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CONTRIBUTION OSWALD DUCROT LINGUISTIQUE

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Par   •  28 Janvier 2020  •  Résumé  •  1 029 Mots (5 Pages)  •  520 Vues

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(C) La contribution d’Oswald Ducrot à la pragmalinguistique

Lourdes Patricia ROMÁN CANO

1. Introduction et point de départ

La formation et le parcours professionnel d’Oswald Ducrot ont été liés aux domaines de la philosophie, de la recherche scientifique, de la logique mathématique et de la pragmalinguistique. Par ailleurs, c’est lui qui est devenu aux années 1970 l’introducteur de la pragmatique linguistique en France. Directeur d’études titulaire à l’École pratique des Hautes Études en Sciences Sociales depuis 1973, dans l’actualité Ducrot continue à rédiger des publications sur la pragmalinguistique et à enseigner en tant que professeur universitaire.

À l’origine des théories et des études de Ducrot, nous trouvons l’histoire de la linguistique conçue du point de vue du structuralisme, dont le fondateur est Ferdinand de Saussure. Pour lui, dans un premier temps, l’organisation de chaque langue est une caractéristique qui lui est propre, qui n’est basée sur rien d’extérieur. Dans un deuxième temps, Saussure revendique une réalité de cette organisation égale à celle des éléments. Il ne s'agit pas d'expliquer les langues par quelque chose d'autre qu'elles-mêmes. À partir de cette idée, Ducrot consolide une conception structuraliste de la langue où « le discours prend son sens, mais qui est en même temps une projection, à la fois constitutif et constitué » (Ducrot, 1973 : 11).

3. De la « pragmatique intégrée » jusqu’à la théorie de l’argumentation dans la langue

À partir de cette variante du structuralisme qu’il appelle « du discours idéal » (Habert, 1982 : 204), Ducrot essaye parallèlement d’intégrer la théorie de l’énonciation dérivée de la philosophie analytique anglaise : la théorie des actes de langage, dont le pionner est John Langshaw Austin. Dans son travail, Austin décide d'abandonner les conditions de la vérité dans la description linguistique, et il développe le concept de force illocutoire. Celle-ci est décrite en relation avec leurs conditions de bonheur, dont l'accomplissement détermine la réussite de l'acte de langage correspondant à chaque force. Et ceci, comme le fait remarquer Ducrot, implique de considérer l'adéquation d'une déclaration à une « réalité objective » qu'elle représente, un fait qui réintroduit le problème des conditions de vérité.

En ayant comme base cette perspective non véritative, Ducrot élabore avec Jean-Claude Anscombre la Théorie de l’argumentation dans la langue (TAL) en 1983. L’idée principale de cette théorie est que la valeur principale de la langue est argumentative. Dans la formulation de Ducrot et d’Anscombre, l’argumentation présente la valeur de « faire admettre » un raisonnement pour parvenir à une conclusion qui est acceptable par le destinataire de l'énonciation. Les auteurs démontrent que, dans le discours, la valeur sémantique, c’est-à-dire, la signification des signes (des mots, des expressions, des marqueurs du discours), comporte des indications de valeurs qui ne sont pas informatives, mais argumentatives.

4. Les topoï, la polyphonie et les présupposes

La théorie de l'argumentation n'est pas restée immobile depuis sa première formulation : Anscombre et Ducrot ont introduit de nouveaux concepts qui ont amélioré les définitions et complété la théorie. Une acquisition fondamentale à cet égard est la notion de topos, définie comme un savoir partagé par une communauté qui rend possible le passage d’un argument à une conclusion.

L’idée des topoï est en rapport avec la polyphonie. Il s’agit de la présence des voix multiples dans les discours. Ducrot s’intéressé d’une part à observer comment la polyphonie de la « mise en scène » discursive participe à travers le locuteur, qui accomplit une action en relation avec ses interlocuteurs et leur contexte. D’une autre part, l’auteur s'oriente vers une conclusion argumentative qui répond à ses intentions : il souligne que les différentes voix présentes dans une phrase sont associées à des points de vue qui peuvent maintenir une relation de co-orientation ou d'opposition au point de vue d’énonciateur principal. Dans le contexte de la polyphonie, Ducrot défend également que ce que l’orateur prétend supposer, c’est que l’auditeur, même s’il les ignorait auparavant, acceptera des présupposés, qu’il ne les remettra pas en question et qu’il admettra sans objection. Ainsi, lorsqu'un énoncé implique des présupposés, ceux-ci évoquent chez les interlocuteurs un monde de représentations considérés comme « évidentes ». Les présupposés d'une phrase sont donc une sorte de contexte non pas externe mais immanent que la déclaration apporte simultanément à sa propre information.

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