Phonologie Anglais
Fiche : Phonologie Anglais. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar maytrabs • 11 Mars 2017 • Fiche • 18 973 Mots (76 Pages) • 1 599 Vues
Edit : sommaire :
1) Strates lexicales et principes généraux d'accentuation en anglais : page 1, message 6
2) Les terminaisons neutres : page 1, message 17
3) Les terminaisons contraignantes :
Intro : Terminaisons neutres et contraignantes : ordre des contraintes : page 1, message 19
a) Les terminaisons contraignantes qui placent l'accent une syllabe avant : page 2, message 33
b) Les terminaisons qui ne placent pas toujours l'accent au même endroit :
-- La terminaison -ate : page 3, message 52
-- Les terminaisons adjectivales -al, -ar, -ous, -an, -ant, -ent et -oid : page 4, message 65
-- Les mots de "type italien" : page 4, message 67
c) Les terminaisons accentuées sur elles-mêmes : page 4, message 70
4) Les mots préfixés
a) Vrais préfixes (séparables) : page 4, message 74
b) Pseudo-préfixes (inséparables) : page 5, message 88
5) L'accent secondaire : page 5, message 91
6) Les composés néoclassiques : page 5, message 92
7) Les mots composés : page 6, message 114
8) Résumé ultra synthétique : page 6, message 116
Avant de commencer les règles, quelques distinctions et quelques principes.
D'abord, on distinguera trois types de mots :
- Les mots non composés (je commencerai par eux, et de toute façon c'est la plus grosse part du travail), qu'ils soient ou non porteurs de préfixes ;
- Les composés néoclassiques, appelés "combining forms" en anglais, par exemple geography ;
- Les mot composés, que les éléments soient collés ou non, avec tiret ou non.
=> Ce que je dirai à propos des terminaisons neutres des mots non composés ne s'applique PAS aux composés néoclassiques. Par exemple, la terminaison -er est normalement neutre (ex: 'energize > 'energizer) mais elle ne l'est pas dans les composés néoclassiques (ex: 'photograph > pho'tographer). Donc tant que je suis dans les mots non composés, n'appliquez les règles qu'à ceux-ci.
Sur les principes généraux, l'impression que l'accentuation des mots anglais est brouillonne et complexe vient du fait que l'anglais est une langue qui mêle plusieurs strates lexicales. Si je simplifie pour ne garder les grandes lignes :
- Au départ, les habitants des terres correspondant aujourd'hui à la GB parlaient non pas l'anglais mais le celte.
- Puis les Germains ont envahi ces terres en emmenant femmes et enfants et ont non pas envahi les Celtes mais les ont purement et simplement massacrés et chassés. Si les Germains avaient vécu parmi les Celtes, les deux langues se seraient plus ou moins mélangées (enfin, je simplifie). Mais comme ils ont chassé les Celtes en dehors de leurs terres, la langue germanique a tout simplement remplacé le celte. En conséquence, en dehors de certains noms géographiques (villes et villages, fleuves, etc.), la langue anglaise actuelle ne contient quasiment aucun mot celte. La base de l'anglais actuel est donc bien du germanique quasi pur.
- Sans que cela ne provoque de bouleversement majeurs, le germanique a tout de même été légèrement augmenté de quelques mots d'origine scandinave en raison de séries d'invasions de Vickings.
- On a emprunté massivement au latin, pendant de nombreux siècles, et un peu au Grec. Le phénomène a également redoublé d'intensité plus tard à mesure que les progrès scientifiques et techniques ont bouleversé le quotidien. De nombreux ouvrages ont été écrit intégralement en latin jusqu'à il y a seulement quelques siècles et, dans certaines circonstances, le latin était également parlé par les gens instruits.
- L'anglais a été également plus que massivement influencé par le français (bon, j'utilise le terme "français" pour simplifier, mais en réalité il s'agit aussi souvent du normand) car, non contents de s'être fait envahir par les Germains et par les Scandinaves, les pauvres futurs anglais ont été largement envahis ensuite par les Français. Vous avez tous entendu parler du Guillaume le Conquérant, et vous savez sûrement qu'à une époque, l'actuelle Angleterre faisait partie du Royaume de France et avait un français à sa tête. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien s'il y a la Bretagne et la Grande-Bretagne ! La langue française a longtemps été la langue officielle en Angleterre, on pendant longtemps, on a parlé français dans toutes les situations officielles (à la cour, au tribunal, etc.) tandis que le peuple envahi ne parlait l'ancêtre de l'anglais qu'à la maison. Il y a cependant eu une grande influence du français sur ce qui devait devenir l'anglais, à tel point qu'énormément de mots français sont restés dans la langue anglaise. Petit à petit, les anglais ont reconquis leur territoire jusqu'à chasser les français, mais les mots empruntés au français sont bel et bien restés. Bien entendu, il s'agit du français de l'époque (vieux français, moyen français...), donc pas forcément les mots tels qu'on les connaît aujourd'hui. J'ajoute que, avec le temps, la tendance naturelle est d'assimiler les mots dans la langue anglais, et donc d'en modifier la prononciation, l'accentuation et l'orthographe.
- L'anglais a également beaucoup emprunté au français mais dans un autre contexte : plutôt dans les contextes scientifique et culturel, surtout aux 19ème et 20ème siècles (donc rien à voir avec les conquêtes). Ces mots-là étant récents, ils sont très reconnaissables car ils n'ont pas subi l'usure du temps. De plus, aujourd'hui, le français a tendance à être considéré comme "chic" dans la langue anglaise, ce qui a pour effet une certaine tendance à lui conserver sa teinte "exotique".
Bon, j'ai fait tout un tas de raccourci et n'ai pas voulu dater les choses (je vous avoue que je n'en serais pas forcément capable pour le moment), et il se peut que la chronologie ne soit pas irréprochable, mais tout ça pour vous dire que la langue anglaise actuelle est donc une langue qui contient de nombreuses strates : une base purement germanique (on peut négliger les rarissimes mots celtes), peu de mots scandinaves mais énormément de latin et de grec, énormément de français emprunté à l'époque des conquêtes, et plus récemment du français plus exotique. Donc l'anglais est-il une langue latine ou germanique ? Les deux, par ajouts successifs. Etant bien entendu que le français, lui, est une langue très majoritairement latine.
Si j'explique tout ça, c'est parce que malheureusement, ces différentes strates du lexique anglais ne se comportent pas de la même manière du point de l'accentuation. Je vous brosse le tableau dans les très grandes lignes (j'omets le grec) :
- La tendance naturelle du stock germanique est d'accentuer en début de mot ;
- La tendance naturelle du stock d'origine latine est de retenir l'accent vers la fin des mots, ce qui donne essentiellement des mots sur la pénultième (avant-dernière syllabe) ou sur l'antépénultième (avant-avant-dernière) ;
- La tendance naturelle des mots d'origine française est d'être accentués sur la dernière syllabe.
Pourquoi est-ce ainsi ?
- Parce que nous, gentils français que nous sommes, accentuons les mots français sur la dernière syllabe sans nous en rendre compte (même si en réalité nous avons davantage un accent en fin de groupe plutôt qu'à la fin de chaque mot, mais peu importe). Lorsque les anglais empruntent un mot au français, ils reproduisent donc ce qu'ils perçoivent de l'accentuation française, et placent très logiquement l'accent sur la dernière syllabe.
- Parce qu'au départ, lorsque les anglais ont emprunté des mots au latin, il semble qu'ils aient conservé l'accentuation latine, qui reposait grandement sur la quantité des voyelles latines : longues ou brèves.
Donc en gros, on a trois tendances accentuelles selon l'origine des mots : accentuer au début (germanique), accentuer vers la fin (latin) et accentuer à la fin (français). Sauf que pour ne pas simplifier les choses, le temps fait son oeuvre et il y a eu de nombreuses transformations. Je résumerai ces transformations en parlant derétraction : le fait que l'accent, placé vers la fin ou à la fin des mots d'origine latine et française, se rétracte vers la gauche. Mais attention, pas forcément au début pour autant. Sur les mots de deux syllabes, certes, ça a forcément été la première syllabe. Sur les mots de trois syllabes, à peu près la même chose. Mais au-delà, la rétraction a généralement été iambique (oui, les iambes, comme en poésie !) : l'accent a sauté une syllabe et est parti se placer deux syllabes avant. Par exemple, la plupart des verbes en -ate (ex: generate) viennent de verbes latins en -are, dont on a emprunté la forme conjuguée en -atus. Il se trouve que la voyelle des mots latins en -atus était longue et était alors logiquement le support idéal de l'accent dans les mots anglais. Mais l'accent s'est rétracté en anglais deux syllabes avant la terminaison -ate, d'où le fait, aujourd'hui, que les verbes en -ate aient l'accent deux syllabes avant leur terminaison. Ainsi : contaminate /0100/.
L'idée de rétraction a joué énormément dans le cas des mots français car cette rétraction n'a pas été systématique. A vrai dire, on ne sait pas encore toujours dire pourquoi elle a affecté certains mots et pas d'autres (j'y travaille ... [pic 1]) mais il semble surtout que ça dépende, entre autres, de la date à laquelle les mots ont été empruntés au français. Ainsi, si le principe veut que l'on emprunte les mots français en plaçant l'accent sur la dernière syllabe, la rétraction iambique fait qu'avec le temps, on se retrouve avec des emprunts au français qui ont l'accent sur l'antépénultième. Par exemple, en anglais, on a university /20100/ parce qu'en français on a l'accent sur la dernière : en anglais, deux syllabes avant la dernière, c'est <-ver-> !
Là où la rétraction devient plus intéressante, c'est qu'elle explique par exemple que certains mots semblent contredire les règles habituelles. Je vous donne quelques exemples :
- La terminaison -ible est normalement contraignante et place l'accent sur la syllabe qui la précède, par exemple : compressible /0100/. Une petite sous-classe de mots fait cependant exception : on enseigne que -igible est également contraignante, et donne donc eligible /1000 et non /0100. Pourquoi ? Parce que les mots en -igible sont des mots empruntés au français. En français, la terminaison "ible" se prononce en une seule syllabe, mais en deux syllabes en anglais. La voyelle accentuée du français, le , est donc initialement accentuée en anglais : on part donc de eli'gible. Mais la rétraction faisant son oeuvre, on recule de deux syllabes, et on en arrive alors à 'dirigible /1000/.
- La terminaison -able est normalement neutre. Par exemple : af'ford > af'fordable, de'clare > de'clarable, etc. Mais alors pourquoi accentue-t-on admirable /1000/ et non /0100/ ? Parce qu'en réalité, admirable n'est pas un dérivé du verbe admire mais a été emprunté tout entier au français. En français, on a admirable /001/ : on fait la même chose en anglais en reculant l'accent de deux syllabes en en prononçant la terminaison en deux syllabes, ce qui donne /1000/.
- Pourquoi y a-t-il des exceptions à la règle de -ic ? Parce qu'il s'agit de très vieux emprunts au français, et que c'est l'accentuation française qui a été retenue pour ces mots-là, fossilisée avec le temps : par exemple on est parti du français hérétique /001/, en anglais on a reculé de deux syllabes, ce qui donne heretic et Catholic /100/. Par contre, catholical s'accentue /0100/ parce qu'avec -al, c'est un emprunt au latin et non au français ...
- Pourquoi accentue-t-on relate /01/ mais relative /100/ alors que -ive est censé être neutre ? Parce qu'en réalité, relative n'est pas dérivé de relate (le verbe est apparu bien plus tard) mais a été emprunté au français relatif, accentué /001/ en français, d'où /100/ en anglais avec la rétraction iambique.
Bref, tout cela était pour vous montrer pourquoi l'anglais semble si complexe : on superpose des couches lexicales qui se comportent de façon différente sur le plan accentuel. D'où cette impression de chaos et des conflits accentuels (d'où les variantes...). Après mes petites explications, j'en reviens à des choses plus terre-à-terre afin de simplifier tout ça dans le cadre de l'agreg. Je vous propose de retenir les tendance suivantes en anglais contemporain :
- Certaines terminaisons sont neutres et ne changent alors rien à la place de l'accent ;
- Certaines terminaisons contraignantes (essentiellement issues du français) placent l'accent sur elles-mêmes ;
- Certaines terminaisons contraignantes placent l'accent une syllabe avant ;
- Certaines terminaisons contraignantes placent l'accent deux syllabes avant ;
- Dans certains cas restreints, la présence d'un agrégat consonantique (= plusieurs consonnes collées) juste avant la terminaison d'un mot peut avoir pour effet de retenir l'accent sur la syllabe qui précède ;
- Les vrais préfixes (préfixes séparables) ne changent rien au placement de l'accent mais prennent un accent secondaire ;
- Les pseudo-préfixes (préfixes inséparables) ont tendance (je dis bien "tendance" car avec les noms c'est plutôt l'inverse) à repousser l'accent vers la droite.
=> On est donc sur une sorte de danse où les danseurs s'observent, s'attirent et se repoussent ; certaines éléments ne font rien, d'autres retiennent l'accent, d'autres le repoussent. Il arrive, mais ça reste assez rare, que ces tendances entrent en conflit (ex: un pseudo-préfixe + une terminaison contraignante). Si on connaît ces règles, on doit normalement savoir où placer l'accent.
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