Dom Juan - Molière; Le discours de Dom Juan dans Dom Juan ou Le festin de pierre de Molière

   Le discours de Dom Juan dans Dom Juan ou Le festin de pierre de Molière

  Il y a plus d’une centaine de versions de Dom Juan dans l’art mondial. Les plus grands maîtres, les poètes brillants, les compositeurs et artistes géniaux collaboraient à  la création d’une galerie éclatante de portraits d’un espagnol passionné et insouciant, séducteur et conquérant de coeurs des femmes. Ils ont les visages différents, mais un seul nom – un nom célèbre, un nom puissant, le nom de Dom Juan. Parmi ceux-ci, le cynique sincère, le trompeur, le scélérat et le violeur Dom Juan de Tirso de Molina, le prototype de tous les Dom Juans ci-après ; le beau féminin, avec une simplicité enfantine, le héros du poème byronienne Don Juan ; toujours en amour avec la beauté, toujours prêt à  répondre à l’amour d’une femme,  le fêtard nonchalant, le séducteur audacieux et éloquent, le Don Juan de Pouchkine et, enfin,  “l'infidèle”, “le séducteur”, “le grand seigneur libertin”, “l'inhumain”, “l’hypocrite” Dom Juan de Molière.
  Molière fit représenter Dom Juan ou Le festin de pierre le 15 février 1665 sur la scène du Palais-Royal, «pendant le temps où cette scène était fermée à sa grande comédie de l'hypocrisie». Malgré le destin malheureux de la pièce, Dom Juan ou Le festin de pierre  de Molière reste à ce jour l’une des plus grandes comédies dans le répertoire mondial et rend nous tant et plus à résoudre le mystère de cette personnalité exceptionnelle, qui a  lancé  un défi impretinent au ciel. Qui est ce Don Juan? Un joueur aventureux? Un séducteur sophistiqué? Un philosophe? Un cynique, qui se moque de tout le monde : de la loi, de la religion, de la vertu, de la morale, de la vie et de la mort? C’est Molière qui a donné à l’image de Dom Juan une ample généralisation réaliste et une certaine compréhension philosophique. Il ne suffit pas de voir dans cette comédie seulement une satire de la débauche ou une satire sur la noblesse; elle est plus ample.
  L’image de Dom Juan chez Molière est un personnage contradictoire : il combine à la fois les qualités bonnes et mauvaises. On rencontre Dom Juan pour la première fois à travers les yeux de Sganarelle, son valet. Dom Juan est « le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté, un enragé, un chien, un diable, un Turc, un hérétique, qui ne croit ni Ciel, ni Enfer, ni loup-garou, qui passe cette vie en véritable bête brute, en pourceau d'Epicure, en vrai Sardanapale, qui ferme l'oreille à toutes les remontrances qu'on lui peut faire, et traite de billevesées tout ce que nous croyons. » Mais, quel est le vice principal de Dom Juan? Il a le coeur le plus agité; il est très chancelant, un homme à femmes - toutes les femmes lui semblent belles et il veut les posséder : « Pour moi, la beauté me ravit partout, où je la trouve ; et je cède facilement à cette douce violence, dont elle nous entraîne;» Dom Juan allumait dans plusieurs des femmes un amour brûlant et leur jurait la fidélité éternelle. Est-ce que il a menti? Je ne crois pas. Quand il a déclaré son amour à Elvire et à paysanne Charlotte il aimait de tout son coeur; il croyait sincèrement en ses paroles. On peut accuser Dom Juan de auto-illusion étourdi, de insouciance impitoyable pour le destin d’une autre personne, mais pas d’une tromperie avec préméditation. Dom Juan, le esthète, est très sensible à la beauté des femmes : « j’ai beau être engagé, l’amour que j’ai pour une belle, n’engage point mon âme à faire injustice aux autres ; je conserve des yeux pour voir le mérite de toutes, et rends à chacune les hommages, et les tributs où la nature nous oblige. Quoi qu’il en soit, je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d’aimable, et dès qu’un beau visage me le demande, si j’en avais dix mille, je les donnerais tous. » et cette sensibilité donne lui «l’ambition des conquérants » et « Il n’est rien qui puisse arrêter l’impétuosité de mes désirs, je me sens un cœur à aimer toute la terre ; et comme Alexandre, je souhaiterais qu’il y eût d’autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses.»  Cette discussion avec Sganarelle donne à Don Juan l’occasion de décrire et de justifier sa conduite de séducteur dans une tirade, qui rend nous à ne juger pas son « âme immense » et à essayer de lui comprendre.
  Parmi les héros de Molière Dom Juan est le plus attractif. Il est étranger à l’importunité et le cafarderie semble gracieuse en la personne du ce gentilhomme artistique et attrayant. Il a un amour particulier de la vie, comme s’il comprenait toutes les lois de l'existence et se sent élu, qui peut arrêter le temps, qui peut transformer un ennemi en un ami, qui peut conquérir chaque beauté. Dom Juan de Molière n’est pas un pécheur abstraite, mais un homme avec ses idées, avec les imperfections incontestables, mais aussi avec certaines qualités. C’est un homme du temps de Molière, l’incarnation pas de l'immoralité en general, mais des vices, que Molière a vu chez ses contemporains. Ainsi, Dom Juan est un héros immortel, et chaque époque mettra au monde un Dom Juan qui aime, flagorne et ne regrette rien comme le héros de Molière.

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