Lettres Persanes
Rapports de Stage : Lettres Persanes. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 6 Juin 2014 • 1 584 Mots (7 Pages) • 1 585 Vues
I. Ecrire et mourir : les voies de la liberté
1/ Une lettre d’adieu entre passé et mort certaine
Etude de l’énonciation
a/ Cadre spatio-temporel : Lettre écrite d’Ispahan à Paris, datée précisément dans le calendrier musulman. Pour les lecteurs c’est de l’actualité (ce qui se passe ailleurs au même moment).
b/ Pronoms et interlocution : Lettre d’une femme à son époux, depuis un « affreux sérail » avec des « gardiens » et des « eunuques » (couleur locale orientale du harem). Jeu entre le « je » et le « tu » (parag. 1, 3, 4, 5, 6, 7) : confrontation par l’écriture. Réglement de comptes final.
c/ Récapitulation et décision (la mort de l’amant comme déclencheur)
Lettre qui récapitule le passé :
- lointain : vb à l’imparfait l.17, 20, 21
- qui se prolonge dans le présent : vb au passé composé, tout ce qu’elle a fait
- proche : « je viens de » l.5
Lettre qui ouvre sur le futur proche : l.3
Lettre au présent d’énonciation : l.4, 5 / l.22, 24-25, où l’écriture et la mort se rejoignent.
2/ Un dénouement tragique : la mort en direct
Le roman se dénoue dans un climat tragique et pathétique
Allusion à sa mort proche, par le poison : mort lente que l’on voit venir, qui ne lui done que le temps d’écrire à Usbek cette vérité d’autant plus forte.
Hâte d’écrire visible dans l’absence de formules intitiales et finales, à la disposition en paragraphes très courtes, à l’absence de liaisons dans cette écriture très directe.
Le lecteur assiste à sa mort en direct au dernier paragraphe : forces qui partent, haine qui s’éteint : anéantissement du corps, puis de l’esprit, engloutissement de la vie, mort qui s’écrit : « la plume me tombe des mains », « mourir » est son dernier mot.
Mort de Roxane mais aussi celle des autres :
- son amant auquel elle ne veut pas survivre (femme passionnée, amoureuse, éloge de ce « seul homme qui me retenait à la vie », « le plus beau sang du monde ». Elle apparaît fidèle, exclusive, fortement attachée au point de ne pouvoir lui survivre. Le crime est « sacrilège » : l’amant est donc sacré.
Force d’une passion qu’elle aurait voulu « faire paraître à toute la terre ».
- les gardiens qui l’ont tués : allusion à l’âme qui s’envole « bien accompagnée » (ironie). On comprend que Roxane a tué les criminels sans doute aussi par le poison (arme favorite des femmes qui ne nécessite aucune force physique). Euphémisme ironique « je viens d’envoyer devant moi » qui laisse planer le doute sur les moyens employés pour tuer.
3/ Une lettre de révélation : l’envers du mensonge
Roxane écrit pour faire la lumière sur la vérité avant de mourir.
Le mensonge n’a plus de raison d’être et elle en profite pour s’en libérer en écrivant.
Cette dernière lettre du roman doit éclairer la totalité de sa correspondance avec Usbek, tissu de mensonges destinés à protéger son amour et sa relation. L’amour vrai ne peut donc être vécu que dans la dissimulation.
Le « oui » initial est une confirmation d’une accusation adressée par Usbek, d’un soupçon. = oui c’est vrai.
Thème de la tromperie, de la ruse, du jeu, du faux-semblant : « je t’ai trompé », « je me suis jouée » (l.1) ; « je me suis abaissée jsuqu’à te paraître fidèle », « j’ai lâchement gardé dans mon cœur » (l.13-14) ; « j’ai profané la vertu en souffrant qu’on appelât de ce nom ma soumission… » (l.15) = rythme ternaire. Il y a du regret de s’être avilie dans ce mensonge, et d’avoir avili son amour.
Elle éclaire aussi la supériorité que lui donnait le fait de lui mentir à son insu, « tu me croyais trompée, et je te trompais » : le chiasme place le verbe « croire » du côté d’Usbek. On pourrait rétablir : et moi je savais que je te trompais. Croire s’oppose à savoir.
Et ce qu’elle sait et a toujours su, Roxane l’envoie aujourd’hui à Usbek comme une arme destructrice.
II. Roxane, femme révoltée
1/ La haine pour le despote
Ton sec et tranchant, écriture blessante et affûtée comme une arme, signe de l’intelligence de Roxane.
a/ Elle exprime sa haine envers lui de manière hyperbolique : « tu y aurais trouvé toute la violence de la haine » (l.18), haine d’autant plus forte qu’elle est tenue sous silence ; « je sens affaiblir jusqu’à ma haine » (l.25) : c’est le dernier sentiment qu’elle éprouve avant la mort.
b/ Roxane ironise beaucoup sur Usbek, c’est sa revanche :
- elle lui demande de la remercier : « tu devrais
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