Marivaux et la parole en tant que masque
Dissertation : Marivaux et la parole en tant que masque. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lou_nl • 7 Janvier 2022 • Dissertation • 1 457 Mots (6 Pages) • 7 095 Vues
Sujet : « Le masque par excellence, cest la parole », dit Jean Rousset à propos des Fausses Confidences.
La parole est-elle le seul stratagème capable déprouver les sentiments ?
Vous répondrez en vous appuyant sur votre étude des Fausses Confidences et son parcours associé intitulé « Théâtre et stratagème ».
Chez Marivaux, la parole constitue un masque sociale. C’est un instrument de pouvoir car il est difficile de percevoir la sincérité chez les personnages. Elle est donc utilisée comme stratagème dans la pièce Les Fausses Confidences par exemple, dans laquelle Dubois, un valet, fait en sorte qu’Araminte tombe amoureuse de Dorante malgré leurs différences sociales.
Cette pièce est d’ailleurs mentionnée par Jean Rousset lorsqu’il explique que « le masque par excellence, c’est la parole ». En effet, la parole permet aux personnages d’avancer masqués, qu’il s’agisse d’éprouver les sentiments de l’autre ou de ne pas dévoiler ses propres sentiments.
Nous pouvons voir que la parole constitue donc un stratagème, mais est-il le seul ?
Dans un premier temps, nous verrons que oui, la parole permet d’éprouver les sentiments, mais que ce n’est pas le seul moyen. Nous observerons ensuite que le pouvoir du théâtre réside dans l’accès à la vérité par le mensonge.
Dans la commedia dell’arte, les masques étaient utilisés afin de désigner quel personnage jouait. La modernisation de cette pratique réside dans le fait que le masque n’est plus visible, mais se trouve dans la parole.
En effet, cette dernière sert parfois de masque afin de ne pas dévoiler ses sentiments.
Agamemnon dans Iphigénie utilise des phrases à double sens pour essayer de prévenir sa fille du danger qui la guette : « Vous y serez, ma Fille. Adieu. », acte II scène 2. Ici, Agamemnon essaye de dire à sa fille que c’est elle qui sera sacrifié à la grande « fête ». Par la même occasion, il cache la honte qu’il ressent vis-à-vis du choix qu’il a fait.
Dans les pièces de Marivaux plus particulièrement, on observe l’usage de la fausse confidence pour faire tomber ces masques car elle permet au personnage de se révéler.
En effet, la fausse confidence est le jeu de la demi-vérité. C’est-à-dire que quelques détails sont faux, mais que la globalité est vraie.
Lorsque, dans Les Fausses Confidences, Dubois dit : « Je l’ai vu si défait, si pâle et si triste, que j’ai eu peur qu’il ne se trouve mal » (acte III, scène 9), il exagère les sentiments de Dorante afin d’attiser la pitié d’Araminte. Et cela marche puisqu’Araminte s’inquiète.
Ce stratège avertis manie la rhétorique afin de contrôler les sentiments amoureux. Nous pouvons effectivement lire « Quand l’amour parle il est le maître, et il parlera ! » acte I scène 2. Après avoir expliqué son stratagème, Dubois montre qu’il est sûr de lui, et que la parole triomphera. Le stratagème est donc au cœur de l’amour, tout comme la parole selon Dubois.
C’est ces stratagèmes qui permettent aux personnages de se révéler et d’avouer leurs sentiments.
Depuis toujours, la parole est le moyen le plus rapide et le plus explicite d’avouer ses sentiments. Dans plusieurs œuvres, les aveux sont dit et non montrés, même s’il faut passer par plusieurs stratagèmes pour en arriver là. Dans l’acte III, scène 12 de la pièce Les Fausses Confidences, Araminte avoue à Dorante qu’elle l’aime : « songez-vous que ce serait avouer que je vous aime ? (...) Et voilà pourtant ce qui m’arrive. » Elle utilise la parole directement, et non un stratagème détourné pur lui avouer qu’elle l’aime.
En outre, la parole est un élément essentiel qui permet d’avouer ses sentiments ou de se les avouer à soi-même, parfois à l’aide de stratagème. Cependant, ce n’est pas le seul moyen. En effet, on peut combiner à la parole le travestissement, l’usage d’accessoires, ou encore, le langage corporel indiqué par les didascalies.
Le travestissement par exemple peut être vu comme un chez d’identité qui nous fait accéder à une nouvelle identité, à une nouvelle façon d’envisager les choses. Dans Le Malade Imaginaire de Molière par exemple, Toinette se déguise en médecin afin de faire entendre raison à Argan. Du point de vue de ce dernier, ce n’est qu’un médecin de plus qui lui donne un avis.
De plus, le travestissement peut aussi être une manière de ne pas « salir » son identité. Le Prince dans La Double Inconstance de Marivaux,
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