En quoi l’univers des Fleurs du Mal et le fondement de la pensée de Baudelaire peuvent conduire à un jugement subversif ?
Dissertation : En quoi l’univers des Fleurs du Mal et le fondement de la pensée de Baudelaire peuvent conduire à un jugement subversif ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Netyy • 3 Novembre 2024 • Dissertation • 1 610 Mots (7 Pages) • 24 Vues
« Son principe, sa théorie, c’est de tout peindre, tout mettre à nu ».
En 1857, Charles Baudelaire publie Les Fleurs du mal, un recueil de poèmes. Dès lors, celui-ci fait scandale, on accuse le poète d’outrage à la morale et aux bonnes mœurs et un procès est lancé. Ernest Pinard dans le réquisitoire qu’il dresse lors du procès, déclare à propos de Baudelaire : « Son principe, sa théorie, c’est de tout peindre, tout mettre à nu ». Le recueil est en effet composé de six parties qui traitent différents sujets. Il apparaît alors qu’Ernest Pinard ait vus en cette division et à travers les différents poèmes, la volonté de Baudelaire de tout représenter. Nous pouvons alors nous demander en quoi l’univers des Fleurs du Mal et le fondement de la pensée de Baudelaire peuvent conduire à un jugement subversif ? Dans un premier temps, nous verrons que les poèmes peignent une partie sombre de la vie. Puis, dans un second temps, nous étudierons les aspects paisibles du recueil. Enfin, nous comprendrons que Baudelaire innove dans la poésie pour représenter le monde.
Tout d’abord, Baudelaire peint les travers et les vices de la société sans tabou, ce qui lui a, en parti causé son procès. En effet, il choisit des sujets provocateurs tels que la déchéance, la noirceur humaine, la religion. On peut relever des poèmes comme La Muse Vénale et Crépuscule du soir dans lesquels Baudelaire fait l’éloge de la prostitution et l’allégorise même comme l’idée de tirer profit des péchés de l’humain : « La Prostitution s'allume dans les rues ; /Comme une fourmilière elle ouvre ses issues », (Crépuscule du soir). Baudelaire consacre également une section au vin dans laquelle il présente l’ivresse comme consolatrice de l'ouvrier et comme la boisson que Dieu avait offert aux hommes pour qu'il apaise ses souffrances quotidiennes. Cette idée est retrouvée dans les poèmes L'Ame du vin , Le Vin du chiffonnier et Le Vin du solitaire «Tu lui verses l'espoir, la jeunesse et la vie ». Il associe également le vin à la violence que celle-ci entraîne dans Le Vin de l’assassin pointant ainsi la noirceur humaine. Cette corruption est également marquée par le détournement de la religion dans la section Révolte notamment avec Le reniement de Saint-Pierre « Saint Pierre a renié Jésus... il a bien fait » mais également avec Les litanies de Satan « Gloire et louange à toi, Satan ». Le poète ressent une forme d’empathie avec Satan en raison de sa misère.
D’autre part, Baudelaire exprime sa souffrance face à l’angoisse de l’ennui, du temps, de la solitude, de l’impossibilité à trouver un sens, c’est ce qu’il appelle le Spleen. Cette idée est présente tout le long du recueil. La noirceur devient matière à création artistique comme le montre le choix du titre du recueil ou de la deuxième section Les fleurs du Mal. La solution qu’il trouve à ses maux est la mort. Il y consacre une section. En forme de paradoxe, la mort devient une chance. La condition humaine n’est plus à craindre pour les pauvres dans La Mort des pauvres « C'est la Mort qui console ». Le poète lui donne une vision idéalisée. Dans La Mort des amants c’est une fusion harmonieuse et éternelle qui est trouvée « Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux » ou dans Le voyage, Baudelaire convoque la mort qui devient le but ultime à atteindre et qui lui permettra de «trouver du nouveau». Ce thème est présent dans tout le recueil. L’auteur écrit même sa propre mort dans Le Mort joyeux. Toutefois dans certains poèmes, il recourt à un vocabulaire dépréciatif et concret qui suscite l’horreur comme par exemple dans La Charogne : « charogne, carcasse, pourriture, puanteur... ».
Toutefois, Les Fleurs du Mal peint également des thèmes plus doux. En effet, Le recueil est marqué par l’exotisme. Cela passe notamment par le thème du voyage. Ce thème est souvent associé à la femme notamment Jeanne Duval, métisse des îles Bourbon, amazone sensuelle, qui appelle le poète vers un ailleurs: «Guidé par ton odeur vers de charmants climats, /Je vois un port rempli de voiles et de mâts/ Encor tout fatigués par la vague marine [...]» («Parfum exotique»). La sensualité féminine engendre des rêves d’ailleurs mais le voyage est surtout associé à une volonté de rupture, une volonté de fuir l’espace du spleen. C’est donc un espoir de mouvement, d’ouverture et de lumière comme on peut le voir dans L’Invitation au voyage, poème associé à la douceur et à la paix «—Les soleils couchants/Revêtent les champs, /Les canaux, la ville entière, —D’hyacinthe et d’or [...]». Le voyage passe aussi par un fort sentiment de nostalgie que ce soit vers un retour vers le monde de l’enfance comme par exemple dans Moesta et errabunda : «Mais le vert paradis des amours enfantine » ou bien par le souvenir d'une époque lointaine et révolue : la Grèce antique avec par exemple les poèmes Le voyage à Cythère ou Lesbos. A travers le voyage, Baudelaire peint sa vision du monde.
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