Homme de Tian Anmen

L’HOMME DE TIAN’ANMEN, PEKIN (1989)

Jeff WIDENER

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Description de l’œuvre :

Il s’agit d’une photographie prise par Jeff Widener le 5 Juin 1989 le lendemain du massacre de milliers d’étudiants sur la place Tian’anmen. Elle montre un homme en chemise blanche et pantalon noir portant un sac en plastique de courses, sans doute, dans la main gauche. Il est sur un passage-piétons au milieu d’une avenue à 800m de la fameuse place. Il se tient debout, seul, déterminé, face à une colonne de chars qu’il empêche de passer.  Au premier plan, on distingue un lampadaire avec des boules blanches.

Explication de l’œuvre et but de l’artiste :

Lorsque Jeff Widener fait cette photo, il n’a pas conscience à ce moment-là de son importance. Avec quelques journalistes restés à Pékin, il est dans une chambre de l’hôtel Beijing, au 6ème étage, envoyé par son agence américaine Associated Press (AP) pour couvrir le lendemain du massacre des étudiants sur la place Tian Anmen. Or, lui-même avait été blessé lors de cette répression.

Lorsque la colonne de chars avance sur l’avenue, il n’a plus de pellicule et se fait prêter par un touriste une pellicule de 100 ASA, ce qui est bien en dessous de la qualité avec laquelle il travaille habituellement et qui l’oblige à prendre une photo toutes les 30 secondes. Concentré sur la ligne de chars, il pense tout d’abord que l’homme en blanc « est fou et qu’il va foutre en l’air sa composition ». Il attend un moment pensant immortaliser avec un cliché la fuite ou même l’exécution de cet homme par le char. Mais, il n’en est rien. Il en résulte des clichés pris à 800 m de la scène et légèrement flous. Mais, cette photo se distinguera de celles de ses confrères par ce lampadaire aux lampes blanches au premier plan et surtout par son cadrage plus rapproché.

Il avouera qu’il n’avait pas saisi ce qu’il se jouait, qu’il était satisfait sur le moment d’avoir réussi sa photo et qu’il s’apercevra qu’un an après que celle-ci restera un symbole de courage, de lutte par la non-violence, par la discussion face à l’oppression et la force.

Mon avis : ★★★★★

J’avais déjà vu à plusieurs reprises cette photo sur les réseaux sociaux. Je l’ai même vue de façon détournée avec ce même homme face à des canards jaunes. J’ai donc voulu m’intéresser à l’origine et l’histoire de cette photo.

En ayant lu ce qu’avait fait l’armée aux manifestants et étudiants sur la place de Tian Anmen, j’ai compris le courage de cet homme qui s’avance vers ces mêmes chars qui avaient sans doute tué certains de ses amis. Cette photo immortalise une scène surréaliste à laquelle les photographes et journalistes ont assisté. Celle de cet homme qui sans peur arrête une colonne de chars. Sur les vidéos prises de ce moment, le char de tête tente de détourner l’homme à deux reprises. Mais, ce dernier se poste toujours devant le char l’empêchant de continuer sa route. L’homme monte même une fois sur le char pour discuter avec les soldats. Il finira par être écarté de la route par un petit groupe d’hommes. Or, même si cette photographie ne montre pas la scène entière, elle est prise au moment le plus fort : un homme, seul, déterminé, désarmé, debout face à des chars. Selon moi, elle peut symboliser qu’un homme peut changer le cours des choses. De plus, elle représente pour moi la lutte sans violence. La veille, les manifestants chinois qui réclamaient juste plus de libertés et de démocratie dans leur pays, l’ont payé de leur vie et d’une façon inhumaine. C’est pour ceci que le pacifisme de cet homme contraste tellement. D’ailleurs, cet homme est à ce jour inconnu. On ne sait pas ce qu’il lui est arrivé. A-t-il été arrêté, tué ou vit-il caché ? Pourquoi n’a-t-il pas été écrasé par le char comme ils l’avaient fait la veille sur les manifestants ? Est-ce parce que leur mission était terminée ou qu’il y avait la presse qui les regardait ?  Il reste à ce jour un soldat inconnu. Enfin, j’ai compris pour quelles raisons on avait détourné cette photo avec des canards jaunes à la place des chars. Ce sont des étudiants chinois qui l’ont fait pour pouvoir la faire circuler sur leurs réseaux alors que leur pays a toujours interdit sa publication. C’est la censure chinoise. C’est aussi pour moi une forme de lutte, un devoir de mémoire. Parce qu’il ne faut pas oublier que même si le symbole de ce 4 et 5 Juin 1989 reste cette photo pacifiste, des centaines de gens ont été assassinées par leur gouvernement. Aujourd’hui, on pourrait remplacer cet homme à la chemise blanche par le Président Zelensky face aux chars russes. Elle reste selon moi très actuelle.

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