La Tolérance
Cours : La Tolérance. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Marcchoun • 18 Septembre 2022 • Cours • 1 329 Mots (6 Pages) • 250 Vues
1° Tolérer, c’est accepter (qu’on puisse par exemple énoncer une opinion) sans approuver (cette opinion), voire en la réprouvant. Et il est bien vrai que nous ne tolérons pas les opinions avec lesquelles nous sommes d’accord ; nous faisons d’autant plus preuve de tolérance que sont éloignées des nôtres les idées dont nous approuvons la diffusion.
Approuver tout en réprouvant, c’est déjà une tension – constitutive de la tolérance.
2° La tolérance, vertu ou vice ? Est-il bon d’être tolérant ou cela peut-il être néfaste ? Ici l’optique n’est plus définitionnelle mais évaluative. D’ordinaire on juge que la tolérance est une vertu et l’intolérance un vice. Mais est-ce si simple ?
3° La tolérance est par essence limitée. Tout tolérer ce n’est pas être tolérant, c’est n’avoir aucune opinion et être indifférent : être vide de toute conviction intellectuelle. La tolérance ne vaut que si elle reconnaît la frontière de l’intolérable. Ici le problème est bien celui de la possibilité de définir ce qui est intolérable.
Cette définition est-elle relative (à la culture, à l’époque) ou bien existe-t-il un critère moral objectif permettant de reconnaître ce qui est en soi intolérable ?
Il faut noter qu’il n’est pas question de tolérance en sciences. On n’a pas à tolérer l’erreur. Il n’est donc question de tolérance que dans les domaines où il est impossible d’établir la vérité et la fausseté par des moyens scientifiques. Cela nous conduit plutôt à penser que l’intolérable est une notion relative.
Inversement, si l’intolérable est définissable objectivement (atteinte aux droits de l’homme p. ex.), ce que nous définissons en creux n’est pas tant la vertu de tolérance que le respect inconditionné de la personne humaine. Tolérer et respecter, ce n’est pas la même chose.
Des données de CG :
1° Tolérer, vient de tolero, endurer, supporter = admettre à contre coeur la présence de quelqu’un.
2° Sur la tolérance vertu ou vice, il faut creuser en s’interrogeant sur ce qui motive l’acte de tolérer.
On peut tolérer par faiblesse ou lâcheté : Sade dans sa Nouvelle Justine, CH. 11, 1795 disait : « La tolérance est la vertu du faible »
« Quand on réfléchit à la grandeur, à l'immensité de cet Être suprême, peut-on se flatter de l'adoucir, une fois qu'on a eu le malheur de l'offenser ? Connaissez le caractère de ce Dieu terrible dans l'histoire de son peuple ; voyez-le partout jaloux, vindicatif, implacable, et ces différents modes, qui seraient des vices dans l'homme, ne devenir que des vertus dans lui. Et en effet, perpétuellement outragé par ses créatures, sans cesse envié par le démon, comment, sans une étonnante sévérité, parviendrait-il à manifester son pouvoir ? La marque distinctive de l'autorité est nécessairement la rigueur ; la tolérance est la vertu du faible. Toujours le despotisme indiqua la puissance ; on a beau m'assurer que Dieu est bon, moi je dis qu'il est juste ; et la vraie justice ne s'accorda jamais avec la bonté, qui, prise dans sa véritable acception, n'est qu'un des effets de la faiblesse et de la bêtise. »
Impuissance, lâcheté, indifférence peuvent être les motifs de la tolérance.
Inversement, la tolérance peut être vue comme le privilège de la force. Sont en situation de tolérer ceux qui sont en situation d’interdire. Les majorités tolèrent les minorités, non pas l’inverse.
Exemple de l’édit de Nantes. C’est un édit de tolérance promulgué le 30 avril 1598 par le roi de France Henri IV. Cet édit accordait notamment des droits de culte, des droits civils et des droits politiques aux protestants dans certaines parties du royaume, et mettait fin aux guerres entre catholiques et protestants. L'édit de Nantes sera révoqué par Louis XIV en octobre 1685.
Tolérer ici ce n’est pas reconnaître un droit de culte, une liberté de croyance, c’est condescendre à admettre sur le territoire la pratique d’un culte. La tolérance n’est pas justice, elle est condescendance, « complaisance par laquelle on s’abaisse au niveau d’un autre », « supériorité bienveillante mêlée de mépris ».
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