Incipit Education Sentimentale de Gustave Flaubert

Gustave Flaubert était un des plus grands écrivains réalistes. Le sujet de son roman, « L’éducation sentimentale » publié en 1869 parle de l’amour de Frédéric Moreaux pour Madame Arnoux qui est mariée. Cet incipit présente le retour du personnage principal vers la ville où il est né, Nogent sur Seine. Celui-ci se fait à bord d’un bateau qui part de Paris. 

Nous verrons si les fonctions de présentation et d’information sur le lieu et le personnage principal de cet incipit sont bien présentes et de quelle façon l’auteur l’a rédigé.

        Le début de l’incipit débute par une date extrêmement précise « Le 15 septembre 1840, vers six heures du matin » (ligne 1) Nous sommes à l’époque de la Monarchie de Juillet. Louis-Philippe 1er est roi des français. La scène se déroule à Paris, l’écrivain utilise une métonymie pour désigner Paris « le quai St Bernard » (ligne 2),. Cette figure de style est suivie par une énumération de plusieurs lieux « l’île St Louis, La Cité, Notre-Dame » (ligne 13) et finalement se termine avec Paris, capitale de la France, ville connue par un grand nombre de personnes. Tous ces noms permettent au lecteur de situer le cadre de l’incipit. C’est très détaillé, ce qui est souvent le cas dans les romans réalistes.

De plus le lieu ou se déroule l’action, un quai d’embarquement, est un endroit très animé. Des verbes d’action sont d’ailleurs employés « arrivaient, se heurtait, montaient ». L’emploi du pluriel pour l’énumération  « des barriques, des câbles, des corbeilles de linge », employées au pluriel (ligne 3) ainsi que pour les personnages qui sont présent renforcent cette impression tout comme l’utilisation du champ lexical du bruit « tapage, bruissement, tintait » (lignes 5 et 7). Tout ce bruit et ce mouvement sont opposés au personnage, qui semble très calme et ne bouge pas.

        Le jeune homme est présenté peu à peu. En effet, l’auteur fait d’abord une description rapide de son personnage en nous indiquant seulement son âge et un aspect physique « Un jeune homme de dix-huit ans, à longs cheveux » (ligne 10). C’est un point de vue externe

Par l’attitude du jeune homme sur le bateau et la façon dont il regarde le paysage, on peut penser qu’il a des regrets de quitter Paris,  « immobile » (ligne 11) et « il poussa un grand soupir » (lignes 13, 14)  Il a l’air rêveur, l’auteur emploie des verbes qui donne cette  impression de calme « contemplait, embrassait » mais aussi d’admiration (lignes 11 et 12). Il admire la ville, mais ne la connaît pas puisqu’il ne peut donner les noms des monuments qu’il regarde.

Puis Gustave Flaubert devient plus précis en donnant l’identité de son personnage, la raison de sa présence sur le bateau, ainsi que son niveau d’études et son avenir (Lignes 15 à 16), mais également d’où il vient (Le Havre) et l’endroit où il retourne (Nogent sur Seine). Il s’agit d’un point de vue omniscient On a de plus en plus de renseignements sur la vie de Frédéric Moreau au fur et à mesure du texte. On suppose en effet qu’il a peu d’argent, car  c’est sa mère qui lui a donné une somme d’argent afin d’aller rencontrer un oncle dont elle « espérait pour lui l’héritage » (lignes 13, 14). On se rend compte que c’est la mère du jeune homme qui a l’air de s’inquiéter pour son avenir. Avec la dernière phrase et l’emploi du verbe « se dédommageait »,  de l’incipit, on sent le regret du jeune homme de ne pouvoir rester à Paris, d’ailleurs l’auteur emploie une périphrase pour désigner la ville « la capitale » (ligne 19)  au lieu d’écrire Paris pour insister sur l’admiration de Frédéric. Il n’est de plus pas pressé de rentrer chez lui « la route la plus longue. (ligne 19). On a donc une présentation progressive du personnage.

...