L'image et la télévision

Hier soir, par le plus pur hasard, en déambulant sur les canaux de télévision, je suis tombé sur un des ces chefs-d'œuvre du cinéma moderne américain, un de ces films qui vous font sentir à quel point le peuple américain est grand et uni (comme les « états »). Dans cette oeuvre de ce cher Roland, on nous compte la charmante histoire de petits « hommes verts », venus de loin pour nous exterminer à bord de leurs vaisseaux spatiaux, bourrés de technologies, dont même la puissante armée américaine ignore l'existence et l'efficacité (la partie semble perdue d'avance). On va nous montrer comment un petit génie, ayant tout l'air d'un « raté » (chagrin d'amour, sales boulots…), va réussir à sauver le monde, avec le concours du « jeune et beau » président américain et d'une tête brûlée de l'armée de l'air, le tout sous une pluie d'effets spéciaux à vous couper le souffle, nous montrant la maison blanche, les grattes ciels de Manhattan ployer sous le feu de puissants rayons laser bleus (rien de spectaculaire aujourd'hui quand on sait que quelques « Fous de Dieu » et leurs cutters en ont fait presque autant…).

En conclusion le « jeune et beau » président américain, ayant perdu sa femme (intensité dramatique oblige), décide, chevauchant un impétueux F18, de lancer l'asseau final contre la soucoupe qui menace sa « base secrète », le tout grâce au virus informatique, censé supprimer les boucliers magnétiques des agresseurs, que le savant raté et la tête brûlée ont par miracle, et je ne sais quel artifice, réussi à placer dans le système informatique central des envahisseurs. Les américains, grâce à leur esprit d'union, ont une fois de plus su déjouer les pires complots afin de sauver le monde et lui prouver à quel point ils sont bons, généreux, altruistes, défendant la veuve et l'orphelin etc. Les effets spéciaux ne sont là que pour crédibiliser la thèse sur leur bonté, sinon comment les croire, eux, qui « au quotidien soutiennent les plus démunis parfois même au détriment de leurs propres intérêts comme en Israël ou en Afghanistan » (pas de conclusion hâtive ce que je viens de dire est ironique et je le souhaiterais même caustique).

Si je prends ma plume (ou plutôt mon clavier) c'est pour dénoncer cette télévision poubelle qui nous montre trop souvent un monde parfait, fait de gens « beaux riches et intelligents », après nous avoir fait sentir à quel point les autres peuvent souffrir.

Car la télévision utilise une double stratégie, d'abord elle vous montre la misère des autres (par exemple les 10.000 morts du tremblement de terre au Pétraouchnoquistan) histoire que, assis à table, même dans la pire des cités, vous sentiez à quel point vous êtes bien, ici en France, devant votre télévision. Vous êtes rassuré de voir les gamins afghan se "shooter" à la colle pour échapper à l'horreur d'un quotidien qui n'est pas tout rose, ou encore de voir des gens crever de faim je ne sais où, ou enfin de voir ces routes jonchées de cadavres dans je ne sais quelle guerre civile... Mon Dieu à quoi avez-vous échappé aujourd'hui (« finalement y'a pire ailleurs » se dit-on). C'est comme une drogue, chaque soir les gens plus nombreux vont regarder le petit écran histoire de voir souffrir

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