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Séraphin : Avare ou sujet d’étude freudien?

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Par   •  7 Décembre 2022  •  Fiche  •  2 473 Mots (10 Pages)  •  379 Vues

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Séraphin : Avare ou sujet d’étude freudien?

        Il est évident que le personnage Séraphin Poudrier, crée par Charles Grignon dans le roman Un homme et son péché, est un avare célèbre comme d’autres que nous avons vus dans diverses littératures.  Pensons au personnage Ebenezer Scrooge de Charles Dickens, il y a plusieurs parallèles entres ces deux histoires.  Deux hommes avares qui ne semblent pas vouloir le bien-être de qui que ce soit à part eux-mêmes.  En lisant Un homme et son péché de façon plus profonde on dirait que simplement le traité d’avare est peut-être trop facile.  Donc si nous n’acceptons pas de le caractérisé ainsi, comment le caractérisé?  Il a, pourtant, toutes les qualités de l’avarice que plusieurs critiques lui attribut sans questionnement.  

L’histoire est simple, unie, d’un trait pur et rapide.  Séraphin Poudrier n’est pas un avare, il est l’avarice même.  L’homme et son péché s’identifient au point que Poudrier existe, et avec quelle intensité! Uniquement par son péché[1].

Gérard Bessette à pour opinion que tout simplement classifier Séraphin d’avare néglige le coté de Séraphin qui semble obsédé par la luxure, l’excès.  Donc encore on se demande, est-il avare ou assoiffé? Ce ne sont certainement pas des traits qui sont exclusifs, la réponse est certainement quelque part entre les deux.  

Certes, l’avarice constitue le trait le plus frappant de Séraphin.  Non seulement ce vice finit-il par triompher, mais son hégémonie n’est même pas menacée sérieusement au cours de l’intrigue.  Toutefois la concupiscence ou, comme Grignon préfère l’appeler, « l’impureté » ou la « luxure » ne laisse pas de montre de la tête.  Et je me demande si ce deuxième trait, ce deuxième penchant – précisément parce qu’il est refoulé, frustré – n’est pas plus significtif que l’avarice pour qui veut comprendre en profondeur la psyché de Séraphin[2].

Tel et tel font l’hypothèse que ce n’est pas un problème d’avarice nécessairement mais une fixation sur les stage anale et orale infantile tel que décrit par Freud.  Nous tenterons de voir l’histoire derrière la créature de ce personnage qui, presque cent ans après sa création, figure encore non seulement dans les littératures et médias québécoises mais qui est graver dans la conscience québécoise.  Nous commencerons avec une petit analyse onomastique du nom Séraphin avant de parler de sa création et ensuite nous jouerons le rôle de psychologue pour M. Poudrier afin de tenter d’expliquer ses comportements.  Est-il simplement avare ou est-il victime de son élevage?  Cherche-t-il simplement à combler un vide, qui est présent depuis son enfance, avec sa grande passion, l’argent, autrement appelé son péché.  

        Afin d’explorer ce caractères de plus près on doit se demander de quoi Grimaud s’est-il inspiré pour arriver à la création d’un tel type?  Claude-Henri Grignon a toujours proclamer que Séraphin Poudrier était tout simplement un être fictif et que d’ailleurs il s’est inspiré de trois personnes pour créer le « maire de Sainte-Adèle ».  Environ en 2012, la fille de Grimaud annonce qu’en réalité il s’est inspiré d’un individu réel nommé Israël Bélair[3].  Si on explore un peu ce M. Bélair nous allons constater certains parallèles.  Né en 1867, il est décédé à l’âge de 28 ans à Saint-Adèle, ruiné après avoir perdu la tête[4].  À part ça on n’en connait pas beaucoup sur lui.  Sans en savoir plus sur ce M. Bélair il est difficile de voir exactement pourquoi un inspire l’autre à part du fait qu’on semble intimer que M. Bélair est mort à cause de sa ruine, on peut donc conclure que ça richesse tenait beaucoup d’importance pour lui.  Revenons-donc sur Séraphin et jetons un regard sur son historique.  Voici son profil :

Fils cadet d'Évangéliste Poudrier, Séraphin a succédé son père, qui était maire de son village, et aussi comme agent des terres. Séraphin est aussi le préfet du conseil de comté de Terrebonne, un prêteur sur gage intransigeant et surtout un avare aveuglé par la cupidité. […] Séraphin travaille 20 heures par jour et bien qu'il soit très occupé à cause de ses travaux pour la municipalité, il trouve notamment le temps de cultiver sa terre, couper du bois pour vendre des cordes aux habitants du village en hiver et il construit des cercueils (il est donc le croque-mort du village). Maire de la modeste municipalité de Sainte-Adèle, il fricote dans la spéculation foncière, le trafic d'influence, mais surtout l'usure. Il tient un peu tout le monde à la gorge et notamment, Ovide Ruisselet, tenancier de l'auberge du village, qui sera pour toujours son « rapporteur officiel »[5].

Comme on peut le remarquer, il n’y a aucune mention de mère, ceci reviendra plus tard lorsqu’on regarde ce caractère d’un point de vue freudien.  Si on regarde simplement le prénom Séraphin d’un point de vue onomastique, on s’aperçoit que son prénom nous donne un véritable indice sur sa personnalité.  Le nom Séraphin est d’origine arabe et latine et signifie un être enthousiaste ou même passionné[6].  Normalement quand on parle d’un personnage enthousiaste ou passionné on ne s’imagine surtout pas quelqu’un comme Séraphin Poudrier, au contraire on s’attend à voir un caractère un peu plus du style d’Alexis, son cousin.  Séraphin, cependant, éprouve d’énorme passion pour son métier d’usurier et il est comblé d’enthousiasme quand il se beigne presque dans son argent, son péché.  Donc c’est un nom très bien choisi pour le caractère car il lui est vraiment descriptif.

        En recherchant le caractère de Séraphin on réalise que ce caractère de Grignon prend un place très importante dans la conscience québécoise et joue un rôle important dans le changement de culture qui prit place au Québec dans les années 1960. François Brooks, écrivain de Spéculation philosophiques écrit ceci :

On sous-estime l'importance de l'oeuvre de Claude-Henri Grignon dans la transformation sociale du Québec des années '60. Elle fut pourtant le principal tremplin identitaire du féminisme et de la mutation économique nationale de la décennie. […] Le portrait de Donalda en femme traditionnelle soumise deviendra la référence universelle : la sainte épouse qui doit s'émanciper de la domination masculine. Elle fut l'anti-modèle national de la libération de la femme au Québec. Séduisante, mais discrète ; intelligente, mais réprimée ; romantique, mais fidèle ; pauvre, mais généreuse ; faible, mais travaillante ; tendre, bienveillante, indulgente, chaste, économe, réservée, pieuse, obéissante et silencieuse. Son mari Séraphin Poudrier fut l'anti-modèle masculin[7].

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