La mort de Manon, un hymne sublime et pathétique à l'amour

Né en 1697, Antoine François Prévost est d'abord destiné par sa famille à devenir prêtre.

Mais il s'enfuit, s'engage dans l'armée, déserte, séjourne en Hollande, retourne en France chez les

Jésuites, s'enfuit à nouveau et prononce finalement ses vœux chez les Bénédictins en 1721. Il public

à Paris, en 1728, les tomes I aTV des Mémoires et aventures d'un homme de qualité. Après avoir

quitté sans autorisation son monastère, il est poursuivi par la justice et contraint de s'exiler en

Angleterre. C'est ensuite à Amsterdam qu'il fait éditer les derniers tomes des Mémoires dont le

septième: Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, en 1731. Ce roman raconte les

amours contrariées et tumultueuses d'un jeune cadet de bonne famille, Des Grieux, et d'une jeune

fille d'origine modeste, Manon Lescaut. Situé dans les dernières pages du récit, le passage proposé est un des moments clés de l'œuvre. Des Grieux y aborde un épisode particulièrement douloureux, la mort de Manon, conséquence tragique de la fuite dans le désert des deux amants, à la suite du duel entre Des Grieux et Synnelet, le neveu du Gouverneur, tombé amoureux de Manon et qui voulait l'épouser de force.

Problématiques possibles: En quoi la retenue et la pudeur de Des Grieux rendent-elles ce texte 'd'autant plus émouvant?

Quelles dimensions la mort de Manon donne-t-elle à ce personnage et

à l'ensemble de l'œuvre?

Projet de lecture Nous pouvons distinguer plusieurs mouvements dans le texte : lère partie (1. 1 à 4): Les réticences de Des Grieux à raconter cet épisode.

2ème partie (1. 5 à 14): Le récit de la mort de Manon.

3ème partie (1. 15 à 21): Le silence et le renoncement de Des Grieux.

Le texte débute par trois phrases brèves, seule la quatrième et dernière du paragraphe est plus développée. Malgré la tonalité pathétique du passage ces phrases sont assertives et dépourvues d'exclamation. Elles se distinguent cependant des précédentes par leur énonciation: Des Grieux s'adresse ici directement à Renoncour avec notamment la formule <« je vous raconte >>> ou le verbe << Pardonnez >> (emploi de la deuxième personne du singulier et de l'impératif). Le retour au présent dans ce premier paragraphe introduit une rupture narrative qui mobilise l'attention du lecteur et relance l'intérêt pour le récit. Le registre pathétique est installé par le champ lexical de la douleur: << malheur », « pleurer >», «horreur » et par les hyperboles «un récit qui me tue » ou la formule << un malheur qui n'eut jamais d'exemple ». Le fait même de verbaliser, de raconter l'événement et, d'une certaine manière, de le revivre

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