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Candide de Voltaire, excipit

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Par   •  7 Mai 2018  •  Cours  •  2 031 Mots (9 Pages)  •  677 Vues

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Candide de Voltaire, conte philosophique et apologie du travail

Introduction

        Candide est un conte philosophique paru en 1759, pendant le Siècle des Lumières. Ce mouvement littéraire désigne le XVIIIème siècle en tant que période d’émergence de siècles d’obscurité et d’ignorance. Les philosophes permettent d’entrer dans un nouvel âge illuminé par le raison, la science et le respect de l’humanité. L’épilogue du conte Candide décrit la recherche du microsome (monde en miniature) dans lequel chacun trouvera sa place, son équilibre, son installation et l’évolution des personnages. Nous nous demanderons comment cet excipit permet de mettre en avant une vision du travail propre aux Lumières. Dans un premier temps, nous verrons qu’il s’agit de l’excipit de l’œuvre, ensuite, nous étudierons le caractère ironique de cette fin puis nous nous demanderons de quelle manière la morale peut-être interprétée.

I- l’excipit de l’œuvre

A) un texte de clôture

- C'est un texte de clôture au vu de la situation des personnages :

→ « en retournant », « entra » = 2 verbes de mouvement qui expriment l'idée d'un retour.ou d'un devenir qui devient stable → le héros revient chez lui.
- Tous les personnages sont
réunis (Candide, Cunégonde, Pangloss, Martin, Paquette, Giroflée)

- Le temps des verbes  = passé simple : « entra », « se mit », «rapporta », « devint », « fut »... = temps de l'action révolue → on prend des distances : les phrases sont courtes, peu développées + on passe à une généralisation, on s'éloigne des personnages donc de l'histoire, on la considère comme un ensemble. Bien qu'on revienne sur chaque personnage, on donne des informations sur ce qu'ils deviennent (= épilogue), on ne dit pas ce qu'ils sont en train de faire juste à l'instant, c'est une idée plus générale.
- Pangloss fait un récapitulatif de l'histoire :
→ « chassé d'un beau château » : élément perturbateur.
→ « pour l'amour de mademoiselle Cunégonde » : l'objet de la quête.
→ « mis à l'Inquisition » : un opposant + critique de la religion + critique de la philosophie de Pangloss avec tous les malheurs qu'il y a eu.

→ « l'Amérique » = le nouveau monde : de nouvelles découvertes.
→ « coup d'épée au baron » : coup d'épée à l'opposant au mariage.
→ « perdu tous vos moutons » : perte de ce qui se rattache au monde de l'optimisme, donc retour vers la réalité.
→ « des cédrats confits et des pistaches » : situation finale.

B ) la fin d'un conte

- « Tout est bien qui finit bien » car tout le monde est réuni. Il y a une idée de lien entre les personnages :discours direct + « petite société »  = communauté + énumération du travail de chacun = harmonie ≈ utopie.
- Il y a une volonté de mettre en évidence les qualités des personnages et de réduire leurs défauts :
→ « talents »  = mélioratif, ils sont talentueux donc ils ont un
don, ils sont un peu supérieurs.
→ « Cunégonde (...) devint une
excellente pâtissière » = superlatif : elle est très douée.
→ « Giroflée (...) fut un
très bon menuisier » = superlatif + « et même » = il accumule les qualités (alors qu'avant il était mauvais).
→ Cunégonde est « laide,
mais » = laideur renvoyée au 2° plan.
- Il y a également une volonté de grandir ce dont on parle (conte = merveilleux, hors du commun) → perspective plus grande, supérieure : il y a deux énumérations = celle des rois et celle des aventures de Candide = donne une impression d'
abondance par ces procédés: (cf. les 2 énumérations) = statut de héros, il n'est plus naïf, il a vécu beaucoup d'aventures.

- l.24 ≈ maxime, proverbe (phrase courte + « il faut » = obligation) → le conte est un apologue avec une morale ; or cette phrase sonne comme une morale, donc on a bien affaire à un conte.

C) la fin d'un roman initiatique

- Le personnage central est Candide, il ressort de cette fin de conte: « Candide » est le sujet des verbes, il fait des « réflexions », il est donc intelligent, et il réfléchit seul, il est autonome (cf. philosophie des Lumières).
- « Professeur » = « celui qui parle » : Candide joue le rôle de
professeur. De plus, il a pour but d'instruire, il fait part de son savoir à Pangloss et Martin : il apprend à ses deux anciens maîtres = renversement de situation : il devient professeur à la place du professeur ! + conviction/certitude

II- Une fin parodique ? Persistance des décalages ironiques

A) le sort des personnages

Il n'a rien d'exceptionnel (contrairement à l'excipit d'un conte) :
-
décalage entre ce sort final et les aventures surmontées par les personnages,

B ) un roman de formation où seul Candide a évolué

En dehors de Candide, il semble que peu de choses aient changé.

- Visiblement Martin ne ressent qu'un moindre mal (« rendre la vie supportable » (l.14) = la vie est juste supportable), pas un véritable bonheur → il n'est pas très heureux, comme dans le conte traditionnel.

- Pangloss reste bien fidèle à son nom, celui qui est « tout en langue », qui parle pour ne rien dire.
→ Il semble même être resté fidèle à la philosophie de l'optimisme même s'il reconnaît la validité des propos de Candide :
→ « tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles » (l.161-162) = il garde exactement la même formulation.
→ Les connecteurs logiques sont omniprésents dans ses prises de parole : « car enfin » (l.4 + 19), « car » (l.12), « ce qui prouve » (l.13) = liens de cause / conséquences : il continue à « raisonner des effets et des causes » (la philosophie
 leibnizienne repose sur l'idée que chaque chose qui arrive a une raison nécessaire et suffisante, c'est-à-dire que rien n'arrive par hasard, sans raison).
→ La référence à Dieu (selon Leibniz, Dieu a créé
le moins imparfait de tous les mondes imparfaits) est présente avec la mention du « jardin d'Éden » (l.12).
→ Et Pangloss continue à argumenter à partir d'arguments d'autorité : « selon le rapport de tous les philosophes » (l.3-4) + énumération d'exemples célèbres + références à la Bible (la citation en latin donne un côté pédant qui assoit l'autorité de la référence).
- De la même façon, Martin va lui aussi rester pessimiste : la vie est faite de malheurs insupportables et irrémédiables : « seul moyen de rendre la vie supportable » (l.14), « travaillons sans raisonner» (l.14) → il n'y a aucune solution si ce n'est le travail qui fait oublier.
- Même s'il y a dialogue, et même approbation des dires de Candide, ces personnages ne semblent pas intégrer tout à fait la solution qu'il leur propose :
→ « il faut cultiver notre jardin » de vient chez Martin « travaillons sans raisonner » parce que le monde.est horrible → en fait, il réinterprète la morale de Candide en fonction de ce qu'il pense du monde.
→ Et Pangloss cherche une justification chrétienne, religieuse à cette maxime : les hommes ont été mis dans le jardin d'Éden pour travailler. De plus, il va même réinterpréter tous les événements de l'œuvre suivant l'optique de l'optimisme : tout ce qui est arrivé à Candide se solde par une certaine forme de bonheur, ce qui prouve que tout s'enchaîne conformément au dessein divin pour garantir « le meilleur des mondes possibles » (l.19) → ce ne sont pas de vrais malheurs car ils ont conduit au bonheur (= philosophie de Leibniz).

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