Otto Dix, Prager strasse
Étude de cas : Otto Dix, Prager strasse. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar karchi33 • 17 Janvier 2024 • Étude de cas • 1 349 Mots (6 Pages) • 156 Vues
Objet d'étude: Prager strasse d’Otto Dix
Contexte historique, période: XX° siècle
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Ce tableau, Prager Strasse d’Otto dix a été peint en 1920. Il a été étudié dans le cadre d’un chapitre sur la Première Guerre Mondiale. On a une forte impression d’instabilité dans ce tableau. Tout inspire le chaos. Ceci souligne le caractère absurde de la guerre.
Otto Dix a connu la guerre de 14/18 en tant que simple soldat ce qui l’a profondément marqué. Il considère alors que son œuvre doit être ce qu’il appelle son « reportage véridique ». C’est une peinture d’histoire. En fait en peignant cette toile Otto Dix montre les conséquences de la guerre mais aussi le climat politique et social en 1920 en Allemagne.
Dans ce tableau nous nous trouvons à la fin de la Première guerre mondiale. L’œuvre est réalisée en juillet 1920, un an après la signature du traité de Versailles. Celui-ci oblige l’Allemagne à reconnaître qu’elle est responsable du déclenchement de la guerre. Celle-ci doit donc payer de lourdes réparations aux alliés. Pendant cette guerre, de nouvelles armes très meurtrières ont été utilisées. 10 millions de soldats sont morts et des millions d’hommes reviennent du front mutilés ou blessés. L’Allemagne se retrouve avec de nombreux mutilés à cause comme par exemple de l’artillerie lourde. Ces soldats sont mal rémunérés et par leur handicap ne trouve pas de travail, quand à la population, elle cherche à oublier la guerre et est donc indifférente envers ces mutilés. En 1920, il existe de violents affrontements en Allemagne avec les tentatives révolutionnaires des Spartakistes et les tentatives de coups d’Etats d’extrême droite (échec du putch Kapp en mars 1920). Il y a une montée du nationalisme et de l’antisémitisme.
Otto Dix appartient au mouvement expressionisme, mais il utilise surtout le procédé du collage DADA appliqué par les Dadaïstes. Le Dadaïsme est un mouvement intellectuel, littéraire et artistique qui, entre 1916 et 1925, se caractérisa par une remise en cause de tout ce qui touche à l’idéologie, à l’art et à la politique. Ce mouvement a mis en avant l’esprit d’enfance, le jeu, le rejet de la raison et de la logique, la dérision et l’humour. De nombreux artistes du mouvement DADA dénoncent les effets pervers de la guerre et son absurdité. Au moment où cette œuvre est réalisée, Otto Dix vient de fonder le Groupe 1919 avec Conrad Felixmüller (peintre expressioniste allemand, mentor d’Otto Dix, 1897-1977).
Ce tableau nous présente la rue de Prague, une grande rue commerçante de Dresde, ville où vécut longtemps Otto Dix. Au premier et au second plan, on y voit deux hommes mutilés par la guerre. Le premier semble être un bourgeois car il y a une croix de guerre épinglée sur le revers de sa veste et il porte un chapeau melon. Le chariot qui le porte lui sert de jambes. Il n’est pas suffisamment riche pour avoir des prothèses. La petite bourgeoisie et les anciens combattants sont les classes sociales qui ont le plus souffert des effets de la guerre et de la crise économique de 1918-1923. Ce chariot roule sur un journal où il est marqué « Juden Raus » (juif dehors). Les juifs sont considérés comme responsables des malheurs de l’Allemagne. Celle-ci devient de plus en plus sensible à la propagande ultra-nationaliste et à l’antisémitisme. On a l’impression qu’il est fier des ses blessures car cela montre son courage et sa participation à la guerre. Dans l’angle gauche, on voit une main élégante posée sur une canne et la tête d’un chien. Dans la partie droite du tableau, on voit le postérieur d’une dame portant des chaussures à talons hauts très à la mode et extravagants. On a l’impression qu’elle passe très vite. Otto Dix dépeint une nouvelle place de la femme, davantage provocatrice. Chaque humanité ignore l’autre, les regards ne se croisent pas.
Le second est un autre homme réduit à la mendicité. Ses vêtements sont élimés et ses jambes et un de ses bras sont en bois. Son corps est désarticulé et ses yeux sont vides comme pour exprimer des trous d’obus. Il a des prothèses de fortune. Un homme riche, de sa main gantée, laisse tomber un timbre poste dans la main du mendiant, sans un regard, négligemment. Cela démontre une absence de fraternité et de solidarité. Derrière lui se trouve une petite fille seule nus pieds (le visage de profil et l’œil de face) en train de tagger un mur. Elle a déjà fait un dessin à gauche du paraplégique. Otto Dix fait certainement allusion aux milliers d’orphelins qui existent en Allemagne après la guerre. A ses pieds se trouve un bout de journal où il est écrit « iktatur von rechts » (dictature de droite), qui représente la progression de l’extrême-droite.
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