Brodeck apologue

Le Rapport de Brodeck de Philippe Claudel : un récit fabuleux. Etude de trois apologues

Dans ces trois extraits issus du roman le Rapport de Brodeck de Philippe Claudel émergent les caractéristiques d’un apologue. En effet, chacun de ces courts récits, celui d’Orschwir, celui de Buller et le conte du petit tailleur Bilissi, délivre une morale.

Dans l’extrait n° 1, les porcs ne sont qu’une allégorie de l’humanité à travers 3 âges de la vie : « l’innocence » , « la hargne stupide » et la « sagesse ». Comme dans une fable, les hommes sont représentés par des animaux.

La symbolique de la sagesse selon Orschwir c’est comme les porcs adultes de vivre serviles pour survivre, sans remords, sans regret. L’important c’est de vivre quelles que soient les choses que l’ont ait faites ou laissées faire « ils ne connaissent pas le remords », « le passé leur est inconnu ».

L’extrait n°2 permet à Buller au travers de son savoir entomologique, de faire d’un groupe de papillons les Rex flammae l’exemple d’une loi universelle pour survivre en communauté. Les papillons sont personnifiés et pensent et agissent comme des humains. Il souligne leur apparente solidarité « vivent en groupe », « se rassembler », et leur accueil potentiel d’éléments étrangers « Ils tolèrent…des papillons d’autre espèce… » .

Cependant ils sont prêts à tout pour garantir leur survie, y compris à livrer les étrangers de leur groupe à l’ennemi l’oiseau. L’analogie des Rex flammae avec les villageois est évidente, comme l’oiseau représente les Fratergekeime, et Buller au travers de ce discours scientifique justifie les dénonciations et la purification comme nécessaires à la survie. Ainsi la dénonciation de Brodeck est la conséquence naturelle de la survie du groupe face à l’hostilité. La sélection naturelle est paradoxalement la morale immorale de cette démonstration sous couvert scientifique « l’unique morale qui prévaut c’est la vie ».

Le conte du petit tailleur Bilissi appartient lui au domaine du récit fabuleux, il est emblématique. En effet, ce court récit est comme une parabole de l’histoire de Brodeck, un récit symbolique : quand la réalité devient trop dure à affronter il est bon de se réfugier dans un rêve éveillé, où tout se déroule selon nos envies et désirs.

Privé de sa mère et de sa femme, Bilissi ne veut plus rien du roi de crainte de tout perdre. Alors que le seul bien qui lui reste : sa fille, n’est qu’une « chimère ». Imaginer, rêver est un besoin profond de l’homme.

Ces trois extraits, en mettant en scène des animaux symboliques ou des personnages de conte sont bien des apologues qui permettent à l’auteur

...