Le Pirée
Cours : Le Pirée. Recherche parmi 301 000+ dissertationsPar Athena SANCHEZ VIVO • 18 Février 2025 • Cours • 2 720 Mots (11 Pages) • 21 Vues
SANCHEZ-VIVO Athéna
Date de rendu : dimanche 15 décembre 2024
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TEA histoire ancienne – Le Pirée
À l'époque classique (VI-IVe siècle avant J-C), il n'y a pas une mais deux cités en Attique liées par les « Longs Murs » sur 9km. Bien qu’il y ait cette unité physique du tissu urbain, tout oppose les deux cités : leur histoire, leur plan et, dans une certaine mesure, la société qui y vit. Le Pirée est un dème de la cité des Athéniens, jouant un rôle particulier en raison de l'emporion (le port proprement dit). Son organisation spatiale et sociale, établie au début du Ve siècle avant J.-C. et dont l'aménagement et la défense font partie de la « grande politique » des démocrates, de Thémistocle (524-459 avant J-C) à Périclès (495-429 avant J-C), contribuent à l’établissement d’une thalassocratie athénienne en Méditerranée. La cité, construite sur un plan régulier par Hippodamos de Milet (498-408 avant J-C), fut détruite par Lysandre en 404 avant J.-C. et par Sulla en 86 avant J.-C. Dès lors, l’étude du Pirée permet de mieux comprendre le rôle d’Athènes dans le commerce international et dans l’établissement d’une puissante flotte militaire. La brève présentation du site, avec ses caractéristiques paysagères et environnementales (I), permet de mieux appréhender les circonstances relatives à la construction des ports (II). Enfin, ces ports ne sont pas seulement des lieux de transit de marchandises et d’hommes ; ils accueillent toute une population. Ainsi, pour le bon fonctionnement général de la vie au port, l’établissement d’un dispositif juridique et administratif efficace s’avère nécessaire (III).
Le Pirée est une ville située à dix kilomètres d’Athènes près de la mer Égée. Le site sur lequel elle est fondée présente des caractéristiques paysagères et environnementales spécifiques.
La ville est établie sur trois presqu’îles (Eétioneia à l’ouest, l’Aktè au centre et Mounychia à l’est) entre lesquelles pouvaient être aménagés trois ports : le Kantharos qui devient le grand port de commerce, Zéa et Mounychia qui sont plutôt les ports militaires dotés de loges pour les trières. Un mur de dix kilomètres entoure la presqu’île de l’Akté et les trois ports. Le site est bien choisi car trois baies s’y trouvent particulièrement abritées de part et d’autre du promontoire naturel de l’Akté. Des quartiers se développent rapidement à proximité avec un arsenal, une halle au blé, une bourse de commerce.
La côte est donc découpée en trois rades naturelles (Kantharos, Zéa et la Mounychie), assez bien protégée par la presqu'île d'Akté et bien défendue par la colline de la Mounychie (86 m de haut), que l'on peut facilement fortifier. Cependant, il n’en fut pas ainsi en raison des avantages naturels contrebalancés par deux défauts majeurs : le manque d'eau et la présence de marais, créés par l'embouchure du Céphise du côté de la mer. Il fallut suppléer par des citernes au manque de sources naturelles et remblayer pour faire passer les murs de défense. Plutarque, dans la Vie de Cimon déclare ainsi : « Si la construction des Longs Murs ne fut terminée que plus tard (après 467 avant J.-C.), les premières fondations furent étayées, dit-on, grâce à Cimon : les travaux étant réalisés dans des endroits marécageux et détrempés, on stabilisa les marais sous une grande quantité de cailloux et de grosses pierres et ce fut Cimon qui subvint aux dépenses, à ses frais. »
Les constructions s’achèvent dans les années 450. Dans le port de commerce, le Kantharos au nord-ouest, les loges peuvent accueillir 94 bateaux ; Zéa, au centre, constitue le véritable port de guerre prévu pour 196 vaisseaux ; Mounychie, à l’est, en reçoit 82. Le Pirée abrite une population plus ouvrière par la population de marins, de pêcheurs, de commerçants, d’ouvriers de l’arsenal auxquels s’y mêlent des étrangers de passage, des esclaves et du Pont. Ville très cosmopolite et dynamique, elle devient un pôle économique d’Athènes et, bientôt, le port de redistribution des denrées de toute la Méditerranée vers les autres États grecs ou au-delà, dans les limites autorisées par la législation athénienne qui impose, par exemple, que les céréales transportées par des navires Athéniens soient obligatoirement acheminées vers le Pirée.
Figure 1 – Plan des ports du Pirée [pic 1]
C’est sous l’archonte Thémistocle et le stratège Périclès que le Pirée connaît d’importants aménagements en pleine période des guerres médiques (499-448 avant J-C).
Après la victoire de Platées, en 479, les Athéniens peuvent se réinstaller en Attique et entreprendre la reconstruction de leur ville. Thémistocle, en qualité d'archonte pousse à l’aménagement du Pirée dès 493. Jusque-là, Athènes ne disposait d’aucune installation portuaire ; les navires étaient amarrés au large de Phalère ou tirés sur la plage. Pour Plutarque, « C’est Thémistocle qui a entraîné et fait glisser la cité vers la mer ». Pour financer l’ensemble, il s’appuya notamment sur l’exploitation d’un riche filon de plomb argentifère dans les régions du Laurion et du Maronée qui ont procuré un revenu de 200 talents que Thémistocle fit servir à la construction de 200 trières contre l’avis d’Aristide. Le Pirée est parcouru par trois grandes avenues parallèles coupées par une large voie transversale conformément au plan hippodamien.
Périclès entreprend de réunir, entre 458 et 456, Athènes et le Pirée. Dès lors, les deux cités sont reliées par les Longs Murs. Ces fortifications longues de quarante stades (environ sept kilomètres) protègent les relations terrestres entre ces deux cités dans une zone marécageuse qu’il a fallu drainer avant le creusement des fondations de ces murs. Un troisième mur, appelé Mur de Phalère, situé plus à l’est que les Longs Murs, relie l’enceinte d’Athènes à la côte. Périclès y ajoute, après 455, le Mur central.
Les espaces publics, les ports et l’agora sont par la suite délimités. La flotte de guerre était concentrée dans les rades de l'Akté et les denrées étrangères, vendues sur le marché athénien, passaient par l'emporion avant d'être vendues sur l'agora du dème. L’imposante flotte de guerre, formée de trières ou de vaisseaux de plus fort tonnage (tétrère, pentère), était logée dans des hangars dont on a retrouvé des traces : ces hangars (neosoikoi), qui étaient des logements pour tirer à sec le bateau, se distinguent des arsenaux de construction (néôria), qui se trouvaient peut-être du côté de la presqu'île de l'Éétioneia. Ils présentent la même configuration : chaque unité comporte deux box longs de 37 à 40 m et larges d'à peu près 6 m, couverts par le même toit à double pente et séparés par des colonnes ; la rampe en plan incliné sur laquelle est tiré le navire ouvre sur la mer. Les navires devaient régulièrement être tirés au sec car l’enduit de poix qui maintient l’imperméabilité de la coque ne résiste pas longtemps à l’eau salée. Ensuite, séparé du port de guerre, l'emporion, le port de commerce proprement dit, disposait d'un espace nettement défini par des bornes, sur le côté oriental de la baie de Kantharos. Il y avait cinq stoa, disposées le long du rivage. L’une d’entre elles servait à entreposer les céréales achetées à frais publics avant d’être redistribuées aux seuls citoyens ; elle est connue comme l'Alphitopolis (« Portique où est vendue la farine ») ou Makra Stoa (« Le grand portique »).
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