Quel est l'intérêt des passages d'analyse psychologique dans les romans ?

Les passages d' analyse psychologique semblent ralentir l' action du roman et peuvent ennuyer le lecteur qui souhaite être tenu en haleine par l' intrigue. Pourtant sont-ils superflus ? Ne contribuent-ils pas à l' avancée de l' intrigue ? N'ont-ils pas des fonctions qui légitiment leur présence parfois envahissante ?

I. L' analyse psychologique contribue à faire avancer l' intrigue

A. Elle peut rendre compte des situations de dilemme dans lesquelles se trouvent les personnages, et leur permettre de les résoudre en prenant une décision ferme.

Ex : Victor Hugo, Les Misérables " Tempête sous un crâne " : Jean Valjean est confronté à un dilemme, un cas de conscience, et après délibération avec lui-même décide de révéler sa véritable identité, ce qui sera déterminant pour la suite de l' intrigue.

B. Elle permet au personnage de faire le point sur lui-même, et ainsi de mieux se comprendre, pour agir avec raison.

Ex : Mme de La Fayette, La Princesse de Clèves : Cet arrêt sur soi-même est nécessaire pour que Mme de Clèves réalise qu'elle s'est trahie elle-même et pour qu'elle règle sa conduite à l'avenir : elle décide après cette introspection de fuir M. de Nemours.

C. Elle permet au personnage de mesurer les conséquences de ses choix, la responsabilité qui lui incombe. Ses actions ultérieures sont donc déterminées par ces " pauses " d' analyse psychologique.

Ex : Jean-Paul Sartre, La Mort dans l'âme : Boris est un personnage " en situation " ( expression employée par Sartre à propos de ses personnages ), c'est-à-dire placé face à une situation qui met en jeu sa responsabilité et sa conscience. Sa décision, d'ailleurs différée, engage tout son être, et ce court passage d'introspection lui permet d' en prendre conscience.

II. Les passages d'analyse psychologique permettent au romancier de donner plus d' épaisseur et de complexité à ses personnages

A. Ils donnent plus de réalité, de consistance aux personnages, qui semblent ainsi plus humains.

Ex : Madame de La Fayette, La Princesse de Montpensier ≠ La Princesse de Clèves : le premier récit relate essentiellement l'intrigue et sa progression, sans approfondir la psychologie du personnage féminin comme c'est le cas dans le deuxième roman, plus abouti et plus captivant. Si la Princesse de Montpensier est assez fade et d'un caractère stéréotypé, la Princesse de Clèves accède au contraire au rang d'héroïne tragique.

B. Ils rendent compte de la complexité intérieure des personnages, que seules leurs actions ne peuvent révéler.

Ex : Guy de Maupassant, Pierre et Jean : Lorsque Pierre découvre que son frère est le fruit d'une union adultère, un long passage d' introspection manifeste sa souffrance intérieure, son effort pour essayer de comprendre sa mère et aller au-delà du jugement moral.

C. Ils peuvent permettre au lecteur d'aller plus loin que le personnage lui-même dans l'analyse des motivations et des passions qui l' animent.

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