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Thérèse Raquin d’Emile Zola

Commentaire de texte : Thérèse Raquin d’Emile Zola. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Mars 2023  •  Commentaire de texte  •  1 540 Mots (7 Pages)  •  258 Vues

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Commentaire de texte

Œuvre : Thérèse Raquin d’Emile Zola

Extrait : chapitre 32

Emile Zola est un auteur du 19ème siècle. Il n’est pas issu d’une famille particulièrement riche ou portée sur l’art. Il fréquente dans sa jeunesse Paul Cézanne et écrit des romans. Il travaille avec une maison d’édition. Il rencontre plus tard des grands auteurs de son temps comme Gustave Flaubert ou Guy de Maupassant.

« Thérèse Raquin » est un roman d’Emile Zola, publié en 1867 avant l’écriture des « Rougon-Macquart ». « Thérèse Raquin » est l’ouverture vers le naturalisme. Il étudie le déterminisme social et dépeint la violence des tempéraments, la violence des actes décrits sans fard et sans sentiment et le plus proche possible du réel. Zola étudiera après plus largement l’hérédité dans le grand ouvrage les « Rougon-Macquart ».

L’histoire met en scène Thérèse, fille adoptive de Mr et Mme Raquin, mariée à Camille, fils de Mr et Mme Raquin, donc en quelque sorte son frère, et Laurent, le meilleur ami de Camille. Thérèse et Laurent deviennent amant et décident de tuer Camille. Après le meurtre, les deux amants se marient mais leurs sentiments réciproques se changent en haine, leur relation devient tumultueuse, torturée jusqu’au dénouement, leur suicide.

La scène du commentaire de texte se déroule un jeudi, jour traditionnel de réception chez les Raquin, c’est une soirée conviviale. Les invités partis, le couple est laissé face à lui-même, avec Mme Raquin, paralysée et muette.

L’extrait raconte la fin des deux amants, Laurent et Thérèse, liés par l’assassinat de Camille. Etant pris de remords, ils ne penseront plus qu’au suicide qui se déroulera sous les yeux de Madame Raquin. La scène est construite comme une courte pièce de théâtre avec deux tableaux : le premier met en place les protagonistes dans une ambiance où la tension monte et le second montre le dénouement tragique toujours sous le regard de Mme Raquin, spectatrice.

Comment Zola construit-il ce dénouement dramatique comme une scène de tragédie en reprenant les codes du théâtre ?

Nous tenterons de répondre à cette question en suivant deux idées directrices : la mise en scène dramatique de la tension et le dénouement tragique propre au théâtre.

La première idée sur laquelle nous réfléchirons sera la mise en scène dramatique de la tension. Cette scène décrit en effet un duel entre les deux personnages, Thérèse et son mari Laurent. Un premier élément est que la scène est annoncée par la phrase « cette sensation étrange qui prévient [d’un] danger » à la manière du silence dans un film western où souvent la bande son se modifie ou disparait pour attirer l’attention du spectateur. Ensuite, toujours à la manière d’un film western, les personnages se regardent (s’observent) en silence et l’auteur attire le regard du lecteur sur les armes des duellistes, le flacon et l’éclair blanc du couteau, comme un plan ceinture. Cela fait comprendre très rapidement au lecteur que la scène sera violente. On observe aussi dans ce texte de nombreux changements de points de vue qui pourraient mimer les changements de vue de la caméra : d’abord on voit la scène générale avec le point de vue omniscient, ensuite on voit le point de vue de Thérèse puis de Laurent, enfin on voit le point de vue de Mme Raquin. La suite du texte est basée sur une alternance entre le point de vue de Mme Raquin et le point de vue omniscient. Cette alternance donne en plus une impression de duel judiciaire avec un témoin ou un juge. Ce duel judiciaire corrobore le fait que cette scène représente la justice rendue à Mme Raquin : les meurtriers de son fils aimé répondant enfin de leurs actes. Un deuxième élément est que la tension monte et descend exactement comme lors d’un duel : elle monte progressivement tout au long du texte avec une accélération du rythme : l’auteur emploie des verbes d’action lente : ils se « regardèrent », « ils s’examinèrent » qui contrastent avec l’adverbe « brusquement »,  qui marque le paroxysme ; cette tension est retranscrite aussi dans le mouvement : d’abord des personnages sont « figés » puis ils « se jettent dans les bras l’un de l’autre » dans un mouvement rapide ; enfin cette tension est retranscrite par le son : une scène d’abord silencieuse (« muets ») qui devient bruyante avec les éclats de sanglots.

             Cette scène montre aussi la communion morbide des deux protagonistes qui participe à la montée de la tension et annonce le drame qui va suivre. Par le champ lexical du regard et l’emploi de verbes réfléchis, l’auteur décrit une communion silencieuse de Thérèse et Laurent dans leur mort prochaine. Ainsi, Thérèse et Laurent « se regardent », s’examinèrent », « ils échangent un dernier regard » ; l’adverbe « mutuellement » renforce cette impression de communion ainsi que la répétition du mot regard, « un dernier regard, un regard de remerciement » après des échanges passionnels et tumultueux dans les mois précédents. L’auteur utilise aussi le champ lexical des sentiments (« quelque chose de doux et d’attendri », « ils se sentirent », « ils éprouvèrent ») pour montrer que les personnages sont proches l’un de l’autre, ce qui leur permet de se comprendre sans parler. On note aussi un rapprochement physique de Thérèse et Laurent dans la mort « ils tombèrent l’un sur l’autre, foudroyés » alors qu’ils s’étaient éloignés depuis le meurtre de Camille. Cette communion est toutefois morbide. Les personnages aspirent au « néant », ils sont décrits comme morts (« figés », « glacés ») avant même de devenir des « cadavres tordus », la lumière est inquiétante, une « lueur jaunâtre ».

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