La Fille aux yeux d’or
Dissertation : La Fille aux yeux d’or. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Morgane Prefol • 14 Décembre 2021 • Dissertation • 1 685 Mots (7 Pages) • 1 075 Vues
Sujet :
« Le Roman s’est imposé les études et les devoirs de la science » estiment en 1864 les frères Goncourt, dans une préface d’un de leurs romans où ils traitent de la question de l’évolution récente de ce genre littéraire.
Dans quelle mesure cette affirmation pourrait-elle s’appliquer à La Fille aux yeux d’or et à l’étude de Paris par Balzac dans ce roman ?
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Rappels méthodologiques :
- Amener rapidement le sujet en introduction pour montrer sa pertinence, le reproduire en le citant, puis l’analyser en définissant les notions importantes qu’il contient, avant de formuler la problématique (sans déplacer le sujet vers une autre question connue, différente, plus réduite ou plus large), et annoncer le plan.
- Prévoir de discuter ou nuancer la thèse proposée par le sujet.
- Tout le long du développement, argumenter et illustrer les arguments par des analyses précises de l’oeuvre, en restant au plus près des termes du sujet (vérifier sans cesse qu’on ne s’en écarte pas).
- Soigner l’expression, en visant la clarté et la correction, se relire.
N.B. : Dans le corrigé qui suit, l’armature argumentative est privilégiée dans le développement. Les exemples et les analyses précises de l’oeuvre y seraient à développer.
Introduction
Sur le plan littéraire, le XIXème siècle est marqué par la montée en puissance et l’hégémonie du roman. Mais l’histoire de la pensée retient aussi que c’est au cours de ce siècle que la méthode scientifique s’impose définitivement comme un
modèle pour accéder à la vérité et à la réalité, remplaçant la vieille métaphysique, comme en témoigne les forts courants positiviste et scientiste nés à cette époque. Balzac semble incarner cette double foi improbable placée dans la science d’une part et dans la fiction romanesque d’autre part, comme en attestent les titres des grandes parties de son édifice romanesque, La Comédie Humaine, comportant tous la notion d’« étude » : « Etudes de moeurs », « Etudes philosophiques », « Etudes analytiques ». C’est donc peut-être à son exemple que songent les frères Goncourt, lorsque, pour fonder plus tard le roman naturaliste, ils invoquent le modèle scientifique comme un acquis récent du genre de la fiction narrative : « Le Roman s’est imposé les études et les devoirs de la science » estiment-ils en 1864. Systématicité, approfondissement, recherche des causes, raisonnement et démonstration, rigueur méthodique, marquent en effet jusqu’à un certain point l’étude de Paris dans La Fille aux yeux d’or. Pour autant, la nouvelle de Balzac est-elle uniquement structurée par une pensée de type scientifique ? Puise-t-elle ses modèles exclusivement dans les sciences, exactes ou humaines ? Lesquelles ? Nous verrons que si le désir de science dicte de nombreux choix dans La Fille aux yeux d’or, on peut considérer aussi que la libre subjectivité, l’exagération, l’opinion, l’intuition poétique, règnent aussi sur la vision balzacienne de Paris, invitant à remettre au moins partiellement en cause sa prétendue rigueur scientifique.
I – Les « études et les devoirs de la science » au service de la connaissance de Paris dans La Fille aux yeux d’or
Le discours du roman chez Balzac, cherche constamment à s’imposer comme un discours savant, qui suppose un narrateur omniscient et savant. Ce discours renouvelle les modalités habituelles de la narration romanesque, en paraissant même concurrencer celle-ci.
1 – La méthode scientifique
Le recours massif à la description, dans des digressions qui se succèdent ou s’enchâssent, est particulièrement remarquable chez Balzac traitant de Paris dans La Fille aux yeux d’or. Or la description précise est la base de la démarche scientifique. Les « physionomies parisiennes » entrent donc dans ce cadre. Ces
longs passages descriptifs sont une nouveauté forte introduite par le roman balzacien. Celui-ci a d’ailleurs été fortement critiqué pour ce que l’on a perçu comme des digressions détournant du récit (analyser par exemple la description des ouvriers, ou des jeunes dandys parisiens…)
Par ailleurs, la nouvelle de Balzac prend la forme d’une démonstration, qui structure l’ensemble de l’oeuvre : les Parisiens, déformés par leur passion pour l’or et le plaisir, sont tous laids sous leur masque, affirme Balzac ; puis il ajoute, avec l’histoire de séduction qu’il narre ensuite, que même les plus beaux en apparence (Henri de Marsay), sont sous l’emprise de cette laideur morale qui s’exerce partout (d’autant que Paris est plus largement sous l’emprise secrète de la bande criminelle des Treize à laquelle il appartient). L’importance de l’articulation logique de l’histoire avec les hypothèses du début, en vue d’une démonstration, est montrée notamment par ce passage : « Si ce coup d’oeil rapidement jeté sur la population de Paris a fait concevoir la rareté d’une figure raphaëlesque, et l’admiration passionnée qu’elle y doit inspirer à première vue, le principal intérêt de notre histoire se trouvera justifié. Quod erat demonstrandum, ce qui était à démontrer, s’il est permis d’appliquer les formules de la scolastique à la science des moeurs. » (p. 244)
Balzac, pour expliquer cette laideur morale, fait l’hypothèse d’une passion parisienne universellement partagée pour l’or et le plaisir. Là encore, l’histoire d’Henri et Paquita, articulée au discours du début, est faite pour apporter une preuve concrète aux allégations de l’écrivain. Ainsi se trouve confirmée sa thèse sur les causes majeures des comportements et apparences des Parisiens (la luxure et l’argent).
On peut même se demander si Balzac
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