Philosophie, Sujet Corrigé
Fiche : Philosophie, Sujet Corrigé. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar laminendiayesn • 21 Mai 2013 • Fiche • 1 044 Mots (5 Pages) • 1 009 Vues
Sujet 1995 Corrigé
En prose le courant qui correspondrait le mieux à la poésie lyrique est sans doute l’autobiographie ou encore le roman psychologique. Or, ce denier ne se développe pas encore en Afrique francophone, tandis que le roman autobiographique, si abondant entre 1948 et 1960, se raréfie maintenant de plus en plus. A part en Afrique du sud où, à la suite d’Abrahams, Mphalele et Hutchinson écrivent leur propre histoire, la dernière autobiographie valable depuis les indépendances est sans doute celle de Nkrumah qui est d’avantage un traité de politique qu’un roman. Et ceci peut être interprété comme un signe des temps. Le prosateur africain est aujourd’hui requis par une société qui le passionne peut- être trop pour qu’il songe à parler exclusivement de lui-même.
De plus, il s’agit moins de témoigner de son être que niait la société coloniale que de résoudre les problèmes très concrets que pose aujourd’hui la société en voie de décolonisation. Le courant « engagé » est donc en prose, plus vivace que jamais. Mais non tant revendicatif contre le blanc (ici même exception pour les romanciers des pays non colonisés et des Etats-Unis) qu’affrontant la vie actuelle des Noirs : les sujets des romans, pièces de théâtre, nouvelles, tournent autour des mille problèmes de la vie sociale Africaine : le chômage, la dot…, l’émancipation des femmes, le mariage forcé, la corruption des fonctionnaires…, les méfaits de l’alcoolisme, les conflits et malentendus entre générations, entre chefferie et préfecture, entre médecine et sorcellerie, entre religions africaines et européennes…,entre ville et campagne, entre riches et pauvres.
Ces thèmes expriment parfaitement le choc des deux civilisations qui se heurtent et se disputent l’âme des Africains d’aujourd’hui. Et les hésitations, les angoisses, les choix successifs soit pour la tradition, soit pour le « modernisme », les tentatives de synthèse plus ou moins satisfaisantes, toutes ces attitudes qu’on trouve dans les romans nègres actuels traduisent exactement la situation de l’Africain d’aujourd’hui, à la recherche d’un difficile équilibre. Cependant plusieurs écrivains ont tendance à « dédramatiser » cette situation soit en l’analysant minutieusement, soit en la traitant de façon humoristique. Ainsi un sujet comme la dot peut fournir soit un roman tragique comme Sola ma chérie de Philombe, soit une comédie comme Les trois prétendants, un mari de Guillaume Oyono . La façon dont Seydou Badian traite le conflit de générations dans Sous l’orage n’est ni tragique ni comique, mais objective et le roman se termine par un compromis qui doit arranger les vieux comme les jeunes. Pourquoi ces variations de tons devant le même problème ? Parce que, malgré tout, l’avenir de l’Africain paraît moins sombre que jadis. L’essence de la tragédie est le conflit de l’homme contre le Destin, ce dernier étant vainqueur de l’homme écrasé. Rappelons-nous Œdipe-Roi, Antigone, les tragédies de Racine et, dans la littérature africaine, celles de Césaire : Et les chiens se taisaient comme Le roi Christophe se terminent par la mort du héros. Mais pour l’Afrique décolonisée, même si elle est souvent « mal partie »comme le disait René Dumont, elle peut encore espérer de bien arriver. Elle peut rectifier son chemin, en trouver d’autres, inventer des solutions nouvelles. Elle a l’initiative enfin, la liberté de se sauver ou de se perdre.
Et c’est cela que sentent confusément les écrivains noirs : le Destin n’est plus inéluctable. Il n’est plus tracé d’avance. Il n’y a plus de Destin mais l’homme libre qui tient son avenir entre ses mains.
Lilyan Kesteloot, Anthologie négro-africaine
Marabout Université 1976 p.248 et 249 Belgique.
1) Résumez ce texte au quart de sa longueur, soit environ 149 mots. Une marge de différence de plus
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