache péniblement quelques gouttes d'eau. Puis plus rien. Anouar As-Saooly arrête la pompe qui tourne à vide, et referme le robinet. « Il fallait venir hier, c'était le jour hebdomadaire de ravitaillement du quartier », soupire cet ingénieur en hydrologie [eau] qui réside dans un quartier pourtant aisé de Sanaa, la capitale du Yémen. La veille , la famille d'Anouar a donc rempli les 2 citernes dont elle dispose. L'eau recueillie, de qualité médiocre, n'est utilisée que pour les tâches ménagères. Pour la cuisine et l'eau potable, c'est uniquement celle des bouteilles ou des jerrycans vendus dans le commerce qui est consommée.
L'eau courante est depuis longtemps un mirage au Yémen, et pas seulement dans ses déserts et montagnes arides. […] Le partage d'une ressource de plus en plus disputée risque d'alimenter à l'avenir une série de guerres de l'eau opposant les campagnes aux villes , ou les régions les plus arrosées au plus sèches. Un Yéménite dispose en moyenne de 120 m3 d'eau par an pour pourvoir à tous ses usages, contre 1 500 m3 pour la moyenne mondiale. Un chiffre déjà très faible qui pourrait être divisé par 2 d'ici à 2025. « Il y a 50 ans il suffisait de creuser à 10 m de profondeur pour trouver de l'eau. Aujourd'hui il faut descendre en moyenne à 500 ou 700 m. Dans certaines régions, les puits vont même jusqu'à 1km ». Les nappes fossiles font encore illusion, mais pour combien de temps ? Le fort taux de croissance démographique du Yémen explique en grande partie cette soif inextinguible. La population du pays double en effet tous les 15 ans, alors que les précipitations sont limités, que le pays est dépourvu de cours d'eau permanents, et que le prix de la désalinisation d'eau de mer reste prohibitif. La consommation dépasse donc et de beaucoup, le stock renouvelable.
Mais l'origine de la crise de l'eau au Yémen remonte aussi aux années 1970 et à la révolution des techniques agricoles. Dans ce pays désertique, les méthodes ancestrales privilégiaient un usage collectif des eaux de pluie, par la culture en terrasse, régulés par un maillage de petits barrages. A cette époque la gestion communautaire vole en éclat avec la possibilité désormais de creuser en profondeur et de pomper dans la nappe phréatique. Les autorités incitent à investir dans ces pratiques individualisées au nom de l'auto suffisance alimentaire. C'est ainsi que ces agricultures gourmandes en eau comme la banane , la pastèque font leur apparition, y compris pour l'exportation même si cela revient dans les faits à exporter cette eau qui coule à flots. La surface cultivée avec la seule eau de pluie chute de 1 million d'hectares dans les années 1970 à 500 000 hectares en 2009. Dans le même temps , celle irriguée artificiellement passe de 40 000 à 500 000 hectares.
La capitale du Yémen est particulièrement menacée par la pénurie. Certains responsables ont décidé de consacrer tous leurs efforts à une plus grande efficacité du secteur agricole qui absorbe 93% des ressources du pays. « Il est évident que les réseaux de distribution
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