Manon Lescaut
Fiche de lecture : Manon Lescaut. Recherche parmi 301 000+ dissertationsPar Juliette Benteur • 18 Février 2025 • Fiche de lecture • 2 027 Mots (9 Pages) • 18 Vues
Introduction
Dans l’Avis de l’Auteur qui précède Manon Lescaut, l’abbé Prévost présente son œuvre comme un "traité de morale sous la forme d’un roman". Cette déclaration peut sembler paradoxale étant donné que le récit relate les amours passionnées et tumultueuses de Des Grieux et Manon, marquées par la transgression, la fuite et la corruption. Dès lors, peut-on réellement considérer Manon Lescaut comme un traité de morale déguisé en roman ? Si le récit met en scène des personnages dominés par leurs passions et exposés aux conséquences de leurs choix, il reste un roman à la fois captivant et ambigu dans son message moral. Nous verrons d’abord en quoi ce roman véhicule une leçon morale avant d’examiner les éléments qui remettent en question cette intention didactique. Enfin, nous nous interrogerons sur l’ambivalence de l’œuvre et sur la portée réelle de son message.
I. Un roman qui délivre une leçon morale
Un récit marqué par la chute et la punition des protagonistes
Dès le début du roman, Des Grieux est présenté comme un jeune homme vertueux et promis à une brillante carrière ecclésiastique. Cependant, sa rencontre avec Manon le détourne de la voie de la raison et de la vertu, l’entraînant dans un engrenage de mensonges, de duperies et de crimes. Leur amour les conduit à fuir, à manipuler et à trahir, jusqu’à leur inévitable déchéance. Manon, dont la cupidité et l’instabilité sont mises en avant, finit par mourir misérablement dans un désert américain. Des Grieux, après avoir perdu tout ce qui lui était cher, termine le récit en homme brisé. Cette fin tragique semble illustrer une morale classique : les passions excessives et les comportements immoraux conduisent inévitablement à la souffrance et à la ruine.
L’avertissement aux jeunes lecteurs
Prévost adopte une posture moraliste en adressant une mise en garde aux jeunes gens contre les dangers des passions incontrôlées. Des Grieux, aveuglé par son amour pour Manon, trahit ses valeurs et ses amis, commet des crimes et finit par se perdre totalement. Le roman semble ainsi s’inscrire dans une tradition didactique où l’expérience malheureuse du héros sert d’exemple négatif destiné à édifier le lecteur.
II. Une œuvre qui trouble et relativise la morale traditionnelle
Une condamnation ambivalente des personnages
Bien que le destin de Des Grieux et Manon puisse apparaître comme une punition morale, l’abbé Prévost ne les présente pas comme des personnages purement négatifs. Au contraire, Des Grieux est un personnage attachant, dont la sincérité et la ferveur amoureuse suscitent l’empathie du lecteur. Manon, quant à elle, bien qu’égoïste et vénale, est décrite comme irrésistiblement séduisante et spontanée. Le roman ne se contente donc pas de condamner ces personnages : il met en avant leur humanité et leur complexité, rendant leur châtiment profondément émouvant.
L’apologie de la passion et du libre arbitre
Si Manon Lescaut était un pur traité de morale, il devrait insister sur la nécessité de suivre la raison et les valeurs traditionnelles. Or, le roman valorise à plusieurs reprises la passion comme une force irrésistible et sublime. Des Grieux est un personnage qui aime avec une intensité rare et qui, malgré ses erreurs, vit pleinement son amour. À travers lui, Prévost semble suggérer que la vie guidée par la passion, bien que dangereuse, est aussi riche et exaltante. Loin d’être un simple avertissement, le roman propose une vision plus nuancée, où l’amour fou peut être à la fois une malédiction et une source de beauté.
III. Une œuvre à la croisée du traité moral et du roman libertin
Un récit influencé par le roman libertin
Manon Lescaut s’inscrit dans un contexte littéraire où le libertinage est un thème récurrent. Comme dans les romans libertins du XVIIIe siècle, on y retrouve une fascination pour les plaisirs, la transgression et la quête du bonheur individuel. Manon incarne l’inconstance et le désir effréné de jouissance, tandis que Des Grieux, bien que plus sincère, est lui aussi entraîné par cette quête du plaisir. Cette dimension libertine du roman brouille les frontières entre morale et amoralité, entre vertu et plaisir.
Un roman qui laisse le lecteur juge
Plutôt que d’imposer une morale rigide, Prévost semble laisser à son lecteur le soin de tirer ses propres conclusions. Faut-il condamner Des Grieux pour sa faiblesse ou l’admirer pour son amour inconditionnel ? Manon est-elle un démon ou une victime de son époque et de sa condition sociale ? En refusant de donner une réponse univoque, l’auteur dépasse le cadre du traité de morale pour proposer un récit ouvert, où la complexité des sentiments humains est mise en lumière.
Conclusion
L’affirmation de Prévost selon laquelle Manon Lescaut est un "traité de morale sous la forme d’un roman" est donc à nuancer. Si le récit met en garde contre les dangers de la passion et semble condamner le comportement des protagonistes par leur fin tragique, il ne se résume pas à une simple leçon édifiante. L’ambiguïté des personnages, la mise en valeur de la passion et l’absence d’un jugement moral strict font de Manon Lescaut une œuvre plus riche et plus subtile qu’un simple traité de morale. Finalement, le roman propose une réflexion sur les limites de la vertu et sur la complexité des sentiments humains, laissant au lecteur le soin d’en tirer ses propres enseignements.
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Dissertation : "Manon Lescaut", un traité de morale sous la forme d’un roman ?
Introduction
Dans l’Avis de l’Auteur qui précède Manon Lescaut, l’abbé Prévost qualifie son roman de "traité de morale" sous la forme d’un récit romanesque. Cette affirmation peut sembler surprenante, car l’histoire de Des Grieux et Manon met en scène une passion dévorante qui conduit à la transgression, à la tromperie et à la ruine des protagonistes. Pourtant, cette déclaration s’inscrit dans une tradition littéraire
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