Cindy Sherman
Commentaire d'oeuvre : Cindy Sherman. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar flo_srl • 6 Octobre 2024 • Commentaire d'oeuvre • 1 541 Mots (7 Pages) • 40 Vues
Dans les années 70 émerge un mouvement féministe revendiquant le corps féminin comme lieu de la lutte politique. Cindy Sherman, artiste américaine contemporaine, commence tout juste à exposer. Elle réalise des représentations du féminin. Cindy Sherman est son propre modèle dans la quasi-totalité de son œuvre retenant l’attention des criques qui l’accueillirent comme une artiste rivale d’un art féministe davantage théorique. Elle ne guide pas le spectateur, elle le souhaite libre dans sa propre interprétation. Dans cet esprit, ses œuvres sont numérotées et n’ont pas de titre : elles suscitent des interrogations voire un certain malaise. Cindy Sherman est une artiste qui utilise la photographie où elle se met en scène avec la particularité d’assumer également les rôles de coiffeuse, maquilleuse et costumière. Elle utilise la technique photographique au service de créations et d’interrogations plastiques, esthétiques et conceptuelles en s’éloignant des codes de la photographie de genre.
Chacune de ses photos est construite autour du portrait autobiographique d’une femme appartenant à des séries. Au fil de sa création, on remarque dans la chronologie de chacune de ces séries une évolution dans son travail d’artiste. Elle passe de photographies accessibles à des photographies de plus en plus difficiles soulevant des sujets graves qui sont un réel défi pour l’art féministe contemporain. Cindy Sherman va explorer différents terrains dans lesquels le corps de la femme est criblé de normes esthétiques.
Comment à travers ses photographies Cindy Sherman dénonce-t-elle les représentations féminines dans différentes industries ?
La problématique mise en avant sera l’image des femmes dans ces industries et les conventions qui leur sont prescrites. Durant cet oral, je vais détailler une œuvre tirée d’une série appartenant à trois terrains explorés par l’artiste : la presse, la mode et l’art. Dans une première partie, nous verrons la collection Centerfolds/Horizontals réalisée en 1981 sur les magazines de charme. Ensuite nous nous intéresserons à sa première collection en relation avec la mode intitulée Fashion réalisée entre 1983-1984 et 1993-1994. Et pour finir, nous évoquerons la collection appelée History Portaits/Old Masters réalisés entre 1988 et 1990 qui réinterprète la grande peinture occidentale italienne, flamande et française.
I/
En 1981, Cindy Sherman est chargée de créer une nouvelle œuvre pour le célèbre magazine d’art Artforum mais le rédacteur en chef de ce projet annulera cette commande suite à un malentendu d’interprétation. Cependant Cindy Sherman décide de poursuivre ce projet réalisant ainsi 12 images horizontales de grand format reprenant le principe des doubles pages centrales de certains magazines de « charme ». Cependant l’artiste choisi de poser habillée contrairement aux femmes représentées dans ce type de revues érotiques.
Dans Untitled#96 on voit la protagoniste cadrée de près et allongée sur le dos contre un sol à motifs en briques courant dans les cuisines américaines des années 70. Elle porte une tenue d’écolière avec un pull orange à col en v et une jupe vichy orange et blanche. Ses cheveux semblent coupés. Son visage est maquillé avec son rouge à lèvres et le contour de ses yeux blanchis faisant contraste avec les rougeurs de son visage présentes au niveau de ses joues et de son front. Elle tient dans sa main droite un papier probablement arrachée d’un journal. Sa jambe droite et repliée en arrière pour que son talon touche ses fesses et sa jupe remonte exposant une partie de sa cuisse. La vue est surplombante accentue l’impression que quelque chose a lieu ou est sur le point d’avoir lieu. Ce personnage féminin incarnée par Cindy Sherman parait vide, absente, vulnérable. De plus, le fait que la protagoniste soit allongée et prise en photo de haut la place en position de victime. Cela occasionne une gêne de la part de ceux qui l’observe qui était précisément la but de l’artiste qui souhaitait provoquée les hommes et leur faire revoir leurs hypothèses lorsqu’ils regardent des images de femmes dans ce type de magazine. Autrement dit, elle voulait rendre inconfortable le regard masculin.
Ce qui semble important de cette série, c’est le resserrement qui s’opère sur la protagoniste et les multiples détails sur elle comme ses vêtements, son maquillage ou encore sa coiffure au détriment du décor et de l’arrière-plan. Ces détails prennent alors une grande importance devenant ainsi le véritable cadre dans lequel s’inscrit la protagoniste. Même si ces œuvres reprennent le style des doubles pages des revues, elles gardent toujours un caractère cinématographique marqué rappelant sa précédente collection Rear Screen Projections.
Comme ses œuvres sont volontairement non-théoriques, nous pouvons citer une de ses phrases célèbre « Je ne vais pas me lancer dans des conneries théoriques sur des sujets féministes ». Ce qui entraine des réactions vives de la part de mouvement féministe se revendiquant d’un art théorique qui trouvent cette série dérangeantes et sexistes ressemblant d’un peu trop près aux pin-up des magasins masculins.
II/
La série Fashion de Cindy Sherman est issue de quatre commandes (Interview en 1983, Vogue en 1984, Harper’s Bazaar en 1993, Comme des garçons en 1994) comme c’était le cas pour les Centerfolds, détourne les photographies de mode en pleine ou en double page. Elle détourne aussi jusqu’au principe même de la mode qui est d’embellir et de faire rêver. Ces vêtements restent parfaitement visibles mais sont portés par un personnage caricatural voir grotesque. Dans cette œuvre, se manifeste un refus de la séduction, des codes de la mode et même une certaine haine de la mode. Face à la perfection des vêtements Sherman a choisi de les prendre tels quels et transformé le personnage censé les mettre en valeur.
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