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Lecture analytique

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Par   •  8 Janvier 2019  •  Cours  •  1 544 Mots (7 Pages)  •  472 Vues

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DOCS Lecture analytique Extrait chapitre 11 Thérèse Raquin, Émile Zola, 1867.

→ La mise en place d'un univers à la fois inquiétant et symbolique.

Le silence et la tombée de la nuit : « Les promeneurs se taisaient », « Laurent ne répondit pas », « on entendait (…) les chants adoucis » : un silence lourd semble régner sur la barque et la nature (pas un bruit d'indiquer pour elle), seul Camille, la victime ignorante de son sort, ose le rompre ; les chants des canotiers sont « adoucis », ce qui indique qu'ils sont loin et que Laurent peut passer à l'action, ces chant résonne comme un « chant du cygne », le dernier chant avant la mort. « ils regardaient les dernières lueurs quitter les hautes branches » : le mot lueur est déjà synonyme de faible lumière, or ce sont les dernières, les hautes branches peuvent donner une impression d'enfermement des personnages, lesquels s'enfoncent irrémédiablement dans le crépuscule, la nuit et donc dans le meurtre à venir (renforcé par « petit bras sombre et étroit »). Tout devient vague avec la tombée du jour, et notamment les formes : « les grandes masses rougeâtres » + l'énumération suivi de la négation exceptive « la Seine, le ciel, les îles, les coteaux n'étaient plus que des tâches brunes et grises » + « brouillard laiteux ». Les couleurs aussi deviennent uniformes : « rougeâtres → sombres », « brunes », « grises », « laiteux », ce qui crée un univers de plus en plus froid, et Camille le dit lui-même « Fichtre ! que c'est froid ! ».

Un temps comme arrêté : Impression que le temps est comme suspendu, arrêté, immobile, notamment avec l'usage de l'imparfait de l'indicatif (temps excellent pour décrire, mais aussi temps de l'action qui dure, qui s'étend dans une durée indéterminée) : « les promeneurs se taisaient, la barque qui coulait, tout le paysage se simplifiait... ». Donne l'impression que le crépuscule ne finit jamais d'arriver, temps de calme avant la tempête et la violence du crime. Immobilité également des personnages qui paraissent comme conduits fatalement vers le crime et la mort : « assis au fond de la barque qui coulait avec l'eau » (ce ne sont pas les personnages qui conduisent la barque, mais l'eau + double sens du mot couler : horizontalement – glisser – mais aussi verticalement, or Camille va mourir noyés + la barque n'est pas sans rappeler Charon et les Enfers antiques ) + « la barque allait s'engager » (sujet, c'est comme si elle le faisait seule, qu'elle amenait les personnages au meurtre). Laurent est tendu « il avançait ses grosses mains sur ses genoux, en serrant les lèvres » (les grosses mains en question vont être l'instrument du crime). Thérèse, quant à elle, est « raide, immobile, la tête un peu renversée » et surtout, elle est dans une position d'attente : « elle attendait ». Seul Camille semble ironiquement actif.

Une nature propice au crime : Toute la nature semble se mettre en place pour laisser perpétrer le crime : la nuit tombe, ils sont seuls ; et d'ailleurs c'est une dernière phrase relative à la nature qui va déclencher la décision et l'action de Laurent « Au loin, en amont, la rivière était libre. » (CC qui créent un suspens) + elle les guide vers le crime. Cette nature, enfin, porte en elle-même, symboliquement, le meurtre : le « crépuscule » est la mort du jour ; « les grandes masses rougeâtres » (couleur qui peut évoquer le sang, d'autant plus avec le suffixe péjoratif), « les deux rives » peuvent évoquer la mort, « l'autre rivage ».

→ Le spectacle du meurtre.

La violence du crime : Champ lexical de la violence « serra plus fort, donna une secousse, du canot qui craquait, le spectacle horrible de la lutte, secouait toujours, cri de souffrance, lança brusquement, folle de rage et d'épouvante... », impression d'acharnement du meurtrier + Lexique également du corps : le combat est intense et violent. + Voix de Camille.

La progression dramatique de l'extrait : Le texte est construit en deux parties : l'une installe l'environnement idéal pour le crime, l'autre fait basculer les personnages dans l'action même du meurtre (« Alors Laurent se leva » : adverbe qui provoque comme un sursaut chez le lecteur). L'imparfait de l'indicatif laisse alors place au passé simple, temps de l'action brève et de la succession. Et, en effet, les actions s'enchaînent : « se leva, prit Camille, serra plus fort, donna une secousse... ».

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