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Lecture analytique: L'ingénu - Voltaire

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Par   •  29 Avril 2016  •  Commentaire de texte  •  1 096 Mots (5 Pages)  •  3 762 Vues

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Lecture analytique n°1 dans L’Ingénu, Voltaire.

Passage pages 33-34, « L’impitoyable bailli » -> « la plus belle attitude du monde » : Un Huron chez les Bretons. 

        Le procédé consistant à faire d’un étranger apparemment naïf le révélateur de la médiocrité d’une société a été souvent utilisé au XVIIIème siècle, tel que Montesquieu dans Lettres Persanes. Voltaire, autre Philosophe des Lumières, l’utilise à son tour dans son œuvre romanesque intitulé L’Ingénu publié anonymement en 1767. L’Ingénu, jeune Huron Canadien accueilli au chapitre I par des bretons de Saint-Malo après leur avoir indiqué l’explication de son surnom et sa situation d’orphelin, est particulièrement interrogé par ses hôtes sur sa religion.

        Nous nous demanderons de quels procédés usent ici le narrateur pour exprimer ses critiques et ses réflexions sur l’Homme et la société.

I/ Le comique du passage

  1. Un comique de caractère caricaturé

L’impitoyable bailli est ridicule car il a un caractère excessif, en proie à une passion. Tout ceci est servi par des consonnes dures, des hyperboles, la polysémie du terme « questionner » (véritable torture). Ce personnage agit mécaniquement et pousse sa curiosité indiscrète jusqu’à demander sa religion de manière hypocrite (formule de politesse).

Ce même excès caractérise les deux personnages féminins. On le voit à travers des interjections, des exclamations. C’est un excès d’étonnement et d’indignation devant un Ingénu non baptisé et non de la même religion qu’elles, qui pourrait résulter de leur ignorance (Voltaire a la charité de ne pas nous l’indiquer).

Enfin toute l’assemblée semble saisie d’une hystérie collective par une sorte de contagion : la rage de convertir le Huron au catholicisme. Cette hystérie débute à « nous le baptiserons » et les exclamations.        

  1. Leur projet est assez ridicule et comique

L’Ingénu est présenté comme un nourrisson. Quand il refuse (« L’Ingénu répondit que », l.24), l’hystérie retombe alors. Les verbes de parole montrent un calme de fermeté (« il dit que », « il témoigna que », « répondit que », l.24 -> 28). Dialogue de sourds : il est obligé de répéter ses choix pour enfin se faire comprendre (« La loi des Hurons valait pour le moins la loi des Bas-Bretons », l.26-27).

II/ La satire du passage

Ce comique n’est toutefois pas un comique gratuit. Il exprime des critiques.

  1. L’ethnocentrisme religieux des Bas-Bretons

La question même de l’impitoyable bailli est une question totalement fermée (étroitesse de l’esprit de cet homme), dans la mesure où selon lui il n’y a que trois religions possibles (« religion anglicane, ou la gallicane, ou la huguenote », l.4) qui ne sont pas vraiment des religions (branches schismatiques) -> toutes trois désignent le christianisme : anglicane = Eglise Anglais / Gallicane = Eglise Française / Huguenote = Eglise protestante Suisse  ; il n’y a donc en fait qu’une seule religion possible.

Cet ethnocentrisme le pousse à l’intolérance à l’égard du Huron que l’on retrouve à travers les personnages féminins mais aussi à l’égard des Anglicans, une intolérance qui repose sur l’ignorance (ex : questions rhétoriques de St Yves). Le procédé ironique de Voltaire consiste à laisser parler les personnages qui se disqualifient eux-mêmes à l’égard du lecteur -> il n’a donc pas besoin d’intervenir.

  1. La syntaxe rigoureuse et précise

Tout d’abord, il emploie des tournures restrictives (ne … que l.7, l9, l25-26)

Il emploie aussi des hypothétiques (si et seulement si, pourvu que). Invitation à la pensée critique.

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