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Commentaire, "Comme une main à l'instant de la mort", Robert Desnos, Corps et Biens, 1930.

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Par   •  6 Mai 2016  •  Commentaire de texte  •  1 795 Mots (8 Pages)  •  4 522 Vues

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Commentaire de texte :

Comment se manifeste l’association de l’amour et de la mort dans ce poème ?

        Le texte à l’étude est un poème de Robert Desnos qui s’intitule « Comme une main à l’instant de la mort », publié en 1930 dans son recueil Corps et Biens et il appartient plus particulièrement à une section formée de 7 poèmes nommées « A la mystérieuse ». Le titre du recueil désigne non seulement une expression toute faite qui s’applique à un naufrage et indique que tout le bateau, marins inclus, a sombré ; mais également, symboliquement, il suggère un engagement total et absolu du poète à la fois dans l’amour et dans la poésie. En effet, tous les poèmes de la section « A la mystérieuse » (dans notre cas) sont inspirés d’une passion à sens unique pour Yvonne George. On y retrouve d’ailleurs un lyrisme assez bouleversant et novateur ; il pourrait s’agir en quelque sorte de déclarations d’amour, mêlant une grande liberté formelle, la proposition d’images et d’associations typiquement surréalistes.

Robert Desnos a fait partie intégrante de ce mouvement : le surréalisme, rappelons-le, est un mouvement littéraire né après la Première Guerre Mondiale. Les surréalistes trouvent leur inspiration dans le rêve, l’amour, l’inconscient. Chez les surréalistes, l’image poétique est très importante ; elle opère le rapprochement fulgurant de deux réalités que la logique oppose.

        Comment se manifeste l’association de l’amour et de la mort dans ce poème ? Pour répondre à cette problématique, nous verrons d’abord la façon dont le poète associe l’amour avec la mort mais également que ce dernier joue sur la structure et la syntaxe de son poème tout en utilisant de nombreuses images.

        On relève tout d’abord dans ce poème la présence de l’ « amour » (directement cité aux vers 8 et 22) et celle donc également du registre lyrique. Robert Desnos nous fait entendre sa propre voix à travers l’emploi d’un « je » très présent, se caractérisant par l’expression de ses sentiments : « j’aspire », « je veux m’en persuader »,  « je n’ai jamais pleuré » ; on relèvera aussi : « J’aime trop mon amour pour pleurer » (v.22) où le poète considère ici l’amour comme étant la source suprême du bonheur. Mais on peut également relever à travers « ma maîtresse » ou le « toi » du dernier vers du poème, la présence d’une femme. C’est bien elle la « mystérieuse » dont il est question dans le titre de la section et ses désignations dans le poème confirment cet halo secret puisqu’elle n’est ni nommée ni caractérisée : nous pouvons seulement relever la métonymie « tes regards », la désignant. Nous porterons enfin notre attention sur le fait que l’amour exprimé par le poète est à ‘sens unique’ comme le connote le vers 21 : « Je mentirais. Je dirais que tu fus ma maîtresse ». En revanche, nous allons pouvoir constater que l’amour est d’autant plus présente dans la mort qu’elle ne l’est dans vie et qu’elle constitue en quelque sorte la seule échappatoire.

        C’est donc également et surtout la mort qui est omniprésente dans ce poème, elle le débute et le termine, l’enchâsse. On peut d’ores et déjà relever le champ lexical de la mort : « instant de la mort », « meure », « nous mourrons ». De plus, on voit apparaître le thème du « naufrage » qui connote bien évidemment la mort, tout comme la nature avec « la feuille qui tombe », ce sont les feuilles ‘mortes’ qui tombent des arbres ; ou encore le « soleil couchant », la ‘lumière’ de l’être s’éteignant. Néanmoins, Robert Desnos a aussi attribué un rôle de ‘sauveteur’ aux bateaux : « bateaux de sauvetage », ce qui montre encore une fois qu’il existe une sorte d’échappatoire comme nous l’avons dit précédemment avec l’amour. Ou du moins, le poète tente de « [s]’en persuader » ; il est totalement impuissant face à la mort comme le montre l’emploi de l’adjectif « c’est tellement inutile » ou « tu pleureras ». La mort est donc perçue à travers un registre élégiaque mais, en filigrane, la fuite du temps présente dans ce poème traduit également cette idée.

        En effet, le temps prend possession du poème de Robert Desnos. On le retrouve dans la répétition du vers 4 : « Il n’est plus temps, il n’est plus temps », cela connote donc l’obsession du poète pour le temps qui passe, de plus, ce dernier dit lui-même au vers 7 « rien n’est perpétuel sur terre ». On peut relever l’adjectif qualificatif « surannée » qui accompagne la « valse » et marque encore une fois, une dimension temporelle comme le confirme la fin du vers « qu’emportent le temps ». La nature intervient elle aussi dans l’expression du temps qui passe avec les « orages qui s’enfuient », « durant les longs espaces du ciel » ou encore au travers des « Paysages. » (mis en valeur ici puisqu’ils continuent un seul et même vers) qui sont donc bien évidemment éphémères et pour lesquels le poète souhaiterait figeait le temps afin qu’ils ne changent pas : « Moi, je n’en veux pas d’autres » (le « moi » affirmant encore une fois son point de vue). C’est enfin l’emploi du subjonctif « meure » qui pourrait montrer l’obsession quotidienne du poète d’un jour ne plus se réveiller en entendant le chant du coq. La présence du temps est d’autant plus marquante que le poème se termine sur l’adverbe de temps : « bientôt »…

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