Peut-on dire que le poème « Le drapeau de Carillon » est patriotique?

EXEMPLE DE PARAGRAPHE DE DÉVELOPPEMENT

Peut-on dire que le poème « Le drapeau de Carillon » est patriotique?

Malgré tout, nous pouvons affirmer que le poème de Crémazie est essentiellement patriotique puisque mourir pour son pays y est présenté comme le plus grand des honneurs. [IP] En effet, les soldats morts sur le champ de bataille de Carillon y sont vus comme des héros. [IS1] Toujours plongé dans ses souvenirs, le protagoniste du poème s'exclame en ce sens : « Qu'ils sont heureux ceux qui dans la mêlée / Près de Lévis moururent en soldats! » (v. 41-42). [P1] Ce passage est tout d'abord frappant parce qu'il repose sur une antithèse, à savoir l'association de la mort et de la joie. Le poète laisse ainsi entendre que le patriotisme a la force de transformer la mort elle-même, qui n'est plus crainte, mais accueillie avec fierté, avec célébration. Notons par ailleurs que l'énoncé se termine par un point d'exclamation, ce qui contribue au caractère glorieux du message. [E1] Le personnage continue ensuite sur sa lancée : « En expirant, leur âme consolée / Voyait la gloire adoucir leur trépas » (v. 43-44). [P2] Pour rendre positif le fait de mourir pour sa patrie, Crémazie a ici recours à un vocabulaire mélioratif (« consolée », « gloire », « adoucir »), en plus d'utiliser l'euphémisme « expirant », ce qui contribue à atténuer l'inquiétude généralement associée à l'idée. Du coup, ceux qui ont péri durant la bataille de Carillon semblent avoir fait un choix judicieux, leur patriotisme leur assurant un repos éternel presque enviable. [E2] De plus, sentant ses propres jours comptés, le protagoniste retourne sur le champ de bataille pour, de manière symbolique, mourir pour sa patrie. [IS2] La répétition, à la fin de plusieurs strophes, du vers « Pour mon drapeau je viens ici mourir » (v. 24, 32, 40, 48) [P3] lui permet en effet d'insister sur sa ferme volonté d'offrir sa propre vie à son pays, d'autant plus que le drapeau évoqué s'impose comme une métonymie de la nation. À défaut d'être tombé au combat comme ses anciens confrères, il revient sur les lieux de la bataille, seul endroit où il lui semble juste de s'éteindre. [E3] Puis, à la toute fin du poème, ces vers confirment la réussite de son funeste projet : « Des paysans trouvaient un cadavre glacé, / Couvert d'un drapeau blanc. Dans une dernière étreinte / Il pressait sur son cœur cette relique sainte » (v. 51-53). [P4] Alors que le drapeau précédemment évoqué représentait le pays, celui-ci fait référence à la victoire historique de Carillon, donc à la gloire du passé. Le personnage, en le serrant contre son cœur jusque dans ses derniers instants, s'impose ainsi comme un patriote endurci et, par extension, comme un héros. [E4] Somme toute, nous pouvons donc affirmer que « Le drapeau de Carillon » est avant tout patriotique puisque, par la représentation positive qui y est faite de la mort des soldats et de celle du narrateur, mourir pour son pays y apparait glorieux. [PC]

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