J'accuse, Zola
Cours : J'accuse, Zola. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Donnuts • 12 Octobre 2024 • Cours • 2 025 Mots (9 Pages) • 28 Vues
J'Accuse…est le titre de l'article rédigé par Émile Zola lors de l'affaire Dreyfus et publié dans le journal L'Aurore (le 13 janvier 1898). L'article est présenté comme une "lettre ouverte au Président de la République" (le président était alors Félix Faure). Au travers d'un véritable pamphlet accusateur, la contestation d'une décision de justice au nom de valeurs universelles, l'écrivain décide de s'exposer publiquement, afin de comparaître aux assises pour qu'un nouveau procès, plus indépendant, puisse se dérouler. C'est cet article qui relance l'affaire Dreyfus, au moment où, le véritable coupable (le commandant Esterházy) étant acquitté, tout pouvait sembler perdu pour le camp dreyfusard. Cet article représente le symbole de l'éloquence oratoire et du pouvoir de la presse mis au service d'une cause juste et généreuse.
Le passage que nous étudions est la conclusion du célèbre article. Cette conclusion est précédée d'une argumentation détaillée et elle est en quelque sorte la récapitulation synthétique de l'argumentation qui précède. Présentation de l’œuvre et de la thèse
Dans un premier temps,Zola, au terme de son réquisitoire, va résumer ses principales accusations et structurer ses propos en employant la figure de style qui a fait le succès de cet extrait, à savoir la figure de répétition qu’est l’anaphore. Ceci constituera l’étude de notre premier mouvement et montrera l’importance de cette figure que martèle le texte. En effet « J’accuse » se trouve répété à huit reprises au début des huit paragraphes en présence. Ces deux mots, un pronom personnel renvoyant directement à la prise de position de Zola, et un verbe, fort de sens désignent de manière formelle et sans équivoque les responsables de cette affaire. Les paragraphes courts dégagent une impression de dynamisme qui suggère au lecteur l’importance du crime commis, l’urgence de la dénonciation de même que la détermination de l’auteur. Dès lors, Zola affirme, voire réaffirme son engagement à l’égard de la défense de Dreyfus, militaire injustement accusé et condamné par ses pairs ainsi que par la société de l’époque et victime de l’antisémitisme qui règne déjà à l’époque. Introduction
Pour commencer, dans le premier paragraphe, Zola accuse le lieutenant-colonel Du Paty de Clam. Il le rend responsable de cette erreur judiciaire en le désignant par une métaphore « l’ouvrier diabolique de l’erreur judiciaire ». Ses propos ne ménagent pas la personne qu’il désigne. Zola emploie l’ironie ligne 2 « l’ouvrier de l’erreur judiciaire, en inconscient, je veux le croire » visant à dénoncer la personnalité malsaine de cet homme et l’idée qu’un gradé de l’armée puisse nuire à un soldat (le capitaine Dreyfus qui était juif) dans l’unique but de protéger le commandant Esterhazy (issu d’une grande famille d’Europe). Le lecteur a ici l’image d’un complot et d’une injustice sans précédent. D’ailleurs l’hyperbole de la ligne 3 « les machinations les plus saugrenues et les plus coupables » encourage le lecteur de cet article à croire en un complot, cf la périphrase ligne 2 « œuvre néfaste » incriminant une force de la nation telle que l’armée.
Le second paragraphe vise le général Mercier, haut dignitaire militaire. Une seule phrase le concerne. Elle est précise et concise, s’attachant à le rendre complice de cette affaire dans laquelle le véritable coupable sera protégé par le biais de fausses preuves. Zola agit de la même manière que dans le paragraphe précédent, en nuançant son propos grâce à l’ironie « de s’être rendu complice, tout au moins par faiblesse d’esprit » ligne 4. En effet Zola précise de nouveau une intention malsaine de nuire à un innocent. De plus Zola exprime ici indirectement son incompréhension totale face à l’agissement des deux premiers accusés qu’il nomme. L’hyperbole qui suit « une des plus grandes iniquités du siècle » renforce cette incompréhension. L’écrivain livre ici au lecteur du L’Aurore, un sentiment personnel qui prouve son engagement à vouloir rétablir la vérité aux yeux de tous.
Zola poursuit ensuite son accusation en évoquant le général Billot. Les motifs de ses agissements sont illustrés par un vocabulaire agressif et injurieux pour les personnes mises en cause, ligne 7 « coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice ». De plus Zola évoque la raison politique, liée à l’antisémitisme, ainsi que la raison d’état, liée à la corruption de l’état-major de l’armée.
Puis dans le paragraphe suivant, l’auteur vise deux complices, le général de Boisdeffre et le général de Gonse. Tous deux ont étouffé l’affaire et l’ironie marquée de Zola montre à quel point leurs agissements sont méprisables, lignes 10 et 11 « l’un sans doute par passion cléricale, l’autre peut-être par esprit de corps qui fait des bureaux de la guerre l’arche sainte et inattaquable ». La métaphore de l’arche clôt cette phrase ironique de manière à faire prendre conscience aux lecteurs que l’armée est intouchable et fait fi de la justice des hommes. Par conséquent, à l’accusation de manipulation de la vérité, celle de crime contre la société s’ajoute la complicité de hauts-responsables de l’armée.
L’ironie de Zola retentit derechef dans le paragraphe accusant le général de Pellieux et le commandant Ravary, lignes 12 à 14. L’on retrouve le champ lexical du mensonge « enquête scélérate », déjà présent dans la lettre. L’hyperbole insiste sur le caractère fallacieux de cette enquête « une enquête de la plus monstrueuse partialité » et l’ironie « un impérissable monument de naïve audace » ajoute à la critique des anti-dreyfusards (nationalistes et antisémites) qui ont agi en toute illégalité.
En outre l’humour et l’ironie du 6ème paragraphe attaquent et dénoncent le mensonge et la mauvaise foi des trois experts en écriture grâce à l’antiphrase « à moins qu’un examen médical ne les déclare atteints d’une maladie de la vue et du jugement ». Cette antiphrase suggère qu’en réalité ils sont aveugles et fous. Une fois encore nous retrouvons l’affirmation d’un mensonge collectif visant à incriminer un innocent au profit du véritable coupable par l’intermédiaire d’un procès truqué.
Les bureaux de la guerre ne sont pas en reste puisque l’auteur attaque le ministre de la guerre et l’accuse de s’être livré à une véritable propagande journalistique contre Dreyfus. Les deux journaux en question sont directement cités, ce qui accentue la lutte personnelle de Zola contre le mensonge et pour la vérité.
Il reste enfin les deux conseils de guerre qui ont rendu un verdict lors des deux procès de Dreyfus. Les tribunaux de l’armée française l’ont reconnu, par deux fois, coupable de traîtrise envers sa patrie et banni. Les termes employés par Zola sont violents et agressifs, mais ils sont à la mesure de l’injustice commise grâce au mensonge et à la manipulation « d'avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète […] d'avoir couvert cette illégalité, par ordre, en commettant à son tour le crime juridique d'acquitter sciemment un coupable. » La phrase accentue la violation des droits du citoyen ainsi que le fait d’avoir commis un crime juridique, c’est-à-dire d’avoir sciemment rendu un verdict erroné et ce, en toute connaissance de cause.
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