Fondation de l'Empire Romain, le princeps

Histoire romaine :

CM 3 : La fondation du principat :

Auguste se retrouve après la bataille d’Actium le 2 septembre 31, après la prise d’Alexandrie l’été 30, accompagnée du suicide de Marc-Antoine et de Cléopâtre, maître du monde romain.

Entre ces dates et sa propre mort en août 14 ap. J.-C. il aura le temps nécessaire pour laisser une marque durable dans les institutions. Il a réussi quelque chose qui au départ était très difficile, modifier le régime politique républicain tout en faisant croire à sa restauration. Il a réussi à changer la nature du régime sous couvert de rétablissement de la république. Et de faire doucement oublier l’ancien régime républicain. Lui-même a dû prendre de nombreuses précautions, que certains successeurs n’auront plus à prendre nécessairement.

Il faut se souvenir que la fin de la république a vu l’expérimentation de pouvoirs spéciaux en particulier à propos d’un autre grand Imperator, le principal concurrent de César, Pompée. Il y a eu dans les années 60 – 50 des expérimentations institutionnelles qui vont resservir à partir de 28 – 27 av. J.-C.

La fondation d’un régime prétendument réformé et la nature des pouvoirs du princeps constitue la problématique de ce cours. Cette question a beaucoup concerné les historiens de Rome depuis le XIXe siècle qui a été largement renouvelé en particulier par un article du grand historien Jean-Louis Ferrary (décédé en 2020).

1. Vers la fondation du principat (31 – 27 av. J.-C.) :

1. La volonté apparente de restaurer la république :

Il faut se rappeler qu’il y a l’héritage de la période triumvirale. C’est un régime qui accorde des pouvoirs remarquables à 3 hommes entre 43 et 33. Il a duré officiellement une dizaine d’années.

Depuis la mort de Marc-Antoine, il n’y a plus de triumvirs autres qu’Octavien (Lépide est en résidence surveillé dans le sud de l’Italie). Depuis 33 la période des 2 fois 5 ans était passé mais pourtant il n’y a jamais eu de vote d’un acte abolissant officiellement le triumvirat. Quand la guerre commence contre l’Egypte et Marc-Antoine, Octavien n’a pas abdiqué de sa condition de triumvir (Marc-Antoine non plus). Les pouvoirs du triumvirat ont continué d’être exercé tant que l’un des hommes était en mesure de le faire, c’est le cas d’Octavien après 32 et même après 30.

De plus, en 32 Octavien avait reçu un serment de tous les Italiens liant chaque Italien à sa personne c’est une des premières manifestations du consensus universorum (l’accord de tous ou le consensus général). Depuis 30, Octavien a reçu le droit d’aide aux citoyens que possède les tribuns de la plèbe, ce qu’on appelle le ius auxilii. Octavien n’est pas tribun mais il a reçu un pouvoir détaché de la fonction qui lui permet d’assister n’importe lequel citoyen. Depuis le 1er janvier 29, les magistrats romains prêtent serment de respecter toutes ses décisions. Octavien a pris la précaution de gérer le consulat de manière répété, année après année à partir de 31 avant notre ère.

Les années 31 – 30 – 29 sont compliquées dans le sens ou le triumvirat n’est pas aboli où il ne reste qu’Octavien mais en prenant la fonction de consulat chaque année il prend des précautions en s’assurant d’être dans le pouvoir traditionnel. On est à la frontière entre deux situations politiques qui sont nécessairement amenés à évoluer.

Le pouvoir de commandement, l’imperium si on est consul on a un imperium domi et militiae. Octavien dispose donc de la possibilité car il est consul, de commander l’armée et donc en province. Mais avec l’imperium domi il a la possibilité d’intervenir dans la législation et les discussions au Sénat à Rome, cela lui permet d’agir autant à Rome qu’en provinces. Néanmoins cela est apparu surtout plus nettement à partir de la publication d’une monnaie d’or en 1999, un aureus, qui montre bien que les années 28 et 27 constituent l’amorce d’une redéfinition des pouvoirs. Cette monnaie est datée du 6ème consulat d’Octavien par la même, cette monnaie est datable de 28 avant notre ère. Elle indique qu’il a rendu au peuple romain ses lois et ses droits. Ça signifie qu’il y a un processus de restitution des pouvoirs qui est en cours. Dans ce processus Auguste a voulu qu’Agrippa soit à ses côtés car c’est le deuxième consul de l’année 28 – 27.

1. Les séances du Sénat du 13 et 16 janvier 27 av. J.-C. :

La séance du 13 janvier a été manifestement préparé. Car sinon on ne comprendrait pas les risques qu’Octavien a pris. Le 13 janvier il parle au Sénat et explique qu’il restitue tous ses pouvoirs au Sénat et au peuple. Cela a été préparé car il y a eu immédiatement des protestations de sénateurs. Suite à cela Octavien accepte de reprendre une partie des pouvoirs. La séance du 13 janvier est une séance de partage territorial entre Octavien et le Sénat. Car les sénateurs insistent pour qu’Octavien reprennent les provinces les moins pacifiés et où l’armée est principalement massée. Il s’agit des provinces gauloises, hispaniques, la Syrie et l’Egypte. Alors que désormais le Sénat reçoit l’autre moitié des provinces, essentiellement des provinces pacifiées, très urbanisées comme l’Asie, l’Achaïe (la Grèce d’Europe) ou encore l’Afrique proconsulaire (la Tunisie actuelle).

Lors de la séance du 16 janvier, c’est là qu’Octavien reçoit le surnom d’Auguste qui fait de lui un homme supérieur car il a un pouvoir et un prestige donné par les dieux. Cela vient d’un verbe en latin augere.

Les séances de janvier 27 ont été des séances de partages des provinces entres les provinces relevant du Sénat et celles relevant du princeps. Le peuple a ensuite approuvé tout cela par un vote car manifestement il y a eu des lois proposées au peuple, relatives à l’administration provinciale qu’on appelle leges de provincia. Il y a eu un partage territorial des compétences on s’est inspiré de ce qu’il avait été décidé en 66 avec la lex Manilia offert à Pompée pendant 3 ans (un commandement extraordinaire sur l’Orient). Octavien reçoit quelque chose d’équivalent en Occident et Orient sauf qu’il la pas pour 3 ans mais pour 10 ans. La durée est beaucoup augmentée. C’est bien la naissance d’un personnage qui a des pouvoirs supérieurs à n’importe quel sénateur prit individuellement.

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