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Les actes de langage

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Par   •  26 Octobre 2015  •  Cours  •  2 299 Mots (10 Pages)  •  2 209 Vues

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Dans ce travail, nous aurons affaire à la pragmatique comme discipline tributaire à la linguistique. Plus particulièrement, notre travail portera sur la théorie des actes de langage.

N’arrivant pas à épuiser le sens, la signification linguistique se voit appeler à léguer l’étude de sens à la pragmatique, laquelle bannit la dénotation au profit de l’usage de langage pris dans ses divers paramètres  considérés comme fondateurs du sens : à savoir le sujet parlant, les intentions des interlocuteurs …etc.

La théorie, ou théorie classique, des actes de langage à laquelle nous avons affaire ici se réclame d’Austin, avec qui elle a connu ses débuts. Elle n’est pas la première dans le domaine de la pragmatique, soit, mais il n’en demeure pas moins qu’elle constitue le véritable début de la pragmatique : « c’est avec Austin que naît véritablement l’intérêt pour les actes de langage dans l’époque contemporaine»[1]. Ce début marquant dans l’histoire de la pragmatique se voit continuer et poursuivre par John Searle. Du coup, il implique d’exposer, d’abord, la théorie des actes de langage selon l’optique d’Austin, ensuite, nous verrons les amendements qu’a ajoutés, à cette théorie, John Searle.

Actes de langage chez Austin

Avec Austin, nous avons connu des termes nouveaux : Performatif  et constatif :

Ayant déjà nommé les énoncés décrivant les états et les faits, et du coup ces énoncés sont ou bien vrais ou bien faux, constatifs, l’examen empirique qu’a mené Austin l’a conduit vers une constatation importante, selon laquelle, il est des énoncés qui ne décrivent rien, et partant, nous ne pouvons les percevoir dans la dimension de vérité. Austin les a appelés énoncés performatifs : « ils ne décrivent rien et ne sont donc ni vrais ni faux»[2].

Or, pour que ces énoncés dits performatifs soient accomplis à bon escient, ils doivent remplir certaines conditions. Si ces conditions ne sont pas remplies, il s’agirait, alors, d’acte nul ou vacant plutôt que vrai ou faux comme c’est le cas pour les énoncés constatifs. De là, se dégage la première opposition : d’une part, énoncés constatifs destinés à décrire les faits et les états et qu’ils sont sanctionnés par vrais ou faux, et d’autre part, les énoncés performatifs qui ne décrivent rien mais accomplissent des actes. Un tel accomplissement est tributaire de certaines conditions, le cas échéant, l’énoncé est sanctionné d’heureux. Ici, nous parlons de bonheur ou échec et non de vérité ou fausseté. Pour que les actes conséquents de l’énonciation des énoncés performatifs soient heureux, ils doivent échapper aux critères de l’échec qu’Austin dresse dans un schéma[3] comportant les conditions suivantes:

A.1 : « il doit exister une certaine procédure, reconnue par convention, dotée par convention d’un certain effet, et comprenant l’énoncé de certains mots par certaines personnes dans certaines circonstances ».

Ici, nous faisons référence à notre société musulmane où l’homme détient toujours ce droit de répudier son épouse par la simple émission de la formule : « rākī mṭelqa » (je te répudie). Or, dans d’autres communautés non musulmanes, dire « je te répudie » est un acte vacant parce que la convention ne reconnait pas cette procédure du divorce.

A.2 : « il faut que, dans chaque cas, les personnes et circonstances particulières soient celles qui conviennent pour qu’on puisse invoquer la procédure en question ».

Cette condition comporte tous les emplois du langage incongrus. Par exemple, un enfant qui adresse un conseil à sa grand-mère.

B.1 : « la procédure doit être exécutée par tous les participants à la fois correctement et

B.2 : intégralement ».

Nous remarquons que ces deux conditions sont inséparables. Dans B.1, il faut que la formule énoncée par le locuteur soit correcte, et dans B.2, il faut qu’elle constitue une unanimité entre les interlocuteurs.

T.1 : Austin dit de cette condition ce qui suit : « lorsque la procédure-comme il arrive souvent- suppose chez ceux qui recourent à elle certaines pensées ou certains sentiments, lorsqu’elle doit provoquer par la suite un certain comportement de la part de l’un ou l’autre des participants, il faut que la personne qui prend part à la procédure (et par là l’invoque) ait, en fait, ces pensées ou sentiments, et que les participants aient l’intention d’adopter le comportement impliqué ».

Cette condition porte sur les sentiments, les pensées et les intentions du locuteur qui ne doivent pas faire défaut si nous voulons que l’acte soit heureux. Du coup, quand un locuteur dit à un interlocuteur : « rānī  ferḥān ḥīt nğeḥtī » (je suis heureux pour ta réussite), alors qu’en réalité, il lui en veut, l’acte est malheureux, puisque le locuteur est insincère.

La deuxième notion, après la notion de performativité, que nous devons à Austin est « les actes de langage ». D’après Austin, quand nous disons quelque chose, nous faisons quelque chose et cela implique que nous accomplissons trois actes :

L’acte locutionnaire, que l’on accomplit par le fait de dire quelque chose (il est d’ordre linguistique) ;

L’acte illocutionnaire, que l’on accomplit en disant quelque chose (il est d’ordre conventionnel) ;

L’acte perlocutionnaire, que l’on accomplit par le fait de dire quelque chose (il est d’ordre psychologique).

Prenons l’exemple suivant :

« ġi āği-w-gūl rānī dāyer Master : sociologie du langage, de la communication et de la culture ? »

Cet exemple ne vise pas une réponse de la part de l’interlocuteur. Par l’émission de cette locution, nous accomplissons, d’abord, un acte locutionnaire dans l’usage des morphèmes et les lexèmes et leur agencement dans l’axe syntagmatique. Ensuite, l’acte illocutionnaire entend véhiculer, via cette locution, que ce n’est pas donné à tout le monde l’honneur d’être inscrit au master en question dont le coordinateur est M. Bari. Enfin, par le dire de cette locution, l’interlocuteur aspire qu’il soit un jour étudiant chercheur dans le master en question.

Sur la base des actes illocutionnaires, Austin établit des catégories de verbes exprimant la valeur ou la force illocutionnaire : des verdictifs, des exercitifs, des promissifs, des comportatifs, des expositifs.

Actes de langage chez searle

Maintenant que nous avons examiné la version austinienne des actes de langage, nous passons à la version searlienne qui s’articule en général en deux propositions de travail : « il y a deux volets à la théorie searlienne des actes de langage : un volet d’examen des conditions de félicité d’un acte de langage, avec pour exemple spécifique la promesse (cf. Searle 1972) ; un volet de taxinomie des actes de langage (cf. Searle 1982) »[4].

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